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Petit catéchisme des principes. Entretien avec les capucins de Morgon

ByLectures Francaises

Mar 14, 2024
Petit catéchisme des principes. Entretien avec les capucins de Morgon

Lectures Françaises : Mes Révérends Pères, nous sommes honorés et ravis de vous accueillir dans nos colonnes, et nous vous remercions d’avoir accepté d’étendre le rayon d’enseignement de votre chaire jusqu’à notre revue. Vous avez contribué, avec plusieurs de vos frères en saint François, à la réalisation du Petit catéchisme des principes paru il y a peu aux Éditions du Drapeau blanc [1]. Pouvez-vous nous indiquer la manière dont vous avez procédé pour le compiler, et quelle motivation vous y a poussés ?

Capucins de Morgon : Merci de votre bon accueil et de votre bienveillance. L’idée de ce Petit catéchisme a germé très lentement et il a fallu plusieurs années pour qu’elle prenne racine et aboutisse à cette publication. Le thème des principes, et de leur importance primordiale aujourd’hui, nous avait déjà préoccupé dans notre ministère sacerdotal, et notamment auprès de nos tertiaires franciscains. Ce thème faisait aussi l’objet d’un cours donné à nos frères étudiants capucins. Au fil de nos lectures, nous avions remarqué combien les auteurs les plus profonds insistaient sur la nécessité de s’appuyer sur les principes et d’y revenir constamment pour trouver les lumières pour se bien conduire et guider les autres. Une collation de nombreuses citations ou références concernant les principes s’est constituée progressivement. Il a fallu l’enrichir et classer ces citations dans un ordre logique, selon différents thèmes, puis organiser l’ensemble sous la forme d’un Petit catéchisme avec questions et réponses. Ce Petit catéchisme, hormis la présentation et les deux premières réponses, laisse répondre différents auteurs que nous avons sélectionnés. Ce n’est qu’une compilation ordonnée de façon logique. Pour être complets, nous ajoutons que l’éditeur de ce petit livre, notre ami et tertiaire de saint François, a collaboré très efficacement à ce travail par diverses trouvailles qui ont complété et enrichi notre travail initial.

On pourrait dire aussi que ce sont les malheurs des temps actuels, l’épouvantable confusion des idées aujourd’hui et la défection dramatique des autorités politiques et religieuses, qui appellent et réclament d’urgence un retour et une attention spéciale aux principes, comme à des phares lumineux, bienfaisants et infaillibles au sein d’une immense tempête. Devant le désarroi terrible des âmes, n’y a-t-il pas pour les prêtres que nous sommes, un grave devoir de conscience de faire resplendir les principes salvifiques face au déchaînement des mauvais principes et à leur empire de plus en plus souverain sur les âmes, les familles, la société et au sein même de « l’Église conciliaire » ? La publication de ce travail sur les principes s’inscrit, nous l’espérons, dans la loi suivie ordinairement par la Divine Providence et formulée ainsi par le cardinal Pie :

« Le principal bénéfice à tirer de l’erreur, de l’hérésie, et de toutes les oppositions que rencontre la vérité parmi les hommes, c’est la mise en lumière et la glorification du point même de doctrine qui est spécialement nié et combattu. Les plus illustres docteurs, tels que Tertullien, saint Hilaire, saint Augustin, saint Vincent de Lérins, ont amplement développé cet ordre de providence. Leurs textes sont trop connus pour qu’il soit besoin de les reproduire ici : la suite m’amènera d’ailleurs à en citer quelques passages. Mais, dès ce début, un point doit demeurer acquis. Voulez-vous savoir de quel côté les hommes appliqués aux sciences sacrées doivent porter de préférence leurs études, leurs recherches et tout le mouvement de leur travail intellectuel ; sur quelles matières les écrivains religieux et surtout les guides et les docteurs spirituels des peuples doivent concentrer leurs controverses, leurs démonstrations, leurs enseignements ; enfin à quels sujets de méditations, à quel choix de contemplations et de prières doivent s’adonner avec plus de prédilection les âmes vraiment animées de l’esprit de Dieu ? Regardez de quel côté l’erreur dirige ses attaques, ses négations, ses blasphèmes. Ce qui est attaqué, nié, blasphémé dans chaque siècle, c’est là principalement ce que ce même siècle doit défendre, doit affirmer, doit confesser. Où abonde le délit, il faut que la grâce surabonde. Aux obscurcissements de l’esprit, aux refroidissements du cœur, il faut opposer un surcroît de lumière, une recrudescence d’amour. Amoindrie, déformée, paralysée dans un certain nombre d’âmes, il faut que la vérité devienne plus intacte, plus correcte, plus agissante dans les autres. Quand le monde conteste, c’est alors que l’Église scrute, qu’elle approfondit, qu’elle précise, qu’elle définit, qu’elle proclame. À mesure qu’on le contredit davantage, son enseignement s’amplifie et se développe, s’illumine et s’enflamme. L’amour de la doctrine, la passion de la vérité s’échauffent dans les cœurs fidèles ; et le dépôt sacré, loin de subir aucune diminution, produit alors au grand jour tout le trésor de ses richesses. » [2]

Pour résumer, nous pourrions affirmer que les véritables auteurs de ce Petit catéchisme, ce sont, avant tout, les malheurs des temps et le déboussolement universel des âmes. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

Propos recueillis par la rédaction

[1] – Août 2023, 126 pages, 10 €.

[2] – Cal Pie, « 3e instruction synodale sur les principales erreurs du temps présent », juillet 1862 et août 1863, dans Œuvres, t. V, p. 36-37.

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