Avortement : étude de fond et chiffres faramineux !

Bien que l’avortement soit un effet de la pensée révolutionnaire actuelle dans sa forme sauvage et destructrice, il semble que les revendications anti-avortement en France manquent d’études de fond. En-effet, d’autres pays en ont déjà faites, et Gregor Puppinck a le mérite de les avoir compulsées, afin de faire de la prévention en France. 40.000.000 d’enfants massacrés par an, sur Terre. Il n’y a que la France qui considère ce meurtre comme un droit absolu (sans fondement juridique soit dit en passant).

Lu dans Présent :

Entretien avec Gregor Puppinck « Il faut consacrer davantage de temps aux études de fond sur l’avortement ».

jn_avortement_visu_genocideC’est un fléau mondial, revendiqué pourtant comme un droit dans de nombreux pays. L’avortement, quoi qu’en dise ses défenseurs, reste le centre de nombreux débats. Tuer un enfant ne sera jamais quelque chose de banal. Le sujet est omniprésent et s’est invité à nouveau dans la sphère politique. Il manquait cependant un ouvrage sérieux de référence sur ce problème. Une lacune que vient combler parfaitement Droit et prévention de l’avortement en Europe, un ouvrage remarquable élaboré sous la direc­tion de Gregor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice. La réalité qu’on y lit est terrible : 44 millions d’avortements sont pratiqués dans le monde chaque année. Mais ce constat est nécessaire à un combat efficace contre l’avortement.

Pourquoi avoir publié cet ou­vrage ?

Nous travaillons sur le sujet depuis longtemps et il nous a sem­blé que ces travaux, menés au fil des ans, étaient d’une qualité suffisante pour être publiés tous ensemble. Nous les avons donc rassemblés et les avons complétés substantielle­ment en nous penchant sur les causes et les conséquences soci­ologiques de l’avortement, dans le but de promouvoir sa prévention. Notre objectif global est de pro­mouvoir une approche profession­nelle, pour faire de la prévention dans les pays européens. Ce livre en donne des bases juridiques mais aussi sociales.

En France, l’avortement est passé du statut d’une tolérance à celui de droit absolu. Comment l’­expliquez-vous ?

imagesC’est la logique propre du libéralisme. Le principe est de ne pas juger et de ne pas interdire ce qui est considéré comme ne nuisant pas à l’intérêt commun. Or, dès que l’on pose le principe de liberté indi­viduelle, l’acte devient un droit et la société doit donc se justifier pour ne pas le permettre. Dans la mesure où l’acte d’avorter trouve son orig­ine dans une volonté individuelle, il s’identifie à une liberté.

L’avortement est désormais re­connu comme un droit fondamental Quelles conséquences cela im­plique-t-il ?

Il n’est un droit fondamental qu’en France, quasiment. Cette dis­position est principalement sym­bolique, et n’a pas d’effet juridique direct. C’est une volonté politique, lancée par les socialistes, pour ren­forcer l’accès à l’avortement, en réaction aux attaques qui étaient menées contre l’avortement dans différents pays d’Europe, notam­ment en Espagne. C’est une façon d’impressionner le peuple. La con­séquence morale est plus impor­tante : si l’avortement est un droit fondamental, c’est donc un bien contre lequel on ne peut pas lutter. Cela place moralement l’avorte­ment dans le camp du Bien. Cela renvoie aussi tous les opposants dans le camp des ennemis de la lib­erté, que l’on peut moralement punir et faire taire.

Votre ouvrage s’appuie sur de nombreuses études. Est-il difficile de les trouver ?

200811061082Il y en a assez peu en France. Nous avons cherché largement dans la littérature scientifique, et ces études viennent principalement des États-Unis ou d’Europe du Nord. Les militants pro-vie sont ac­tifs en France mais ils ont un point faible : les études de fond. Il faudrait consacrer davantage de temps et d’énergie pour étudier et approfondir ces sujets concrète­ment. On fait beaucoup pour l’ac­compagnement et l’aide des femmes en détresse, et c’est très positif. Mais mener des études de fond est aussi essentiel, parce que nos opposants en font beaucoup. Je suis, par exemple, étonné que per­sonne n’ait noté que le taux d’a­vortement demeure important en France, alors qu’il a baissé en Italie et en Allemagne.

A quoi cela est-il dû ?

Nous sommes en train de l’é­tudier : nous avons demandé à dif­férentes personnes en Europe de se pencher sur le sujet. Nous organis­erons un séminaire à ce sujet en juin 2017 rassemblant les différents contributeurs.

Vous évoquez la prévention de l’avortement. Un sujet dont on n’entend jamais parler en France ?

Non, effectivement, ou lorsqu’on en parle c’est sous le seul angle de la contraception. Alors qu’elle est largement contre-pro­ductive, puisque la majorité des femmes qui avortent prennent un contraceptif. S’il n’y a pas de prévention de l’avortement en France, c’est précisément parce que l’avortement est considéré comme une liberté. Or la prévention s’op­pose à l’idée que l’avortement est un bien.

Propos recueillis par Anne Isabeth

anne-isabeth@present.fr

  Présent ,n°8780, 18 janvier 2017

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