Lectures Françaises

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Henry Coston, rue de l’Abbé Grégoire, par Francis Bergeron

ByLectures Francaises

Jan 20, 2016

Ce 25 mai 1969, l’adolescent qui franchit la porte de la Librairie française, rue de l’Abbé Grégoire, dans le VIème arrondissement, était bien intimidé. A 16 ans, on a le sentiment que les adultes ne peuvent vous prendre au sérieux. Surtout si vous entendez leur parler de politique, les assommer de vos toutes jeunes certitudes.

C’est dire si le jeune homme de ce 25 mai 1969 n’en menait pas large. Depuis plusieurs mois, il lisait Lectures françaises, qu’il avait découvert grâce à des encarts publicitaires dans Rivarol, et il mourait d’envie de rencontrer cet Henry Coston qui venait tout juste de publier son monumental Dictionnaire de la politique française (personne, et sans doute même pas lui, n’imaginait qu’il y aurait quatre autres tomes, ainsi qu’un Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires).

D’une voie timide, le jeune homme demanda « si Monsieur Coston était là ». Il était là, ressemblant parfaitement aux quelques photos de lui, qui avaient pu être reproduites à droite ou à gauche, à l’occasion, précisément, de la sortie du Dictionnaire.

Henry Coston était habillé de façon plutôt élégante, et portait une fine moustache. Un bon sourire illuminait son visage. Comme représentant de la « bête immonde », ce n’était pas vraiment cela…

Ce jour-là, Henry Coston me consacra un quart d’heure, pour me dire, essentiellement, que l’activisme ne suffisait pas, qu’il fallait lire, étudier les grands maîtres : Bainville, Drumont, Maurras, Daudet. Qu’il fallait aussi lire les adversaires, pour mieux les connaître, pour mieux les combattre. De bons conseils que je m’empressai d’oublier, pour me lancer à corps perdu dans dix grosses années de militantisme, d’activisme, d’actions à la Ravachol (de droite, bien sûr).

Aujourd’hui, je ne regrette rien. Mais je ne regrette pas les conseils de Coston, qui mûrirent quelques années plus tard, quand eurent été épuisés les joies de la bastonnade, des prisons soviétiques et de la guérilla au Liban.

A travers le souvenir d’Henri Béraud, j’essaie de défendre la mémoire des épurés de 1944, dont fut Coston, et qu’il soutint avec fougue dans sa revue. A travers l’Institut d’Histoire des Identités Nationale et Régionale, j’essaie de reconstituer, au profit des générations futures, ces accumulations de livres, revues et documents, qui faisaient tout le charme de la rue de l’Abbé Grégoire.

A la vérité, ce quart d’heure du 25 mai 1969, avec Henry Coston, fut plus déterminant que je ne l’ai pensé sur le moment et qu’il ne le pensa sans doute lui-même (en avait-il même gardé un quelconque souvenir ?).

C’est une bien modeste anecdote. Elle explique cependant pourquoi je peux parler de « mon maître Henry Coston ».

Francis BERGERON

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