Avec l’industrialisation à outrance et inhumaine du XIXème siècle, nous assistons depuis des décennies au recul de nos forêts. Aujourd’hui, les possesseurs de surface boisées semblent de moins en moins enclins à les revendre. Non pas par souci de conserver un brin de nature par-ci par-là, mais bien parce que le bien tend à se raréfier.
Lu dans l’Action Agricole de Touraine :
Le prix des forêts françaises (non bâties) est reparti à la hausse (+2,8 %) en 2015, après quatre années de stabilité, ont annoncé la Safer et la Société forestière, qui présentaient le rapport Indicateurs 2016 du marché de la forêt française. Cette augmentation s’explique globalement « par la baisse continue des taux d’intérêts, davantage que par la hausse très mesurée du prix du bois », expliquent les auteurs de ce rapport. Elle touche l’ensemble des régions françaises, à l’exception du Massif central ; dans le bassin parisien, où les prix s’étaient « éloignés des données techniques » à la fin des années 2000, la moyenne est stabilisée autour de 6 000 euros de l’hectare, en légère hausse en 2015 (+2 %). La plus forte hausse concerne la région Alpes-Méditerranée-Pyrénées, le prix, qui avait beaucoup baissé ces dernières années sous l’influence du marché immobilier urbain, a gagné 9 % en 2015.
Depuis plusieurs années, la Safer et la Société forestière notent que les prix des forêts sont de moins en moins connectés avec le prix du bois, particulièrement depuis les années 2000 ; la progression du prix des forêts serait « davantage à relier à la hausse du prix des terres agricoles, elle-même fortement influencée par la baisse des taux d’intérêt », expliquent les auteurs du rapport.
Petites forêts prisées
Parallèlement le nombre de transactions d’espaces forestiers a de nouveau progressé (+6,4 %), atteignant des niveaux records, selon les auteurs du rapport, en particulier sur le marché des biens de quatre à dix hectares ; la demande pour ces biens a été particulièrement forte de la part des particuliers, surtout des ruraux, en recherche de bois de chauffage, rapporte le réseau de techniciens des Safer. « Les ruraux veulent être de plus en plus indépendants énergétiquement, note le Président de la FNSafer, Emmanuel Hyest. Beaucoup veulent aussi, finalement, s’acheter une surface de loisir.
Les prix sont bas, et il n’y a pratiquement pas de fiscalité ». Ce regain d’activité ne semble pas lié à l’instauration d’un droit de préférence en 2010, estiment les auteurs.
À l’inverse du dynamisme pour les petits biens, le nombre de transactions de biens de plus de 100 hectares a baissé, note la Société forestière, spécialiste de ces opérations.
L’activité est faible, notamment à cause de la raréfaction de ces types de biens sur le marché ; un phénomène qui pourrait « traduire la réticence des propriétaires à se défaire de leur patrimoine, considéré comme une valeur refuge », propose le rapport.
L’Action Agricole de Touraine, 3 juin 2016, n°3615, p.5.