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Une nouvelle édition de « La Guerre de Vendée » du chanoine Billaud

ByLecture et Tradition

Fév 10, 2022
Une nouvelle édition de « La Guerre de Vendée » du chanoine Billaud
Entretien avec Mickaël Savigny, assistant éditorial

Lecture et Tradition : Quelle heureuse initiative que de rééditer le livre du chanoine Billaud ! Et il semblait tout à fait logique que ce soit les éditions de Chiré qui le fassent. Quelles ont été vos motivations ?

Mickaël Savigny : Depuis que la librairie de Chiré existe, elle a toujours mentionné dans son catalogue ce grand classique de l’histoire des Guerres de Vendée. Ça fait plus de cinquante ans que nous le diffusons ! Alors oui, nous devions bien au chanoine Billaud, d’estampiller ses travaux « éditions de Chiré » ! Vous connaissez notre attachement au combat de Géants et à la contrerévolution, c’est pourquoi nous ne voulions pas laisser sombrer dans l’oubli un des textes fondateurs de l’anti-mémoricide dont est victime le peuple de Vendée.

D’autre part, il nous semble important que les générations nouvelles s’inspirent de l’exemple de ces valeureux combattants pour y puiser le courage dont elles auront besoin dans le combat qu’elles auront elles-mêmes à mener.

« Nous avons besoin, à notre époque de veulerie universelle, écrit le chanoine Billaud dans son introduction, d’arrêter nos regards sur les grandes choses que firent un jour, très simplement les paysans, nos aïeux. »

L. et T. : Il existe encore aujourd’hui plusieurs ouvrages disponibles sur cet épisode de la Révolution. Pourquoi conseiller celui du chanoine Billaud plutôt qu’un autre ?

M. S. : Nous sommes très fiers d’avoir réédité ce livre, c’est vrai, mais nous ne prétendons pas non plus qu’il soit le seul à devoir être lu ! Nous avons définitivement rangé notre maison sous l’étendard du Sacré-Cœur et sous les bannières de l’Armée Catholique et Royale, vous pouvez donc être sûr que nos rayons regorgent de références sur ces héros du Trône et de l’Autel.

Le chanoine Billaud s’est passionné pour son sujet, il s’est abreuvé à toutes les sources que l’on pouvait connaître dans les années 1940, et il présente ici une excellente synthèse, complète et accessible à tous, de ses recherches. C’est une excellente introduction générale aux Guerres de Vendée. Mais elle ne doit pas empêcher de se plonger par exemple dans l’immense épopée de Crétineau-Joly (en 4 forts volumes : 1, 2, 3, 4) ou bien dans les témoignages de première main que constituent les différents mémoires des principaux acteurs de cette époque troublée. Sans oublier bien sûr l’excellent album destiné aux jeunes gens de notre ami Servien. Il faut ensuite se reporter aux travaux plus récents qui peuvent éclairer différemment les événements comme le souligne notre ami Reynald Secher dans la préface qu’il a bien voulu nous accorder pour la présente édition : « la connaissance historique des événements a été profondément bouleversée grâce aux recherches et à la soutenance de la thèse de votre serviteur, en 1985, à l’université de Paris IV Sorbonne, intitulée Contribution à l’étude du génocide franco-français : la Vendée-Vengé ».

J’aimerais maintenant céder la plume à Pierre L’Ermite, pseudonyme de Mgr Loutil, chanoine honoraire du chapitre de Paris, auteur bien connu de petits romans populaires, en reproduisant ici la préface qu’il avait offerte à la toute première édition, celle de 1945.

 

Vendée !…

Nom prestigieux, qui évoque tout un passé de fidélité et de gloire.

Dans Fabiola, la veuve du martyr fait baiser à son fils la petite éponge qui but jadis le sang du père, mort pour la foi. Et, sous les baisers du fils, le sang semble revivre et parler.

Dans le livre, si attachant, de M. l’abbé Billaud, la Vendée martyre revit avec ses paladins, sa fière noblesse campagnarde, ses paysans au grand cœur, qui furent les « résistants » de la première heure.

Je l’ai ouvert, ce livre, un soir, pour simplement le feuilleter. J’ai passé ma nuit à le lire… à relire ces pages d’épopée et de désastres.

Victor Hugo a écrit :

Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie

Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie.

Entre les plus beaux noms, leur nom est le plus beau.

Toute gloire près d’eux passe et tombe, éphémère.

Et, comme le ferait une mère,

La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau…

Les géants de la Vendée ont le même droit, d’être bercés, en leur tombeau, par la piété de tout un peuple.

Leurs descendants ne doivent pas ignorer l’histoire de leurs batailles, et tous les sacrifices consentis par les ancêtres pour le Christ et pour le roi.

Que de fois, en parcourant la Vendée, je me suis arrêté, en disant : Ce fut là…

Ce fut dans cette église de Noirmoutier qu’on entassa les soldats vendéens pour les tuer, en série, là, tout près, le long du port.

Ce fut là, sur cette place du château, devant la maison Jacobsen, qu’on fusilla le magnifique d’Elbée… Et, dans ce fossé du château, sous des immondices, on jeta sa noble dépouille avec celle de ses trois compagnons. Et elle y est encore. Nobles de Vendée, souvenez-vous-en !…

Ce fut, par ma propriété de la Garennerie, au bois de la Clère, que passèrent les plus dignes femmes de Noirmoutier pour aller se faire massacrer au pied de cette croix qui borde mon enclos. Et elles chantaient le « Magnificat » » !…

Il faudrait qu’en passant à Challans, à Saint-Florent, à Cholet, à Pouzauges, à Torfou, et tant d’autres lieux, chaque Vendéen sente le souvenir lui monter à la gorge, et qu’il murmure, lui aussi : « Ce fut là… ».

Des noms comme ceux de La Rochejaquelein, Lescure, de Bonchamp, Cathelineau, Stofflet, Charette et ceux des chefs qui combattirent avec eux, doivent être des phares sur la route de l’avenir…

Il y a aussi, dans ce livre, le récit de bien des horreurs.

Il est nécessaire d’en garder la triste mémoire. Car elles montrent que, sans la religion, la civilisation n’est qu’une façade, une pelure d’oignons… et que la bête humaine est toujours là, prête à se réveiller en ses pires instincts.

Penser, qu’après dix-huit cents ans de christianisme, et à la fin d’un siècle qui reste comme l’apogée de la beauté, des Français ont pu commettre les atrocités décrites ici, et déchaîner sur ce pays pieux et patriarcal, la furie satanique des colonnes infernales… Vraiment on se passe la main sur le front en se demandant quel pus stagne au fond de l’âme humaine.

Ce livre, il faut le lire, le faire lire, le « rayonner ».

Il est parmi les plus clairs et les plus objectifs.

En l’écrivant ainsi, M. l’abbé Billaud empêche des noms prestigieux et des faits héroïques, conservés dans la seule mémoire des élites, de sombrer sous l’oubli populaire et l’ingratitude de la foule.

L’historien les dresse ici devant tout le monde, et les remet dans la grande circulation.

On oublie si vite en France !

Aussi, je souhaite que ce livre de la guerre de Vendée soit bientôt dans les bibliothèques de toutes les écoles et de toutes les paroisses.

Vendéen, souviens-toi d’hier.

Et songe à demain…

Pierre L’ERMITE

Comment trouver des mots plus justes pour convaincre vos abonnés de découvrir ou de redécouvrir cet ouvrage ?

« Ce livre, il faut le lire, le faire lire, le “rayonner”. Il est parmi les plus clairs et les plus objectifs. »

Çela me semble être le conseil le plus judicieux !

Propos recueillis par la rédaction

La lecture de cet article extrait du numéro 777 (janvier 2022) de Lectures Françaises vous est offerte en intégralité. Pour découvrir le  sommaire du numéro et le commander, c’est ICI !

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