» À force d’agir comme on pense, on fini par penser comme on agit » : ce n’est pas la conscience qui décide de la morale, mais la morale qui dicte à la conscience… On n’agit pas parce qu’ « on ne peut pas accepter », parce que « ça me rend malade », parce que « c’est ignoble, inhumain etc. » Non, on agit, quand c’est possible, parce que le principe le commande, et qu’il doit être défendu car le principe dépasse l’homme ; il le commande. Et parfois, il ne faut pas agir. Face à la déliquescence sournoise de la famille, monsieur Legrier agit en écrivant, et ses rappels sont tout à fait à-propos.
Lu dans Famille d’abord :
La nécessaire refondation d’une politique familiale
L’action politique des catholiques et des personnes de bonne volonté, par le jeu des échéances électorales et du calendrier législatif, reste trop souvent confinée dans le court terme, arc-boutée sur le moindre-mal, sans prendre le recul nécessaire à une orientation durable selon des principes fermes. Au cours du dernier demi-siècle, alors que les mesures favorables à la natalité subissaient une érosion inexorable, la succession des lois permissives a réduit la famille, de cellule fondamentale de la société, à n’être plus bien souvent qu’une cohabitation de circonstance évoluant au gré des passions individuelles.
Ce processus n’avait donné lieu jusque-là qu’à quelques protestations éphémères sans effet notable. Le sursaut contre la loi Taubira, remarquable par son intensité, sa diversité et sa pérennité, n’échappe pas cependant à la fragilité d’un mouvement d’humeur qui reste souvent plus du domaine sensible ou affectif que fondé sur les principes de l’ordre naturel exprimés par la doctrine sociale de l’Église. Lutter, même avec courage et persévérance, contre les conséquences des principes révolutionnaires, sans remettre en cause ces principes, n’est-ce pas mériter la sévère apostrophe de Jean Jaurès aux démocrates chrétiens en 1905 (1) ?
« Sortir du système » ou « Entrer en dissidence » n’a de sens que pour sauvegarder, contre l’idéologie dominante, les principes immuables qui fondent une société sur le réel ; n’a de sens que dans la perspective de trouver les moyens de les mettre en application, autant qu’il dépend de nous. Le Mouvement Catholique des Familles veut contribuer à mettre en pleine lumière ces principes, à « dresser contre la pensée de la Révolution l’entière pensée catholique » ; à identifier les voies d’une véritable politique familiale cohérente avec ces principes ; à soutenir la mise en œuvre de cette politique autant que, Dieu aidant, les circonstances s’y prêteront.
(1) « Nos adversaires nous ont-ils répondu ? Ont-ils opposé doctrine à doctrine, idéal à idéal ? Ont-ils eu le courage de dresser contre la pensée de la Révolution l’entière pensée catholique qui revendique pour Dieu, pour le Dieu de la révélation chrétienne, le droit non seulement d’inspirer et de guider la société spirituelle, mais de façonner la société civile ? Non, ils se sont dérobés ; ils ont chicané sur des détails d’organisation. Ils n’ont pas affirmé nettement le principe même qui est comme l’âme de l’Église. »
François Legrier
Famille d’abord, n°30, juin 2016, p.10.