Lectures Françaises

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Je me souviens ! par Philippe Ploncard d’Assac

ByLectures Francaises

Jan 17, 2016

Henry Coston était de peu le cadet de mon père, tous deux nés en 1910, Coston en décembre, mon père en mars.

Si j’en crois la tradition orale familiale, c’est mon père qui aurait amené son ami Coston à la politique, ce qui n’était peut-être pas un cadeau en définitive, vu ses persécutions et emprisonnements dans les geôles gaullistes de première génération, celles de l’Épuration.

Quoi qu’il en soit cet engagement aura eu l’immense mérite de révéler un des plus solides piliers du nationalisme français de l’entre-deux guerre et après.

Tous deux avaient commencé leur engagement politique à l’Action Française, attirés par la rigueur de la critique anti-démocratique de Maurras et plus tard au PPF de Doriot, pour son aspect social indissociable de l’engagement nationaliste.

Même si cela ne nous a pas facilité la vie et nos carrières, nous pouvons, nous les enfants de ces hommes être fiers de ceux qui, malgré les persécutions, restèrent fidèles à la défense de notre héritage national.

Que dire aussi des femmes de ces hommes qui les aidèrent à supporter l’injustice, la haine, la vengeance de ceux dont ils avaient combattus les idées néfastes pour notre patrie ?

C’est par de tels exemples que se transmettent les idées, les dévouements qui maintiennent la mémoire nationale envers tous ceux qui voudraient la faire disparaître.
Transmettre les idées, transmettre la mission !

C’est bien cela que la Seconde Révolution française a voulu empêcher, en massacrant les cadres de la Révolution Nationale du maréchal Pétain et les notables de province qui par leur rayonnement, leurs capacités professionnelles tenaient leur région.

Comme au moment de la Révolution dite française il fallait que disparaissent ceux qui s’opposaient au progrès de la Révolution.

Les responsables de la Débâcle et les lobbies anti-nationaux que Vichy avait su neutraliser, se devaient de fabriquer des coupables pour que eux, n’aient pas de comptes à rendre du désastre de 40.

Ils faisaient leur, le mot de Robespierre au procès de Louis XVI : « Si Louis n’ est pas coupable, c’en est fait de la Révolution » !

Je ne sais si les jeunes d’aujourd’hui, formatés par l’école de la République, peuvent imaginer la grandeur du courage tranquille de ceux qui continuèrent à sa battre pour leurs idées, malgré les condamnations et les risques pour leur existence.

De 89-93 à la révolution bolchevique et à l’Épurations, la technique est toujours la même : faire disparaître ceux qui pourraient transmettre les idées, ceux qui connaissent l’adversaire.
Il est de fait qu’à la suite de l’Épuration, trop peu nombreux furent ceux qui purent continuer à transmettre. Aujourd’hui nous pâtissons encore de ce déficit.

L’Épurations, que Coston a subit avec tant d’autres, qui n’y ont pas survécu, a eu deux fonctions : éliminer le maximum d’opposants à la Révolution et terroriser ceux qui auraient eu des velléités de continuer le combat.

Les scènes atroces de tortures que même la presse de l’époque, issue de la Libération, rapportait effarée et que Henry Coston, avait résumé dans un petit livre : Le Livre Noir de l’Épuration, peuvent seules faire comprendre aux nouvelles générations la haines et la fureur de ceux qui n’ont qu’un but : détruire la France et ce qu’elle représente.

« Un régime d’abattoir » dénonçait le Père Panicci dans son homélie du dimanche des Rameaux 1945, à Notre-Dame de Paris !

Devoir de mémoire ! Sans elle on ne peut comprendre à quel adversaire nous avons à faire pour pouvoir le combattre efficacement.

Cela Henry Coston et ceux de sa génération, l’avaient compris, ils ont transmis.
Sans leur travail de formation historique et doctrinale, jamais il n’y aurait eu l’émergence du Front National qui hélas n’a pas su y rester fidèle.

Coston, malgré le handicap de son âge avait gardé toute sa lucidité et était très critique envers les glissements successifs de la mouvance nationale vers le gaullisme et le « système », sous l’influence du Club de l’Horloge, qu’il avait synthétisés dans l’une de ses dernières brochures, Infiltrations ennemies dans la Droite nationale, et que j’avais été un des premiers à dénoncer dès 1992.

Tout naturellement quand je décidais d’écrire Le Nationalisme Français, c’est vers Coston, le fidèle ami de la famille, que je me tournais pour la préface.

C’est encore à lui que je dois le conseil de créer un organe personnel de formation doctrinale, de façon à être indépendant des autres organes de presse, même amis, qui publiaient déjà mes études.

C’est ainsi que naquit en avril dernier, La Politique, la Lettre d’information et de formation mensuelle de nos Cercles Nationalistes Français.

C’est ainsi que les aînés donnent le petit coup de pouce à ceux qui les suivent, pour qu’ils transmettent à leur tour et assurent la relève.

A l’occasion de la mort de Henry Coston je voudrais que les plus jeunes, qui vont devoir poursuivre le combat pour la pérénité de la France, réalisent ce qu’ils doivent à des hommes comme lui, comme Brasillach, comme Bar-dèche, comme Bernard Fây, comme Léon de Poncins, comme Saint-Paulien avec son oeuvre politico-romanesque, dont son extraordinaire Bataille de Berlin et le Rameau Vert, comme mon père avec son oeuvrer doctrinale sur la maçonnerie et le nationalisme.

Outre Les Financiers qui mènent le monde et les oeuvres qui suivirent, dénonçant le danger de la Haute finance apatride et cosmopolite, on doit à Henry Coston le Dictionnaire de la Politique française et la création de Lectures françaises, reprises par Jean Auguy.

Que ceux qui vont devoir assurer la relève, se persuadent bien que, sans travail, sans lectures, sans formation préalable, sans savoir ce qu’ils ont à défendre et contre quel ennemi, leurs réactions ne resteront que sentimentales, épidermiques, faciles à duper, à décourager.

Nous devons nous souvenir de nos anciens, les honorer pour l’exemple qu’ils nous ont donné et profiter de leurs expériences qui leur ont coûté si cher.

C’est le meilleur hommage que l’on puisse leur faire.

Pour continuer à servir notre pays.

Voilà tout ce que je voulais dire à Gilberte Coston, à Micheline, leur fille, au nom de toute ma famille, avec toute notre affection.

Philippe PLONCARD D’ASSAC
Président des Cercles Nationalistes Français

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