Je ne parle pas des exemples qui se multiplient dans maints quartiers, cités, écoles, stades de notre (?) vieux pays. On touche aux fameuses – à présent de plus en plus fumeuses – libertés pour lesquelles les « grands ancêtres » ont coupé des milliers de têtes de « fanatiques » (= catholiques) ou/et contre-révolutionnaires vrais et supposés. Il faut néanmoins le reconnaître, un siècle plus tard, les barbus de la IIIe République avaient fixé des limites généreuses aux libertés de pensée, de croyance, d’expression. Chacun sait que depuis le Front populaire et, bien plus, après la Libération, des lois circonstanciées, ad hominem, furent instituées. Le champ des restrictions s’est considérablement élargi avec les lois Pleven (1972), Gayssot (1990), Perben (2004), Taubira (2001-2004).
On en arrive de nos jours à juger le non-dit, les pensées cachées… en fait, cet arsenal répressif est essentiellement dirigé contre les mal-pensants, terme désignant clairement les nationaux, les patriotes ou simplement les derniers esprits indépendants soupçonnés de pensées interdites donc potentiellement coupables voire complices lointains des guerres coloniales ou des affrontements des années 40. Bref, tous relevant du diagnostic à effet létal, Godwin. Aujourd’hui, par un virage dialectique de haute volée, en prolongement des attentats de 2015, sont mises en place des sanctions visant les patriotes français osant émettre des critiques ou des réticences à l’encontre de l’islam en doutant de ses bienfaits et de son génie. Sanctions décidées ou agitées par quelques administrations ou des groupes de pression soi-disant d’intellectuels.
L’affaire Kamel Daoud illustre mon propos. Ce monsieur, journaliste et écrivain algérien, francophone, a obtenu plusieurs récompenses littéraires élogieuses. La gauche parisienne lui trouvait du talent. Ayant été mis violemment en cause pour ses positions récentes sur les crimes commis à Cologne en fin d’année dernière sur des femmes, il a été menacé. En conséquence de quoi, il a décidé d’« arrêter le journalisme ». Qu’a-t-il donc déclaré pour en arriver là ? Début février, il avait fait paraître deux tribunes dans divers journaux européens : La Reppublica, le magazine suisse L’Hebdo, Le Monde et aussi dans le New York Times. Il y aborde les agressions sexuelles de masse commises le 31 décembre. Récusant l’angélisme de la gauche et la « diabolisation » de la droite, il demande que l’accueil administratif des migrants soit accompagné d’une démarche culturelle allant jusqu’à « partager, à imposer, à défendre, à faire comprendre » des valeurs (?) pour aider les immigrants à s’adapter dans un espace où les femmes ne sont pas déconsidérées comme elles le sont dans le monde arabo-musulman en rappelant que la femme y est « niée, refusée, tuée, violée, enfermée ou possédée ». Il résume en affirmant : « Le sexe est la plus grande misère dans le “ monde d’Allah ” ». Ce qui, explique-t-il, a « donné naissance à ce porno-islamisme dont font discours les prêcheurs islamistes pour recruter leurs “ fidèles ” : description d’un paradis plus proche du bordel que de la récompense pour gens pieux, fantasme des vierges… ». Dans le New York Times, il expliquait que « le grand public en Occident découvre, dans la peur et l’agitation que, dans le monde musulman le sexe est malade. » Que n’avait-il pas dit !
Dès le 12 février, un « collectif de chercheurs » lui répondait dans Le Monde en l’accusant entre autres d’ « alimenter les fantasmes islamophobe d’une partie croissante du public européen ». De plus, Kamel Daoud serait coupable de présenter les réfugiés comme « culturellement inadaptés et psychologiquement déviants », qui devraient « avant toute chose être rééduqués ». Pour beaucoup d’observateurs, ces opinions ne font que refléter la vérité. Mais, on le voit, exprimer ce genre de vérités est immédiatement passible de condamnation morale, judiciaire, mortelle. Par lâcheté et soumission, tacite ou explicite, on donne peu à peu des gages gros de conséquences insolubles.
Parmi les « lyncheurs » de Kamel Daoud, il nous faut relever celui qui se présente en toute humilité comme un mentor de l’extrême gauche parisienne, l’horripilant patron et oracle de Mediapart, Edwy Plenel. Or, face à ce lynchage injuste, le premier ministre Manuel Valls a tenu à publier sur Facebook la défense (peut importe qu’elle ait été écrite par une de ses plumes) de Kamel Daoud, un texte ferme, contre les ennemis de la liberté, de la laïcité… On connaît le refrain et nous n’avons pas oublié sa condamnation veule du livre de Houellebecq, « Soumission ». Ses déclarations dopées au « Padamalgame » ont parfaitement illustré la grande peur actuelle des bien-pensants.
Mais cette fois, il donnait des arguments mieux choisis. Ce geste, apparemment courtois, ulcéra le sieur Plenel qui ne chercha pas longtemps sa réponse, toujours la même, puisée dans ses apostrophes favorites pour lancer sur France Culture : « La haine du multiculturalisme réunit dans la même croisade Donald Trump, Marine Le Pen, Manuel Valls, et Poutine ». Ces personnalités vont-elles survivre à un tel coup ? Nous disons « apparemment courtois » parce nous n’avons pas non plus oublié non seulement les déclarations haineuses de Valls, ministre de l’Intérieur, contre tout ce qui s’approchait de près ou de loin de la vraie droite, y compris les familles catholiques défilant contre le mariage homosexuel ou tels groupes de nationalistes français. Mais aussi sa responsabilité pour les brutalités policières dont il ne s’est jamais excusé.
Son soutien à Kamel Daoud semble s’expliquer quand on retient que ce journaliste algérien s’était montré très conformiste sur certains sujets, particulièrement en mettant dans le même panier les salafistes et les patriotes français de droite ! Voilà ce qui explique l’actuel soutien indigné du Premier ministre contre l’ostracisme de M. Daoud. Voilà le fond de son opinion.