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Immigration : l’épreuve des chiffres, l’heure des comptes – Entretien avec André Posokhow

Immigration  l’épreuve des chiffres, l’heure des comptes – Entretien avec André Posokhow

Lectures Françaises : Pourquoi avoir écrit ce livre sur l’immigration et ses chiffrages après les diverses études qui ont été réalisées précédemment par le regretté Pierre Milloz, une équipe de Lille dirigée par Xavier Chojnicki, Gérard Pince, Jean-Paul Gourévitch et Polémia en 2015 et quelques autres ?

André Posokhow : C’est un domaine éminemment évolutif avec une progression sensible des chiffres de l’immigration régulière comme de l’asile ou de ce qu’il est possible de subodorer des arrivées irrégulières. Cette progression prend de plus en plus l’allure d’un raz-de-marée qui ne peut manquer d’influencer aussi bien les données démographiques que celles des dépenses et du coût net qu’il entraîne. Or, sauf dans le cas de Jean-Paul Gourévitch qui actualise périodiquement ses ouvrages sur ce thème, les autres travaux reposent sur des bases chiffrées qui datent au moins de 10 ans. J’ai donc souhaité présenter mes propres versions de l’actualisation du flux et du stock immigrés en termes humains et du résultat net de cette immigration en termes de finances publiques.

L. F. : Pourquoi deux tomes ?

A. P. : Le premier tome : Immigration : l’épreuve des chiffres[1], n’a qu’un objectif démographique qui est en premier lieu de chiffrer et détailler les flux nets annuels d’arrivées d’immigrés en France qu’ils soient réguliers ou irréguliers ainsi que la présence immigrée en France c’est-à-dire les stocks. Je pense en effet qu’au vu de l’évolution du phénomène de ces dernières années les chiffres qui sont cités, par exemple 400 000 entrées annuelles sont très souvent variables selon les personnes, approximatifs et pas toujours suffisamment documentés.

Le deuxième tome [2] souhaite sortir de la problématique habituelle du coût de l’immigration qui est un éternel champ de bataille, qu’il soit ou non établi sur la base d’un raisonnement économique ou scientifique. Il se fonde sur une méthode comptable simple qui consiste à présenter une sorte de compte de résultat annuel de l’immigration en termes de finances publiques.

L. F. : Sans trop nous étendre sur la méthodologie quels ont été vos choix essentiels en la matière ?

A. P. : L’année de référence que j’ai choisie est 2019 qui m’a semblé la plus caractéristique. En effet les années 2020 et 2021 ont été du point de vue démographique, largement polluées par la pandémie et le confinement. De plus ce tome ayant largement été écrit en 2021 la documentation concernant ces deux années n’apparaissait pas complète.

Les populations concernées dans mes travaux ont été les immigrés qu’ils soient étrangers ou naturalisés et les descendants directs de ces immigrés appelés première génération.

Ont été présentés d’une manière distincte les flux et les stocks des immigrés originaires de pays tiers et ceux originaires de pays européens, hormis la France. Pour faire court, les pays tiers sont composés des pays du continent africain, des pays asiatiques et de ceux du continent américain et de l’océan Pacifique. Les pays européens sont ceux de notre continent au sens large.

Le domaine de mes calculs a été celui des finances publiques : étatique, social, collectivités territoriales.

La source documentaire principale des travaux a été l’INSEE (Institut national des statistiques et des sciences économiques).

L. F. : Était-il judicieux de faire reposer vos travaux sur l’INSEE qui fait l’objet de nombreuses critiques ?

A. P. : Il est vrai que l’INSEE fait l’objet de critiques parfois virulentes comme celles que lui a adressées la grande démographe Michèle Tribalat en septembre 2019 dans Le Figaro. Les chercheurs de l’INSEE ou de l’INED reconnaissent eux-mêmes des marges d’erreur de 1 à 3 %.

En fait il existe deux types de lacunes significatives.

Les premières sont l’absence d’études sur des sujets importants, voire fondamentaux :

  • le dénombrement des ESI (étrangers en situation irrégulière) présents en France ;
  • le nombre de binationaux et multinationaux en France. L’absence d’une estimation précise constitue un manquement grave pour l’appréciation du destin de notre pays, notamment en référence aux élections à venir (et à celles qui ont déjà eu lieu) ;
  • la lacune la plus importante à mes yeux est l’absence totale d’études officielles sur le coût de l’immigration ce qui explique que ce soit des auteurs qui ne sont pas démographes qui se sont lancés dans cette entreprise.

En réalité et il convient de le souligner, ce n’est pas l’Institut qui est en cause, ce sont les politiques. Très clairement ils ne veulent pas que ces chiffres soient établis et rendus publics. Je dispose d’un texte qui le démontre. C’est particulièrement le cas du dénombrement des ESI alors qu’il existe dans d’autres pays des méthodes d’évaluation de ce type de populations. Certains chiffres avancés par des ministres de l’Intérieur ont été des bobards purs et simples. J’ai essayé dans ce livre de pallier ces vides. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

Propos recueillis par la rédaction

[1] – Les Bouquins de Synthèse nationale, décembre 2021, 238 pages, 24 €.

[2]Immigration : l’heure des comptes (Les Bouquins de Synthèse nationale, mars 2022, 474 pages, 28 €).

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