Décidément l’implantation de ces éoliennes qui défigurent notre belle campagne française est de moins en moins bien tolérée par nos compatriotes. Certains d’entre eux organisent des rassemblement et ont recours à des tribunaux administratifs. Ils sont qualifiés de réactionnaires par les lobbyistes, les écolos et autres défenseurs de cette fumisterie.
Lu pour vous dans Présent
Argenton-sur-Creuse, ville du sud-Berry, située à 300 km de Paris, n’est pas connue pour son esprit spécialement révolutionnaire (même si son « grand homme » n’est autre que Michel Sapin, l’ancien ministre socialiste et franc-maçon de l’ère Hollande). Et pourtant Argenton-sur-Creuse se trouve actuellement à la pointe d’un combat qui embrase les campagnes françaises : la lutte contre le tout éolien.
Le 3 juin, l’association Bocage en Péril (émanation d’un énorme collectif de mouvements anti-éoliennes) organise dans cette toute petite commune berrichonne un rassemblement qui risque de faire parler de lui.
C’est que les menaces qui pèsent sur le bocage de cette région se font de plus en plus précises : jamais la pression des promoteurs d’aérogénérateurs industriels géants n’a été aussi forte, comme en témoigne le nombre de projets de parcs éoliens déposés à ce jour en préfectures des départements du Cher, de la Creuse, de l’Indre, de la Vienne et de la Haute-Vienne.
Ces associations entendent sauvegarder les paysages français de cette pollution visuelle dont quasiment aucun site n’est à l’abri, à part quelques lieux très emblématiques comme le Mont Saint-Michel. En fait, 97 % du territoire français sont exposés au risque d’une telle défiguration.
Une quinzaine de projets de parcs éoliens ont déjà été annulés par les tribunaux administratifs, au motif que ces projets ne s’appuyaient sur « aucune donnée scientifique précise, mais sur des considérations brèves et générales relatives à la vitesse du vent ». Et près de cinq cents autres recours ont été portés devant les tribunaux administratifs, à l’initiative de plus de mille associations locales de sauvetage des paysages traditionnels de la France, regroupées sous les vocables très explicites du type Vent de folie ou Vent de colère.
Mais une trentaine d’autres parcs d’éoliennes sont actuellement à l’étude, les deux tiers se situant dans le grand ouest, ce qui englobe Bretagne, Centre-Val de Loire, Vendée, Charente, et autres régions plutôt venteuses.
Le principal argument des pro-éoliennes est de mettre en avant le déficit énergétique de certaines régions, dans un contexte où la filière nucléaire serait amenée à disparaître. Quant aux opposants au tout éolien, ils sont le plus souvent décrits comme « des conservateurs de tout poil », explique par exemple, péremptoire, un dirigeant de France Energie Eolienne, puissant agrégat de lobbyistes regroupant banques, universités et entreprises de construction ou d’exploitation des éoliennes. Qui est contre les éoliennes ? Un agrégat réactionnaire regroupant pro-nucléaires, propriétaires lésés par cette pollution visuelle et nostalgiques de la France d’avant 1789, se dissimulant derrière le paravent d’associations de défense du patrimoine. C’est tout juste si on échappe à la qualification de « nostalgiques de Vichy ».
En fait, ce que mettent en cause les opposants, c’est d’abord l’absence de concertation : les projets surgissent de partout, et les riverains de ces parcs d’éoliennes sont mis devant le fait accompli en voyant surgir, en limite de propriété, des engins pouvant atteindre jusqu’à 210 mètres de haut, énormes pieds de béton que ne fait pas oublier la grâce des ailes tournoyantes. Aucun schéma global, à l’échelle du pays, n’a été étudié, et tout cela pousse comme des champignons, dans une relative anarchie. Et le vrai problème est là : les éoliennes sont extrêmement hautes et construites à des endroits où passe le vent, ce qui signifie sur des points élevés ou dans de larges plaines, les rendant visibles à des dizaines de kilomètres à la ronde. La comparaison avec les moulins à vent de nos ancêtres meuniers n’a donc aucun sens.
Ce que ne nous disent pas non plus les adeptes de cette fausse modernité, c’est que le bilan énergétique du tout éolien est pour l’heure absolument catastrophique : construction, acheminement, montage et entretien des engins consomment beaucoup plus d’énergie qu’il n’en est produit. Mais nous sommes dans le domaine du dogme. Et dans la mesure où le vent est naturel, les lobbies écolos voient plutôt d’un bon œil la multiplication de ces énormes tours.
L’impasse est aussi faite sur le bilan économique. Certes, la filière aurait créé environ 18 000 postes de travail, surtout dans le domaine de l’ingénierie et de la construction. Mais, pour l’essentiel, les éoliennes sont construites en Allemagne et en Scandinavie et d’une certaine façon la multiplication de ces engins contribue à notre déficit commercial.
Certaines associations, proches du parti mélenchonisto-communiste, tentent de récupérer le puissant mouvement de colère qui enflamme les campagnes françaises. Mais les ficelles sont grosses : leur discours consiste à soutenir que les éoliennes profiteraient à des entreprises privées : elles fustigent donc « l’appétence de promoteurs privés ». Sous-entendu : si les éoliennes étaient construites par le secteur public, il n’y aurait rien à dire. Mais la question n’est évidemment pas là. C’est le principe même du tout éolien qui est en cause, et non le fait que les constructeurs soient des entreprises privées ou publiques. Et dans ce contexte, réclamer un moratoire, l’arrêt des projets en cours, le temps de réaliser une véritable analyse énergétique, économique et patrimoniale, à l’échelle du territoire, paraît une mesure de bon sens.
C’est, par exemple, ce que réclameront les associations qui se réuniront le 3 juin à Argenton-sur-Creuse.
Francis Bergeron.
Présent n°8872 du jeudi 1er juin 2017