Dès les premiers signes ayant marqué en automne, un léger fléchissement des sondages favorables, le chef de l’État Macron avait relancé ce qui s’apparente à une course. Les annonces de lois et de projets se succèdent, les dernières faisant oublier les premières. Devant l’hypothèse d’une baisse des soutiens populaires, le président avait serré les mâchoires et – c’est un de ses tics – rappelé – pas seulement aux équipes ministérielles mais aussi aux structures administratives – qu’il était leur chef. Il renforça les exigences. Sans qu’il y eût un rapport entre ces coïncidences, car les sondages s’étaient consolidés, nonobstant il garda la cadence. « Pas de temps mort » est devenu un principe d’action pour les équipes ministérielles, grenadiers des bureaux qui marchent au pas. Les gazettes « correctes » si susceptibles quand un gouvernement ose critiquer l’audiovisuel, ne purent cacher la nécessité de rectifier certains relâchements dans ce secteur essentiel pour les politiques. Nous en dirons un mot. Auparavant, il nous faut évoquer les raisons des projets sans les justifier pour autant. Voyons ce qui nous attend.
Une course de fond
Toutes les réformes prévues ont été précédées de préparations approfondies tant sur le plan technique que politique. Ce qui ne fut pas vraiment la règle dans le quinquennat précédent. Pourtant tous les présidentiables avaient répété, qu’ils feraient, en cas de victoire, les réformes essentielles dans les premiers trimestres du quinquennat. Depuis l’élection présidentielle, Emmanuel Macron qui lui aussi avait annoncé qu’il ferait le « maximum » (de réformes) dès le début, a réuni jusque-là les ministres et conseillers dans quatre séminaires de travail. Puis des lois parfois contestables furent votées par le parlement croupion. Le dernier séminaire s’est tenu le 3 janvier. À ceux qui se plaignaient de ce qu’ils qualifiaient des galops permanents, le gouvernement se justifia en évoquant les sondages, boussoles universelles. Rappelons que la plupart des réformes mises en place par Macron sortent du rapport Attali de 2010 [1].
À peine remis du choc de la loi fiscale, nous devons nous préparer pour cette année 2018, à un « grand projet social » (réduction du chômage, développement de l’apprentissage, des formations…), à une réforme de l’État, qui demeure la « reine des batailles » et devrait être dévoilée en mars prochain par Gérald Darmanin, sous l’étiquette de « Plan Action publique ». Mais avant, le gouvernement qui l’avait promis, aura imposé ce qu’il redoutait comme des « épreuves de force » : le 17 janvier, l’abandon officiel du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et, en février, bien plus importante pour notre nation, la loi déjà annoncée par le gouvernement comme « loi sur l’immigration et sur l’asile » ! Ce qui sous-tend à échéance, d’une façon ou d’une autre, dans un ordre ou un autre : invasion, capitulation, soumission.
Quant aux décisions concernant les immigrés, les illégaux, les indésirables, nous pouvons parier que, là aussi, des mesures « non clivantes » seront prises. ♦
[lire la suite dans notre numéro]
Pierre ROMAIN
[1] – Macron fut jadis rapporteur général adjoint de la première version dudit rapport et membre de la seconde. Il s’en est souvenu. Réforme de la fiscalité ? Réduire le coût du travail en transférant une partie des cotisations sociales vers la CSG ? C’est fait. Réduction des niches fiscales ? C’est fait (suppression du crédit d’impôt pour « la transition énergétique », réduction de l’ISF pour investissement dans les PME. Réformes des retraites ? Macron a repris l’idée d’Attali de mettre en place un système de comptes individuels ouvrant la possibilité de poursuivre une activité sans limite d’âge… Nous allons voir si les autres propositions d’Attali seront adoptées : fin des numerus clausus de certaines professions, reprise de la TVA sociale, le contrat d’évolution, etc. ?