Action Française à… l’action ! Éternel et controversé Maurras… Encre et sang, paroles et combats… qu’est-il sorti de l’Action Française qui ne rassemble pas les Français, même s’ils l’ignorent encore ? Si l’on en croit Stéphane Blanchonnet interrogé ici, il y aurait un renouveau de l’ A.F dans les universités. À suivre de près alors… Bravo messieurs pour votre fidélité capétienne qui va à contre-courant du torrent déchaîné de la révolution. En France, on ne sépare Dieu du roi, ni le Roi du peuple.
Lu pour vous ce matin dans « Présent » :
— Pouvez-vous définir le concept de « républicain intelligent », terme désignant un certain nombre d’intervenants sur le site du colloque ?
À nos yeux, un républicain intelligent est quelqu’un qui ne confond pas la France avec la République, que ce mot désigne la forme républicaine de gouvernement (dont la durée est assez réduite si l’on considère l’histoire plus que millénaire de notre pays) ou le projet idéologique inspiré par la philosophie des Lumières dont ce régime est le support historique. L’A.F n’a aucun mal à dialoguer avec ce type de républicains « intelligents », puisqu’elle a elle-même été fondée à la fin du XIXe siècle par des républicains patriotes et sans préjugés.
— Comment expliquez-vous le succès grandissant de l’ A.F dans les universités ?
Ce succès n’est pas une première pour nous puisque, dans sa longue histoire, l’ A.F a dominé à plusieurs reprises la vie intellectuelle et militante à droite (même si le classement de notre mouvement « à droite » est plus une facilité de langage qu’une réalité de fond). Mais il est vrai que, depuis quelques années, nous connaissons un renouveau militant tout à fait exceptionnel, que l’on peut attribuer à de multiples facteurs : le prestige de notre école de pensée, la qualité de la formation dispensée par l’ A.F, notamment dans les derniers C.M.R.D.S (nos universités d’été), le dynamisme de certaines sections comme Marseille, Lyon ou Bordeaux et bien sûr Paris, la communauté de vue au sein de la direction du mouvement (comité directeur, journal, secrétariat général) et le travail de structuration et de professionnalisation du mouvement réalisé par le secrétariat général.
— « Une république chrétienne administrée par un Salazar est préférable à certaines monarchies laïques ou « maçonnisantes » dont l’histoire offre quelques cas » Amiral Auphan (Mensonges et vérité, 1949). Des pays bénéficiant de régimes monarchiques n’ont pas empêché la décadence et le délitement moral de leur pays (Espagne, Belgique, Royaume-Uni…). En quoi la France aurait-elle une destinée différente avec un roi à sa tête ?
L’A.F ne cherche pas à s’inspirer de modèles étrangers. La monarchie que nous voulons n’est ni un régime parlementaire, ni une dictature mais correspond au modèle capétien avec un État fort et indépendant en haut (ce que permet l’hérédité) et une société libre et autogérée en bas. Autrement dit, notre réforme des institutions serait profonde. Les monarchies héréditaires qui subsistent en Europe n’ont conservé que la dimension symbolique et unificatrice du monarque. Pour nous, c’est insuffisant : le roi doit régner ET gouverner mais, en même temps, L’État doit se concentrer sur ses fonctions régaliennes et cesser d’empiéter sur des domaines où son action est illégitime. Sur la question qui semble vous préoccuper plus particulièrement, il est tout à fait évident, par exemple, que ce n’est pas à l’État de définir ou de redéfinir ce qu’est une famille.
— De Marine Le Pen à l’extrême gauche en passant par Emmanuel Macron, le slogan « ni droite, ni gauche » est en vogue. Assiste-t-on pour autant à une conversion massive à la pensée contre-révolutionnaire ?
— Non, cela n’a évidemment rien à voir. Il n’est cependant pas inintéressant d’observer qu’un certain populisme (mot que je ne prends pas en mauvaise part) remet en cause la légitimité du régime des partis et des élites du monte de la politique et des médias. Cette contestation des vieux clivages partisans pourrait nous être particulièrement favorable. À nous d’être suffisamment audibles pour expliquer que les maux dont se plaint l’opinion sont consubstantiels au régime républicain quand il n’est pas temporairement transcendé par des circonstances exceptionnelles ou une autorité de type charismatique.
— Comment comprenez-vous la formule si souvent citée de Maurras, « Tout désespoir en politique est une sottise absolue » ?
Maurras signifie par cette formule que la nature sociale de l’homme ne pouvant être changée et la nation demeurant le seul lieu pour l’exercice plénier de la fonction politique, il y a en quelque sorte de l’espoir tant qu’il y a de la vie nationale. Or le déclinisme à la mode ne doit pas nous empêcher de voir que le pays réel vit, produit, qu’il y a encore des ressources morales et matérielles dans notre pays. La large mobilisation, désintéressée de surcroît, que nous avons connue de toute une nouvelle génération militante contre la loi Taubira me paraît, dans le passé récent, une raison d’espérer.
Propos recueillis par Louis Lorphelin