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Le RN assimilé au régime de Vichy et à Pétain ou la falsification permanente de l’histoire, le cas de Monsieur de Courson et de Madame Borne

ByMichel Festivi

Oct 18, 2023
Le RN assimilé au régime de Vichy et à Pétain ou la falsification permanente de l’histoire, le cas de Monsieur de Courson et de Madame Borne

Il y a un peu plus d’un an, lors de l’élection du président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale [1], poste qui devait revenir à un élu de l’opposition, Charles de Courson, député de la Marne, avait expliqué à l’hebdomadaire Le Point, qu’il refusait de soutenir le candidat du Rassemblement national, le jeune Jean-Philippe Tanguy, né en 1986. Il avançait comme justifications à ce refus, le fait que son grand-père, alors député du Doubs, n’avait pas voté les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, le 10 juillet 1940, et que son père avait été résistant [2].

On se demande toujours quel rapport Monsieur de Courson peut-il utilement faire valoir, entre des faits historiques qui se sont produits il y a 83 ans, et un jeune homme de 36 ans. Mais le plus grave c’est qu’un député de cette expérience (il en est à son sixième mandat) puisse se permette à ce point de falsifier l’histoire de France, et de tromper les Français, pour justifier en réalité, une basse manœuvre politicienne. D’ailleurs, les explications que donne Monsieur de Courson au journaliste du Point sont incompréhensibles et ridicules. Car s’il faut trouver des héritiers à Pétain, ils sont pléthores à gauche. Et lorsqu’il affirme : « En France, on ne cesse de réécrire l’histoire en fonction des intérêts politiques du moment», c’est précisément très exactement ce qu’il fait, par ses réflexions saugrenues auprès de ce journaliste.

Pendant combien de temps faudra-t-il rappeler que c’est justement la Chambre qui fit le Front populaire et la masse des sénateurs radicaux-socialistes du Sénat d’alors, qui octroyèrent à Philippe Pétain les pleins pouvoirs constituants, demandés par Pierre Laval, un socialiste, ancien de la SFIO.

Qu’Édouard Herriot et Jules Jeanneney, respectivement présidents de la Chambre des députés et du Sénat, deux hommes de gauche, ont tenu en ces journées cruciales, au Casino de Vichy, transformé pour l’occasion en Assemblée nationale, des propos obséquieux envers le futur chef de l’État, et qu’ils ont même tout entrepris, pour qu’aucune voix dissidente ne puisse se faire entendre. Mais comme la « tradition républicaine » voulait que les présidents ne votent pas, ils n’ont pas été inquiétés, eux, à la Libération, alors que par leurs paroles et actes, ils ont directement influencé bon nombre de parlementaires à voter ces pleins pouvoirs, ce qui a eu comme conséquence de totalement les ostraciser ensuite de la vie politique.

Mais parmi ceux qui avaient voté pour l’attribution des pleins pouvoirs à Philippe Pétain, certains ont ensuite été des résistants incontestables comme Henri Maupoil, déporté à Theresiendadt, Georges Maurice, déporté à Neuengamme, ou le sénateur Pierre Masse, ancien combattant de 14-18, qui mourra en camp de concentration, à Auschwitz. Visiblement, Monsieur de Courson semble totalement l’ignorer ou feindre de l’ignorer.

Auparavant, les députés communistes qui n’avaient pas voulu rompre avec la 3e internationale, avaient tous été, eux, déchus de leur mandat pour défaitisme, par le gouvernement présidé par Édouard Daladier, grande figure du parti radical-socialiste, le 21 janvier 1940, à l’unanimité des votants y compris de tous les députés SFIO et ce, suite au pacte Hitler-Staline du 23 août 1939.

De plus, on se remémore la lettre d’une courtoisie extrême, adressée à Philippe Pétain par François Billoux, ancien député communiste, le 19 décembre 1940, en plein pacte Hitler-Staline, pour demander au chef de l’État la libération de ses 27 collègues détenus depuis mars-avril 1940, par décision du gouvernement de gauche de la IIIe République finissante.

Mais les communistes n’en étaient pas à une trahison près, en ayant, toute honte bue, demandé aux autorités allemandes, l’autorisation de la reparution de L’Humanité et ce dès l’arrivée des troupes de la Wehrmacht à Paris. Les députés communistes déchus de leur mandat écriront aussi à Philippe Pétain, au ministre de la Justice, et au président de la Cour de justice de Riom pour pouvoir témoigner à charge contre Daladier et Léon Blum. Mais visiblement Monsieur de Courson semble avoir des pertes de mémoire sur ces points [3]. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

Michel FESTIVI

[1] – Le 30 juin 2022.

[2] – Cf. Le Point du 5 août 2022, entretien avec Jérôme Cordelier.

[3] – À ce sujet, on pourra se reporter à l’excellent dossier de la Revue d’Histoire européenne no 16 (août, septembre et octobre 2023) : « La gauche collabo, une histoire gênante ».

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