Si les préfets…

« Si les préfets… convoquaient tous les catholiques sur la place, pour midi précis, à cette fin de recevoir des coups de pied quelque part, ils arriveraient tous à midi moins un quart, pour être sûrs de ne pas les faire attendre. »

Ces paroles de Drumont que rapporte l’abbé Barbier dans son ouvrage Cas de conscience, les catholiques et la république, trouve dans l’histoire et dans l’actualité un tel écho que nous sommes ravis de les rappeler ici. Tout à chacun trouvera bon nombre d’illustrations, mais la dernière en date est encore plus saisissante. Commandé par une grande maison d’édition française, écrit par un historien classé parmi les plus conservateurs et peut-être même les plus réactionnaires, un livre vient de paraître, un livre qui doit beaucoup à l’Intelligence Artificielle ! Et notamment les très nombreux dessins… On aurait pu espérer que cette frange d’intellectuels soit la dernière à utiliser de tels procédés, qui a plus ou moins longue échéance décimera l’ensemble des littérateurs et des artistes en général ; elle aurait même dû se lever en masse pour lutter contre ces aberrations technologiques… Mais non, une fois encore la voilà à midi moins le quart attendant patiemment dans cette position indigne qu’elle paraît toutefois affectionner… Alors que, loin, très loin des frontières de nos milieux, de très nombreux professionnels du cinéma ont bien compris les menaces de l’Intelligence Artificielle sur l’existence même de leur métier, et s’engagent dans le combat avec ardeur, d’autres ont déjà baissé et les bras et le reste… Cette funeste mentalité, vieille de plus de deux cents ans maintenant, de ne pas risquer d’être suspectés ennemis de la modernité, ennemis du progrès, ennemis de nos ennemis, nous pousse toujours plus loin et de lâchetés en renoncements, nous entraîne à baiser la main qui nous frappe. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir reçu de nombreux avertissements. Outre celui d’Édouard Drumont, voici deux autres citations bien connues, la première de Bossuet et la seconde de saint Pie X, qui finiront de nous convaincre :

Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je ! quand on l’approuve et qu’on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance.

Bossuet, Histoire des variations des églises protestantes

Les difficultés viennent de qui les crée et les exagère, de qui se confie en lui-même et non sur les secours du ciel, de qui cède, lâchement intimidé par les railleries et les dérisions du monde : par où il faut conclure que, de nos jours plus que jamais, la force principale des mauvais c’est la lâcheté et la faiblesse des bons, et tout le nerf du règne de Satan réside dans la mollesse des chrétiens.

Saint Pie X, Discours sur la béatification de Jeanne d’Arc, 13 décembre 1908

Mickaël SAVIGNY