Lu pour vous ce matin dans Minute
Des noctambules très médiatiques.
Dans ma province lointaine, personne ne m’a jamais parlé de Nuit Debout. Jamais ! Pas un mot. Il faut dire que Nuit Debout, c’est avant tout une grande kermesse connectée de bobos parisiens, qui ont tendance à confondre Paris et la France et même, l’extrême gauche et la France. S’ils essaiment (un peu), c’est à proportion de la boboïsation. Marginale.
La place de la République est squattée depuis 10 jours. Une sorte de Z.A.D, moins boueuse qu’à Notre-Dame des Landes, mais difficile d’accès, en plein coeur de Paris. Certains, une infime minorité, passent désormais la nuit sur place. Mais la plupart rentrent chez eux au petit matin, parce qu’il faut bien dormir, avant que la Ville de Paris ne fasse nettoyer les lieux. Place de la République, c’est une Z.A.D propre ! Chaque matin, le prolo nettoie les saloperies laissées par le squatteur nocturne, qui, à la même heure, dort lui du sommeil du militant éreinté par tant de belles paroles… Cette Z.A.D est aussi ultra-connectée. Forcément, à Paris, ça capte mieux qu’à Sivens… Les noctambules debout mobilisent donc via Twitter et Périscope (une application de vidéos en direct).
Que veulent-ils ? Que font-ils ? On ne sait pas trop.
Que veulent-ils ? À part du mal au gouvernement Valls et aux patrons, on ne sait pas trop. Que font-ils ? Ils parlent, lors d’assemblées générales interminables. Ils parlent beaucoup même : de révolution, de démocratie, d’égalité, du climat qui se réchauffe, des flics, des luttes à venir, des immigrés, des femmes, des contrats de travail, etc.
En bref, place de la République, c’est une grande kermesse, plutôt bien organisée et qui se croit le nombril de la France parce que la gauche qui ressasse ses illusions perdues se croit toujours le nombril de la France — qui, elle, bosse ou cherche à bosser…
Qui sont-ils ? Des profs, des « chercheurs », des étudiants, des syndicalistes, des intermittents du spectacle en manque de cachets (pléonasme), des professionnels de l’agit-prop comme Leila Chaibi, proche de Jean-Luc Mélenchon, ou Jean-Baptiste Eyraud, de Droit au logement ou la désormais célèbre Caroline De Haas. Évidemment, tous soutiennent les immigrés clandestins. Plus par la parole que dans les actes d’ailleurs. Ils en font même venir pour témoigner lors de leurs interminables assemblées générales. Mais la Nuit Debout, c’est avant tout un truc de parisiens bobos, blancs, très blancs ; il n’y a qu’à regarder les photos pour s’en convaincre.
Et les politiques dans tout ça ? Le mouvement se dit contre les partis et, officiellement, il n’a qu’une peur : se faire récupérer. Pourtant, tous les partis d’extrême gauche sont là, à la fois invisibles (ils n’ont pas de banderole de stands) mais bien présents : le N.P.A bien évidemment, le Parti de gauche et Les Verts. Tous clament qu’ils ne font pas ça pour récupérer le mouvement mais tous en rêvent.
La Nuit Debout, pâle copie gauchiste des Veilleurs.
Pour une fois, la vérité sort de la bouche de France Inter. Pour Brice Couturier, pourtant de gauche mais tendance social-libérale, « la nuit debout pâle copie gauchiste des Veilleurs, catholiques intégristes, existe surtout dans la tête des journalistes ». Pas totalement exact — les Veilleurs ne sont pas des catholiques intégristes —, mais pas complètement faux non plus quand on voit traitement de choix réservé à Nuit Debout par les médias.
En trois jours, les campeurs de place de la République ont eu droit à une du « Monde », le 10 avril (« Nuit debout, la gauche des indignés contre PS »), à celle de « Libé » (« la nuit leur appartient ») et à une multitude de reportages télévisés. Les articles sont tous dithyrambiques. Ce n’était pas vraiment le cas des articles, bien moins nombreux, sur Les Veilleurs…
J.M
Minute, avril 2016, n°2766, p. 4.