La Syrie : Lu pour vous ce matin dans « Debout les Paras » :
L’origine : le mandat français.
La Syrie occupe désormais une place importante dans les médias et l’opinion, chacun y allant de son analyse plus ou moins étayée. Il nous a semblé utile, afin de mieux appréhender la situation actuelle, d’éclairer nos lecteurs sur les réalités de ce pays complexe, en proie à une désorganisation quasi-totale et enjeu d’une lutte qui dépasse de beaucoup ses frontières.
La Syrie, dans ses limites actuelles, découle des accords Sykes-Picot, du nom des deux négociateurs, un Britannique et un Français qui, dès mai 1916, ont partagé les possessions arabes de l’empire ottoman au profit de leurs nations respectives. Ces accords secrets furent conclus au mépris des engagements pris par les Anglais auprès des Arabes à qui on avait promis la création d’un « grand royaume arabe » une fois les Turcs vaincus. En fait, seule la péninsule arabique connaîtra l’indépendance. Les accords Sykes-Picot ne furent pas appliqués à la lettre, mais le découpage territorial décidé par la SDN, ancêtre de l’ONU, s’en inspira largement.
Dans ce schéma, les Britanniques se taillèrent la part du lion avec la Mésopotamie (futur Irak) et la Palestine, la France reçut la Syrie qui comprenait alors le « grand Liban », la province ottomane (ou Sandjak) d’Alexandrette et la Cilicie qui en réalité ne fut jamais intégré à cet ensemble, la Turquie kémaliste ayant fermement refusé cette amputation de son territoire. La Syrie, avec le Liban actuel, constituait ainsi le « mandat français » du Levant, ce qui donnera à la Syrie devenue une république indépendante un prétexte pour affirmer qu’elle avait des droits sur son voisin libanais. La Syrie du mandat est un ensemble pluriconfessionnel et pluriethnique à forte majorité musulmane.
Debout les Paras, n°236, avril-mai-juin 2016, p.4.