Les cours des matières premières se maintiennent à de faibles niveaux de prix depuis le début Lu pour vous dans de l’année. Des facteurs conjoncturels et structurels expliquent ce phénomène:
Lu pour vous dans Les 4 vérités hebdo.
– Une demande chinoise atone (taux de croissance de 6 %, le plus faible depuis 25 ans),
– Un ralentissement économique mondial (hors Afrique) dans les zones à forte croissance (Asie du Sud-Est, Amérique Latine), et une progression modeste en Europe et aux États-Unis.
Plus spécifiquement, les cours du pétrole (et du gaz) avaient chuté de près de 50 % en fin d’année 2016 pour atteindre un plus bas à 26 US$/baril.
La prévision de 70 US$/baril en moyenne, en 2017, envisagée par les experts, ne se matérialise pas pour le moment. Les prix, après avoir touché un plus haut à 55 US$/baril, ont à nouveau plongé.
L’OPEP et ses partenaires, dont la Russie, ont décidé de poursuivre leur effort de limitation de leur production respective, afin de soutenir les cours, mais la Libye, l’Iran et le Nigeria ont augmenté leur extraction.
De plus, l’OPEP n’a pas intérêt à ce que les prix flambent, ce qui relancerait le pétrole de schiste aux États-Unis. Les producteurs américains de schiste, qui ont subi de plein fouet la chute des cours, verraient, en effet, d’un bon œil les prix du baril remonter à un ni-veau leur permettant de retrouver une rentabilité (proche des 55 US$/baril).
La conjoncture économique, financière et sociale sur notre planète ne semble pas satisfaire tout le monde.
À en croire les dernières élections, en particulier en Europe, les «masses laborieuses» ne se montrent pas aussi enthousiastes que certains analystes, qui eux, se félicitent des cours historiques des actions, de l’argent généreusement octroyé par les banques centrales aux institutions financières, et du soutien inconditionnel de ces mêmes banques centrales pour les actifs financiers « pourris ».
En effet, la Banque centrale européenne (BCE) rachète les dettes souveraines et même les obligations d’entreprises, quand le système n’en veut plus car elles sont trop risquées!
Ces rachats à vil prix ne sont pas autorisés stricto sensu dans les statuts de la BCE, mais des artifices juridiques font fi de ces interdits. Que ne ferait-on pas pour aider les copains?
Votre argent sert donc bien ce système pourri, inefficace, voire inutile. Les banques exercent-elles encore leur métier d’intermédiaires – à savoir prêter de l’argent à des porteurs de projets ou des entreprises désireuses d’investir?
Le secteur bancaire européen n’en finit pas de se lézarder et de sérieux doutes subsistent au sujet de la «fin de la crise », ce qui ne manque pas non plus d’inquiéter les marchés.
Le contribuable italien paiera ainsi 750 € en moyenne pour la survie des banksters.
Le gouvernement italien s’est engagé le 25 juin à verser jusqu’à 17 milliards d’euros pour sauver les activités saines et éponger les créances douteuses de Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, deux banques régionales qui représentaient une menace pour le système financier du pays. Les deux établissements seront liquidés, mais leurs actifs sains repris par Intesa Sanpaolo, la plus grande banque et la plus stable du pays, permettant d’éviter des licenciements secs et de protéger les déposants. L’opération est un « happy end » pour les banques italiennes, car elle supprime le «risque systémique », ont estimé les analystes de Crédit Suisse.
La défaillance des deux établissements aurait entraîné une intervention immédiate du fonds de résolution interbancaire pour un montant estimé à 12-13 milliards d’euros, ce qui aurait probablement mis en difficulté un certain nombre de banques au patrimoine insuffisant. Mais l’opération se révélera coûteuse pour les contribuables.
Si le montant débloqué par l’État va jusqu’à 17 milliards, cela représentera 1 % du PIB italien. Mais « la morale de cette histoire est que, plus on attend pour résoudre des problèmes bancaires, pire la situation devient, note l’ancien directeur général au ministère des Finances italien. On aurait dû s’attaquer au problème général il y a bien longtemps et les responsabilités sont également partagées entre Rome, Bruxelles et Francfort.» En Italie, comme en Grèce, en Espagne ou ailleurs, le secteur de la finance est explosif.
Les autorités de contrôle sont pleinement conscientes de la situation, elles possèdent les outils pour restructurer le secteur financier, mais le manque de courage et l’inféodation au pouvoir rendent les réorganisations difficiles, voire impossibles.
Pieter Kerstens
Les 4 vérités hebdo n°1107 du 25 août 2017