L’actualité toute récente, la guerre en Ukraine, la forte augmentation des prix de l’énergie (gaz, électricité et pétrole), la baisse du niveau de vie de la ménagère à la suite du retour de l’inflation, le déficit de la balance commerciale de la France au niveau astronomique de 165 milliards d’euros pour l’année 2022, m’oblige à modifier l’ordre de ces autres articles, pour parler, aujourd’hui, de : La crise actuelle de l’énergie.
J’en donnerai tout d’abord les raisons. Ces raisons sont si nombreuses que j’en aurai certainement oublié quelques-unes : le lecteur attentif m’aura déjà pardonné. Pour passer en revue le maximum de ces raisons, je devrai remonter dans le temps, certainement sur plusieurs décennies. Je ferai ensuite des propositions concernant notre politique énergétique pour remédier à cette crise. Ces propositions ne devaient être publiées que bien plus tard dans la série initiale des articles économiques, mais leur publication précoce me permettra de justifier, encore plus rapidement, le remplacement du libéralisme par le patriotisme.
Qu’est-ce donc que cette crise de l’énergie ? Ce fut tout d’abord, pour les Français, la crainte de manquer successivement de gaz puis d’électricité.
Quand la France s’inquiétait pour le retard du remplissage des stocks souterrains de gaz sur son territoire, le gouvernement a obligé brutalement tous les utilisateurs de gaz (les particuliers comme les industriels) à diminuer, sur le champ, de 30 % leur propre consommation. Pour les particuliers, cette décision avait pour conséquence de réduire leur consommation d’eau chaude, ce qui, en définitive, ne fut pas trop grave. En revanche, pour les industriels, dans lesquels certains boulangers étaient inclus, les conséquences étaient dramatiques, car elles pouvaient conduire certaines entreprises à fermer boutique.
Quand la France s’inquiéta, quelques mois après cette première alerte, de futures coupures d’électricité pendant l’hiver suivant, le gouvernement décida de limiter à 19 °C la température mesurée dans tous les logements, bureaux et ateliers, tout en refusant de couvrir de vêtements en laine les nouveau-nés comme les habitants frileux. Les coupures d’électricité n’eurent pas lieu, mais la limitation à 19 °C est toujours restée d’actualité.
Le troisième et dernier volet de cette crise fut l’augmentation des prix à la pompe. La réaction du gouvernement fut étrange : il demanda aux stations-service de vendre l’essence à perte. Les distributeurs ont refusé de le faire, car la vente à perte est interdite selon notre propre loi du commerce. La deuxième raison du refus était que vendre à perte aurait conduit de nombreuses petites stations à tomber immanquablement en faillite et devoir fermer aussitôt.
Cherchons les nombreuses raisons qui seraient responsables de ces crises successives et qui expliqueraient les réactions étonnantes de notre gouvernement. C’est la conjonction de plusieurs événements ou décisions qui seront présentés chronologiquement dans cet article. Ces événements sont les suivants : la promotion des éoliennes et du solaire par la Commission européenne, l’introduction de la politique de « l’Energiewende » en Allemagne, la création en France du dispositif de l’ARENH, l’introduction de « l’Agenda vert » dans toute l’Europe, la volonté des États-Unis de vendre leur GNL (Gaz Naturel Liquéfié) et enfin toute une série de plus petits événements, également présentés chronologiquement.
Promotion des éoliennes et du solaire en Europe
En 1997, eut lieu la réunion internationale de Kyoto sur le climat qui a conduit tous les pays du monde (sauf les États-Unis et la Chine) à s’engager à réduire les émissions de gaz carbonique (ou CO2) issu de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), émissions en provenance aussi bien de chaudières particulières que de grosses centrales thermiques. Simultanément a été créé, sous la houlette de l’ONU, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (ou GIEC) avec un représentant auprès de chacun des pays pour s’assurer que l’engagement pris par chacun des pays était bien respecté.
Pour compenser la baisse de production d’énergie par la baisse prévue des émissions de CO2, la Commission européenne a fait la promotion des énergies dites « renouvelables » comme les éoliennes ou les centrales solaires, dans la mesure où ces énergies ne produisent théoriquement pas de CO2. Ces énergies sont malheureusement intermittentes : les éoliennes ne produisent de l’électricité que 25 % du temps et les centrales solaires 15 % seulement. Il était donc nécessaire d’une part de prévoir une énergie de remplacement lorsque les éoliennes et les centrales solaires ne fonctionnaient plus, faute de vents ou de soleil, énergie de remplacement qui devait être des centrales thermiques et il était nécessaire d’autre part de convenir que l’électricité produite par ces renouvelables était, sans retard et avec priorité, injectée dans le réseau national d’électricité. Ces énergies renouvelables sont de plus d’un fonctionnement coûteux, le prix du kWh renouvelable étant de 2 à 3 fois le prix du kWh nucléaire. Les propriétaires de renouvelables devaient être assurés de vendre leur électricité à un prix leur permettant un certain profit et devaient bénéficier d’un tarif très favorable. C’est donc bien l’introduction des renouvelables dans le réseau national d’électricité qui a été la cause de la première élévation du prix du kWh payé à EDF par le Français moyen. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)
Pascal RENARDET
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