Un su-sucre, fais le beau, ça marche toujours ! Et de mieux en mieux même… Et pourtant Pavlov et ses conclusions sont bien connus, au point d’en être devenus une expression courante. Malgré cela les toutous réagiront toujours aux mêmes stimulis. C’en est presque à désespérer de la nature humaine. Dernier exemple en date qui nous a fait bondir : Marion Maréchal, invitée dans une émission radio de France Inter, exprime son opinion sur la théorie du genre et expose ses arguments en faveur de la famille. Intervention de la journaliste :
« quelle différence y a-t-il entre la défense de la famille que vous proposez, vous, et celle que proposait le maréchal Pétain ? »
Bam ! Prends ça Marion et comme un cheveu sur la soupe en plus ! Wouf wouf, les toutous s’excitent et voilà Marion Maréchal transgenrée en Marion Maréchal-Pétain ! Ni plus ni moins… Fasciste ! Collabo ! Tu seras tondue ! J’en passe et des meilleurs. Sa réaction cependant fut digne et sarcastique :
« qu’est-ce que c’est que cette question ? Quand j’entends cette question, je me rappelle pourquoi j’ai envie de privatiser le secteur de l’audiovisuel public et faire faire 4 milliards d’économies aux Français »
et un peu plus loin :
« la question est bête, dingue, outrancière… ».
Souvenons-nous il y a quelques années (mai 1992), exactement le même cas de figure mais la victime est Philippe de Villiers. Ivan Levaï présente « L’heure de vérité » et tire à brûle-pourpoint :
« Monsieur de Villiers, en quoi vous distinguez-vous du maréchal Pétain ? ».
La réponse fut plaisante aussi :
« C’est comme si vous disiez à M. Delors : “Vous savez la dernière fois que quelqu’un a parlé de la Grande Europe, c’était le Maréchal.” Et c’est comme si vous disiez à Alain Duhamel qui passe ses vacances à l’île d’Yeu : “c’est pour être à côté du tombeau du maréchal Pétain ! » [1].
Mais qu’importe la riposte, les traits d’esprit et les arguments aussi incontestables soient-ils, le stimuli est lâché, réflexe de Pavlov, les chiens bouffent leur pâtée. Et cette technique, vieille comme le monde, fine comme du gros sel, fonctionne à merveille. Gustave Le Bon, à la fin du XIXe siècle, détaillait déjà dans son Psychologie des foules les trois procédés pour ravir la population : affirmation – répétition – contagion.
« L’affirmation pure et simple, dégagée de tout raisonnement et de toute preuve, est un des plus sûrs moyens de faire pénétrer une idée dans l’esprit des foules […] L’affirmation n’a cependant d’influence réelle qu’à la condition d’être constamment répétée, et, le plus possible, dans les mêmes termes […] La chose affirmée arrive, par la répétition, à s’établir dans les esprits au point qu’ils finissent par l’accepter comme une vérité démontrée […] Lorsqu’une affirmation a été suffisamment répétée, et qu’il y a unanimité dans la répétition […] il se forme ce qu’on appelle un courant d’opinion et le puissant mécanisme de la contagion intervient » [2].
Gustave Le Bon, classé parmi les grands maîtres à penser de l’extrême-droite, nous semble avoir été parfaitement assimilé par les journaleux contemporains de la presse aux ordres…
Mickaël SAVIGNY
[1] – Philippe de Villiers : Le Moment est venu de dire ce que j’ai vu, éditions Albin Michel, 2021.
[2] – Gustave Le Bon : Psychologie des foules, éditions Kontre Kulture, 2013.
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