Le véritable objectif des terroristes islamistes de Barcelone était donc la Sagrada Familia, la basilique inachevée d’Antoni Saadi, et la foule qui s’y presse. Quoi de plus normal : pour l’Etat islamique, le véritable ennemi, c’est la Chrétienté, seul barrage à l’instauration du califat.
Lu pour vous dans Minute.
Depuis septembre 2016, le magazine de l’Etat islamique a changé de nom. « Dabiq », du nom d’une ville syrienne au nord d’Alep où, paraît-il, les forces d’Allah doivent affronter les forces qui lui sont hostiles au jour de l’Apocalypse, a cédé la place à « Rumiyah ». Il valait mieux ne plus trop se référer à cette eschatologie musulmane car justement, en cette fin d’été 2016, Dabiq était en train d’être reprise par l’Armée syrienne libre (ASL), aidée par les forces spéciales dépêchées par le président turc Erdogan, et, mi-octobre, les vaillants combattants de l’Etat islamique en furent chassés, du moins ceux qui avaient survécu.
De « Dabiq » le mal nommé, on est donc passé à « Rumiyah », qui veut dire… Rome. Pourquoi Rome ? Parce que Rome, comme Carthage, doit être détruite ou sinon conquise ! Le prophète Mahomet aurait en effet dit que les musulmans conquerraient d’abord Contantinople (aujourd’hui Istanbul) puis Rome. Les retranscriptions différant quelque peu et les traductions encore plus, les géopolitologues islamistes contemporains, qui sont aussi des stratèges avisés et sont donc conscients des rapports de force, ont bien compris, surtout après le coup d’Etat manqué, que faire tomber le régime d’Ankara ne serait pas une mince affaire. Rome non plus, certes, mais une déstabilisation de l’Italie — qui a déjà connu cela — décuplerait les forces des troupes pour qui l’éradication de la Chrétienté reste l’objectif suprême, car, comme l’a dit un autre chef vénéré de l’Etat islamique (avant d’être tué, lui aussi) : « Nous ne nous reposerons pas de notre djihad, sauf sous les oliviers de Rome. »
IRRIGUER ROME… DU SANG DES CHRÉTIENS
Cette phrase de l’Egyptien Abu Hamza al-Muhajer, qui fut premier ministre de l’Etat islamique après avoir été le chef d’Al Qaida en Irak, figure donc en exergue de chacun des numéros de « Rumiyah », qui paraît au rythme mensuel avec une régularité de métronome que les opérations militaires ne semblent pas affecter. Le numéro 13 est d’ailleurs attendu pour le début du mois de septembre, et nul ne doute que les attentats de Catalogne y tiendront la place d’honneur, avec hommage aux « martyrs », présentés sous leur nom de guerre, qui sont morts pour la gloire d’Allah.
Loin des supputations médiatiques sur les raisons qui ont poussé l’Etat islamique à commettre tel ou tel attentat — du style : « Mais ne pensez-vous pas que c’est la jeunesse qui fait la fête qui est visée ? » ou encore « La légalisation du mariage homosexuel par la France / l’Espagne n’aurait-elle pas été un déclencheur ? » —, l’organisation islamiste ne masque ni ses motivations, ni son objectif, qui est tout simplement l’établissement du califat sur l’ensemble de la planète. Dans le numéro 9 de « Rumiyah », par exemple, qui date de mai dernier, sous le titre « Soyez patients, car la promesse d’Allah est vraie », le porte-parole officiel de l’Etat islamique déclare :
« Si nous perdons une ville, une région ou une ville, c’est simplement une purification de la communauté des musulmans, afin de nettoyer nos rangs et d’enlever la saleté, et pour qu’Allah puisse choisir parmi ses esclaves qui il veut. C’est simplement le reflux de la marée qui sera suivi par l’expansion et la grande conquête […] de Bagdad, Damas, Qods, Amman, la Péninsule arabique, et les bataillons de la foi vont certainement conquérir la Perse. »
Mais, précise celui qui se fait appeler Abul-Hasan al-Muhajer (ce pourrait être le nom usité par un natif du Texas !) : « Auparavant, nous irriguerons certainement Rome. » Nul doute qu’ils l’irrigueront mieux que le Tibre, et couleur rouge sang…
NOUS RÉDUIRE EN ESCLAVAGE, SINON NOS ENFANTS
La conquête de Rome et la destruction de la papauté — et, partant, de la civilisation européenne — est bien la constante de l’Etat islamique, qui en avait fait la une du numéro 4 de « Dabiq » à l’automne 2014. Un montage-photo représentait (ci-dessus) le drapeau de l’Etat islamique flottant sur l’obélisque de la place Saint-Pierre.
Dans le dossier d’une douzaine de pages consacré à la nécessité de conquérir Rome, on trouvait des déclarations comme celle-ci, due à Abou Mohammed el-Adnani, alors porte-parole de l’organisation terroriste, lui aussi mort depuis : « Nous allons conquérir votre Rome, briser vos croix et asservir vos femmes », précision étant apportée que cela se déroulerait… « par la permission d’Allah ». El-Adnani ajoutait à destination de nous autres, chiens de mécréants : « Si nous n’y arrivons pas, nos enfants et nos petits-enfants y parviendront, et ils vendront vos descendants comme esclaves au marché aux esclaves. »
Chacun est libre de choisir le sort qu’il a envie de donner à ses enfants. Il serait mieux que ce soit en toute connaissance de cause, et que les écrits de l’Etat islamique, ceux de « Dabiq » comme ceux de « Rumiyah », soient portés à la connaissance du plus grand nombre au lieu d’être tus sous couvert de ne pas « relayer la propagande » des « terroristes »…
Marc Bertric.
Minute n°2835 du 23 août 2017
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