Les F∴ piratés
La Grande Loge de France a déposé plainte, le 15 avril dernier, auprès du parquet de Paris pour chefs d’accusation de piratage informatique, d’extraction de données à caractère personnel et de transfert irrégulier de données personnelles vers un pays tiers. Aussitôt, l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information a été saisi. Les milliers de documents détournés – exactement 6 000, pris dans le « cloud » de la GLNF – étaient internes à la Grande Loge de France. Ce qui signifierait que les données du « cloud » n’auraient pas été cryptées.
L’obédience s’en est rendue compte parce que, le 10 avril, un site intitulé « Franc–maçonnerie papers », en a présentés quelques-uns. Pour la plupart, il semble que cela ne va pas loin : comptes rendus de réunions, courriers internes, quelques noms… Selon la rumeur, le fichier des 34 000 membres n’aurait pas été touché. Le site « émetteur » est de langue française mais hébergé aux États-Unis. Il affirme que c’est une première, et avance qu’il s’agirait de la « plus grosse divulgation de l’histoire de France concernant la F∴ M∴ », (ce qui est abusif)… et annonce de « vraies révélations sur le gouvernement occulte qui prône le nouvel ordre mondial ».
Un magazine américain, Society, est allé rencontrer le gérant de ce site considéré comme conspirationniste bien connu aux États-Unis. Il réside à Las Vegas et a refusé de répondre aux demandes d’entretiens du journal Le Monde. Néanmoins, il a répondu par écrit : il dit craindre des représailles et refuse de révéler comment lui et les « pirates » se sont procurés les documents.
A Paris, pour les experts, il est question d’un logiciel espion ayant servi à l’extraction vers un espace de stockage en ligne. Il serait question de quelque 6 000 documents que les journalistes ont pu consulter, la plupart sont anodins. En revanche d’autres comportent de nombreuses données personnelles, des documents comptables, des CV détaillés, des lettres de motivation toujours exigées avec copie de cartes d’identités et autres documents.
D’aucuns évoquent un chantage possible. Quand on connaît les rivalités permanentes entre loges et Maçons, on ne peut oublier qu’il a existé des cas de F∴M∴ qui espionnaient d’autres « Frères » mais ces bisbilles ne présentent aucun véritable intérêt. Reste le pied de nez : une secte vivant sur la règle du secret, s’est fait chiper ses archives. Pour des « maîtres du secret » ce doit être vexant mais pas de quoi, pour autant, clamer que « la pluie est sur le Temple ».