Apologie de la Tradition

Un livre ayant pour objectif de rappeler ce qu’est la tradition catholique, en passant par les différentes hérésies et schismes que l’ Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique a connu dans son histoire. Est abordé la romanité de l’Église, mais rappelons que cette dernière n’est nullement contenue dans le Symbole de Nicée-Constantinople.

Apologie de la Tradition

« Aujourd’hui, l’Église se trouve en position de faiblesse. Elle se montre à la fois souffrante et fragile. Celle-ci, en effet, ne domine pas – contrairement à ce qui se passait au Ve siècle – les remous de l’histoire mais semble être emportée : la tentation de l’auto-destruction la guette et, selon les aveux de ses autorités suprêmes, elle traverse l’une des crises internes les plus profondes de son histoire. Une étape importante de cette crise fut le concile Vatican II qui se tint à Rome d’octobre 1962 à décembre 1965. Dès lors, l’Église semble s’être laissée séduire par le monde moderne auquel elle aurait pourtant dû s’opposer. Aujourd’hui, elle se débat encore contre son étreinte mortelle. Benoît XVI – qui vécut les années du concile en jeune protagoniste puis qui, en tant que préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi, put mesurer l’ampleur et l’extension de la crise post-conciliaire – est plus que tout autre conscient de la complexité du problème. Dans un célèbre discours, celui adressé à la curie romaine le 22 décembre 2005, il a proposé d’utiliser une méthode d’« herméneutique de la continuité » opposée à une volonté de discontinuité et de rupture fort en vogue. Ce faisant, Benoît XVI a de facto confié le concile Vatican II à la réflexion théologique aussi bien qu’à la discussion historiographique. » […]

« L’Église, dans sa partie humaine, peut commettre des erreurs, et ces erreurs, ces souffrances, peuvent être provoquées, selon Léon XIII, par ses simples fidèles, mais aussi par ses ministres. Mais cela ne porte en rien atteinte à la grandeur et à l’indéfectibilité du Corps mystique du Christ. La sainteté est une caractéristique essentielle de l’Église mais elle ne suppose pas l’impeccabilité de ses pasteurs – y compris suprêmes – en ce qui concerne non seulement leur vie personnelle, mais également le munus le plus élevé qui leur soit confié : l’exercice du gouvernement. L’infaillibilité du Magistère de l’Église ne signifie pas que celle-ci n’a pas connu, au cours de son histoire, des schismes et des hérésies ayant douloureusement divisé entre eux les successeurs des apôtres et, dans certains cas, touché le Siège de Pierre lui-même. » […]

« Que personne ne vienne nous dire qu’avec cette Apologie de la Tradition nous risquons de favoriser une anarchie interprétative. Hélas, la confusion et l’anarchie règnent déjà dans l’Église, et c’est justement avec l’espoir d’aider à sortir de la confusion que nous avons écrit ces pages. Nous savons parfaitement que seule une voix suprême et solennelle pourra mettre fin au processus d’auto-démolition en cours : nous voulons parler de la voix du Souverain pontife, la seule à laquelle est garantie la possibilité de définir la Parole du Christ, en se faisant porte-voix infaillible de la Tradition. Le champ sur lequel le Souverain pontife peut exercer son infaillibilité est extrêmement vaste puisqu’il englobe toutes les questions théologiques et morales sans exception. La doctrine politico-sociale de l’Église fait aussi partie de la morale parce que, comme l’enseigne Pie XII, « De la forme donnée à la société, en harmonie ou non avec les lois divines, dépend et s’infiltre le bien ou le mal des âmes ». Nul n’aura l’audace de s’opposer au vicaire du Christ quand il exercera son autorité. L’infaillibilité de son Magistère,  avec sa primauté universelle de gouvernement, constitue le fondement sur lequel Jésus-Christ a institué son Église et sur lequel celle-ci demeurera inébranlable, par promesse divine, jusqu’à la fin des temps. Mais le pape devra le faire en remplissant les conditions décrites par le concile Vatican I, de manière solennelle et définitoire, obligeant les fidèles à croire ce qu’il éclaircit et définit dans le champ de la foi ou de la morale. Aucune équivoque herméneutique, ou d’une autre nature, ne sera alors plus possible.

Un nouveau Syllabus, ou une nouvelle Professio fidei, doublée de la condamnation des erreurs  répandues, paraît chaque jour plus nécessaire et urgente. Mais cela ne suffirait pas. Il est nécessaire que le Souverain pontife exerce dans toute sa puissance et dans toute son ampleur, non seulement son pouvoir de Magistère, mais également son pouvoir de gouvernement qui lui vient de sa primauté de juridiction. Le pape dispose d’un pouvoir de gouvernement suprême, car nul dans l’Église ne lui est égal ; plénier, c’est-à-dire juridiquement illimité dans son étendue in rebus fidei et morum ; universel, en tant que personnellement étendu à tous les évêques et à tous les fidèles ; immédiat, puisque le pape peut exercer son droit d’intervention dans tous les domaines, sur n’importe quelle personne et à n’importe quel moment (163). Autrement que par le Magistère, sa potestas ecclésiastique doit aussi être exercée à travers l’application de sanctions pénales contre tous ceux qui rejettent la Tradition et mettent en discussion la Vérité révélée. C’est ce qu’ont fait, parmi tant d’autres, ses saints prédécesseurs Pie V, Pie IX et Pie XII.

En tant que simples fidèles, membres du Corps mystique du Christ, nous nous adressons au Pasteur des pasteurs aujourd’hui régnant afin de lui demander de « ne pas fuir devant les loups (164) » et de nous confirmer dans la foi, s’acquittant ainsi pleinement de sa mission. Seul le pape, vicaire du Christ, peut le faire, et nous lui renouvelons notre vénération, convaincu que les clefs de saint Pierre capables de délier et de lier toute chose dans le ciel et sur la terre (Mt 16, 18-20) ont été confiées à lui, et seulement à lui. Personne ne pourra nous arracher à ce roc sur lequel l’Église est dressée et sur lequel des flots tempétueux se brisent en vain. »

« Une, sainte, catholique et apostolique, l’Église catholique est aujourd’hui plus que jamais romaine, car la romanité n’est autre chose que sa Tradition vécue dans l’espace et dans le temps. Et elle est militante, parce qu’elle combat sur terre, avant de souffrir au purgatoire et de triompher en paradis. Elle est formée de combattants qui, selon les enseignements de saint Paul (1 Co 9, 26), font du combat la règle de leur vie terrestre. Fidèles soldats de l’Église militante, nous voulons simplement élever la bannière de la Tradition catholique dont nous ne sommes que d’indignes dépositaires, mais nous sommes certains de son triomphe, dans le temps et dans l’éternité ! » […]

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