Une ironie justifiée se glisse au sujet du chômage chez nos confrères. En-effet, attention au sens des mots et aux réalités qu’ils traduisent. Il y a une différence flagrante entre 100.000 chômeurs absents des listes de demandeurs d’emplois, et la création de 100.000 postes, que l’on attend toujours.
Lu dans Présent :
Chômage en baisse en 2016 : Présent l’avait annoncé… dès 2015
NOUS L’AVONS tous entendu : le chômage aura donc baissé, en 2016. Cette nouvelle, Présent vous l’avait annoncée… dès l’année dernière. Nous savions tous que le gouvernement mettait en place des batteries de mesures destinées non à relancer l’activité, à redonner de la compétitivité à notre pays, à freiner nos importations et à favoriser notre savoir-faire et nos exportations, mais uniquement à faire baisser les statistiques de chômage.
Et c’est très réussi ! Le chômage a donc officiellement reculé de 0,2 % en 2016, pour s’établir à 10 % tout juste, nous dit la presse complaisante (Le Nouvel Observateur, Libération, France 2, France Info, France Inter, une grande partie de la presse de province, etc.). Ce qui représente environ 100.000 personnes en moins, chiffre qui prend donc en compte uniquement les demandeurs d’emploi de première catégorie, c’est-à-dire sans aucune activité.
Rappelons une nouvelle fois comment un tel miracle a été possible : en janvier 2016, le gouvernement a mis en place un plan de formation des chômeurs visant à sortir un million de demandeurs d’emploi non pas du chômage, mais des statistiques de chômage. Et en novembre 2016, il y avait exactement 945.000 chômeurs plus ou moins inscrits à des formations. Le million aura certainement été atteint en décembre.
Ce sont ces inscriptions qui ont permis de réduire de 100.000 personnes sur un an le nombre de chômeurs immédiatement disponibles sur le marché du travail. Il ne s’agit donc pas d’une création de 100.000 postes, ou d’une diminution du nombre de chômeurs de 100.000, mais d’un pur et simple effet d’affichage permettant de soutenir que ça va mieux. A ce compte-là, on peut aussi prétendre que, quand les chômeurs sont en arrêt maladie, ça va mieux pour l’emploi. Vive l’épidémie de grippe !
Mais après tout, diront les optimistes, si les chômeurs se forment, ils trouveront plus facilement du travail. En principe, oui. D’habitude, oui.
Mais les « formations Hollande-El Khomri » se révèlent être des formations au rabais, entraînant un taux de réinsertion bien inférieur aux taux habituels. C’est de la formation d’abattage destinée, pour l’essentiel, à retirer les chômeurs de la catégorie A, celle qui est la plus scrutée médiatiquement. Et celle qui a baissé, en effet.
À l’inverse de tous nos voisins, à l’inverse de tous les pays
Mais toutes catégories confondues, le nombre de demandeurs d’emploi s’élève actuellement à 6.575.000 pour la France entière, et a donc augmenté de 1 % sur un an (+ 62 900).
À l’inverse de tous nos voisins, à l’inverse de la quasi-totalité des pays de la planète (à part le Venezuela socialisto-guévariste, peut-être ?), le chômage réel n’aura donc fait qu’augmenter d’un bout à l’autre du quinquennat Hollande. De tous les ratages de ces cinq années de socialisme, celui-ci est sans doute le pire, même si quelques artifices parviennent à atténuer le choc des chiffres.
Il n’y aurait eu personne à l’Élysée, personne au ministère du Travail, personne au ministère de l’Économie et des Finances, la situation n’aurait pas été pire. Rien d’étonnant si internet nous passe en boucle cette plaisanterie selon laquelle Hollande occuperait un emploi fictif à l’Élysée !
F.B.
francis-bergeron@present.fr
Présent, n°8805, 22 février 2017