Entretien avec Bernard Gantois
Lecture et Tradition : « Ce que la fable a inventé, l’histoire le reproduit parfois », écrivait Victor Hugo [1]. Vous avez voulu, contrairement à vos deux essais précédents [2], user pour ce nouvel ouvrage [3] du genre littéraire de la fable. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
Bernard Gantois : Je ne pouvais pas voir se développer sous mes yeux, depuis des dizaines d’années, cette ineptie du CO2, supposé médiatiquement moteur principal, voire fondamental, du réchauffement climatique, sans, un jour, réagir. Je n’écris, après une vie professionnelle bien remplie, que depuis peu d’années et d’autres avaient, avant moi, abordé le sujet, sous des angles politiques, techniques et économiques que je partage totalement. Comme disait Lénine en 1902 « Que faire » ?
Utiliser l’humour. La dérision dans le contexte d’une histoire imaginaire et fantastique, mais aux ressorts humains parfaitement réalistes et basée sur des situations techniques et astronomiques pas totalement invraisemblables. Passer le message dans la voie spirituelle qui sépare, mais aussi relie, l’imagination et la réalité.
J’ai appelé ce texte une fable, amusante, courte, percutante – du moins c’était mon but – terme qui, dans notre culture, me paraissait le mieux adapté…
L. et T. : La lecture de votre récit nous a fait penser, par certains aspects, d’une part aux romans de science-fiction de Conan Doyle et d’autre part à certaines pages de Jean Raspail. Vous y évoquez la fin d’un monde voué à la destruction, mais aussi sa renaissance grâce à quelques survivants qui rebâtissent la civilisation, par un retour à des principes moraux et religieux et des traditions. Pensez-vous que la situation que vous décrivez puisse être un jour réalité ?
B. G. : Personne, ici-bas, n’est propriétaire de l’avenir, ni les politiciens qui n’ont – en république – de projets et d’idées que pour le temps qui les sépare de leur élection d’hier à celle de demain qu’ils espèrent, ni les analystes qui nous expliquent doctement sur les écrans les actes de la catégorie précédente. Pas même les prédicateurs qui, depuis 70 ans, au lieu de nous parler le dimanche de l’éternité nous parlent, pour la plupart d’entre eux, des migrants de l’océan Viking. Restent les historiens, qui n’intéressent plus personne depuis que l’Éducation nationale est devenue, selon un auteur célèbre, une « fabrique de crétins » [4]…
Ces fâcheux connaisseurs du passé nous rappellent que chaque période de délire monétaire, depuis l’Empire romain, en passant par les assignats de la Révolution française et le montage de la crise de 1929, après celle de 1905 de moindre réputation, par la FED, s’est terminée par une guerre. Le fantasme du CO2 engendre celui de l’extrêmement ruineuse transition écologique – 13 000 milliards de dollars dit-on – dont 1200 milliards d’euros pour l’Europe et 145 par an pendant 10 ans pour la France. La plaisanterie du Covid ayant sérieusement détruit les bases financières de l’Occident, pour la plus grande joie des banques, on sait que la machine à monnaie « bidon » – donc à inflation – va continuer de tourner à plein pendant longtemps. On connaît, grâce aux historiens, l’épilogue probable…
Le Soleil aime les Créatures, et il tente, par ses leçons, de sauver les « bipèdes ». Rien ne dit que ces derniers ne seront pas assez stupides pour ne plus avoir besoin de ses leçons…
L. et T. : Si l’on suit bien le fil de la fable que vous nous proposez, le « réchauffement climatique » ne serait qu’une vaste entreprise financière et mondialiste destinée à réduire en servitude le genre humain…
B. G. : Que ce soit une entreprise mondialiste et financière est une évidence que maints auteurs ont démontrée bien avant moi. Il suffit de voir les pedigrees, tous parfaitement mondialistes, des individus qui défendent cette théorie et surtout qui promeuvent les conséquences de la « transition écologique ». Je ne serai probablement plus là dans 20 ans, mais les jeunes lecteurs seront alors les acteurs du drame mondial qui résultera de la quasi-impossibilité de dépollution des voitures électriques et des éoliennes. Qui font, aujourd’hui, la fortune des banques en attendant leurs prochaines illuminations technologiques désastreuses, mais profitables… La 6G par exemple.
Quant au gouvernement mondial, dont le réchauffement est un des prétextes – comme la « pandémie » d’ailleurs, en attendant d’autres terreurs à venir (on relance en ce moment les extra-terrestres !!!…) – que peut-il être sinon une dictature féroce ? Comment gérer des milliards de personnes à partir de l’East River – ou de Jérusalem selon Attali, mais ce serait moins confortable ! – sans un contrôle total et dictatorial ?
Petite idée de l’usage du passe vaccinal : sanitairement tout le monde s’en fout. Par contre, pour mettre au point les logiciels informatiques efficaces de contrôle de la population à partir de QR codes sur smartphones en attendant les puces sous-cutanées, il est bien utile… L’Occident ne va quand même pas acheter cette informatique aux Chinois, ce ne serait pas démocratique !
L. et T. : Pascal Bernardin, qui fut l’auteur, il y a déjà une bonne vingtaine d’années, d’une somme sur l’Empire écologique ou la subversion de l’écologie par le mondialisme[5], y décelait « la création d’une spiritualité globale, païenne, panthéiste, visant à détruire le catholicisme et à préparer le règne de l’Antéchrist ». L’écologie est-elle devenue la nouvelle religion ?
B. G. : Le Christ a dit – Matt. 28-19 – à ses apôtres : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant… ». Il n’a pas dit de baptiser « le monde » ni « tous les hommes ». Car son Père voulait la diversité du monde pour, d’abord, y éviter l’ennui, et surtout pour rendre sa Création la plus aimable possible en vue de Sa Louange. L’Église catholique, supposée diffuser la parole du Christ, est donc par définition l’ennemie absolue du mondialisme : elle défend l’existence des nations que le mondialisme veut absolument supprimer…
À noter qu’il s’agit, sous un autre angle plus politique, de l’opposition absolue entre les utopistes qui défendent une forme ou une autre de « paradis sur terre » et les catholiques pour qui le Paradis est « ailleurs ».
Rousseau, dans son Contrat social (Livre IV, chapitre VIII) expliquait en 1762 qu’une religion doit toujours accompagner un système politique pour qu’il fonctionne. Les promoteurs du gouvernement mondial le savent, et il leur faut donc en créer une. Ils ont donc mis en place monsieur Bergoglio, qui, comme pape, mélange chaque jour le catholicisme avec les autres croyances : paganisme (Pachamama au Vatican), Islam-judaïsme (Complexe interreligieux d’Abu Dhabi), déclarations parfaitement mondialistes sur l’écologie et autres actes de la même inspiration.
Le catholicisme ne sera donc pas détruit, il sera dilué, pour créer la bouillie religieuse dont aurait besoin le gouvernement mondial.
Mais comme toutes les utopies, celle-là s’effondrera : l’Hubris – la démesure – n’a jamais conduit au succès…
Propos recueillis par Louis GRAVÊTHE
[1] – Les Burgraves, 1843.
[2] – Autopsie d’un assassinat. En route pour une dictature mondiale (2020, 264 p.) et Démolition. Un bilan sans concession sur l’état de la France (2021, 300 p.), tous les deux récemment réimprimés aux Éditions de Chiré.
[3] – Râ… râle ! Petite fable écologique (Éditions de Chiré, décembre 2021, 64 p., 7,50 €).
[4] – Jean-Paul Brighelli, La Fabrique du crétin : la mort programmée de l’école (Éditions J.-C. Gawsewitch, 2005).
[5] – Éditions Notre-Dame des Grâces, 1998. Voir également son étude sur l’Effet de serre et la révolution écologique (tiré à part du no 601-602, mai-juin 2007 de Lectures Françaises, réédition Éditions de Chiré, 2022, 44 p.).
La lecture de cet article extrait du numéro 779 (mars 2021) de Lectures Françaises vous est offerte en intégralité. Pour découvrir le sommaire du numéro et le commander, c’est ICI !