C’est Nicolas Bay, tenant d’une ligne plus conservatrice, identitaire, catholique et ami de longue date de Présent, qui remplace Marine Le Pen à la tête du groupe ENL au Parlement européen.
Lu pour vous dans Présent.
Il succède à Marine Le Pen qui n’est plus eurodéputée. Le secrétaire général du Front national, Nicolas Bay, 39 ans, a été désigné lundi 11 septembre à Strasbourg comme co-président du groupe « Europe des nations et des libertés » (ENL). Il coprésidera ce groupe de quarante députés européens (dont vingt sont issus du FN) au côté du Néerlandais Marcel de Graaff.
Nicolas Bay a été élu par douze des vingt députés européens du Front national. Les eurodéputés Florian Philippot et Sophie Montel n’étaient pas présents lors de la réunion et n’ont pas participé au vote. Les deux autres candidats, Bernard Monot et Edouard Ferrand, ont obtenu trois voix chacun.
Marine Le Pen a quitté le Parlement européen en juin, après son élection à l’Assemblée nationale française. Elle était parvenue à nouer des alliances au Parlement européen et à disposer d’une bonne tribune pour contester les politiques de l’UE. On se souvient de son intervention musclée en présence d’Angela Merkel et de François Hollande en octobre 2015, lorsqu’elle avait qualifié le chef de l’Etat de « vice-chancelier » de la chancelière allemande.
Sur les bancs de Strasbourg et Bruxelles, Marine Le Pen sera remplacée par la conseillère régionale FN de Normandie, Christelle Lechevalier. Louis Aliot, également élu député français en juin dernier, est remplacé par France Jamet, fille d’Alain Jamet et présidente du groupe FN au conseil régional d’Occitanie.
Il y a seulement quelques mois il aurait été impensable que Florian Philippot qui n’a pas obtenu de siège à l’Assemblée nationale ne prenne pas la tête du groupe européen. Nicolas Bay incarne une sensibilité différente, très proche de celle de Marion Maréchal-Le Pen. Les tendances ont coexisté tant bien que mal sous l’arbitrage de Marine Le Pen jusqu’à la présidentielle de 2017. Après l’échec du second tour, à l’heure des comptes et des bilans, la tendance, poussée par la base, est nettement en train de s’inverser.
Nicolas Bay qui n’est pas partisan de la sortie de l’euro, pense que le développement du FN aujourd’hui se situe sur un créneau conservateur et identitaire. Le travail d’implantation de Nicolas Bay dans le parti joue pour lui. Il a obtenu la confiance des eurodéputés de son groupe et aura aussi pour mission de préparer les élections européennes de 2019.
« Le grand défi d’aujourd’hui », déclare-t-il, « c’est l’islamisme radical, le mondialisme, la défense de notre identité : c’est-à-dire être capable de savoir ce que nous sommes, défendre nos valeurs de civilisation et le droit des peuples à rester eux-mêmes ».
Caroline Parmentier
Présent n°8944 du 14 septembre 2017