La Droite nationale a perdu son « archiviste ». Après plusieurs hospitalisations, Henry Coston avait rejoint sa famille en Normandie. C’est là qu’il s’est éteint vendredi après-midi, à l’âge de 90 ans.
Sa vie a été toute consacrée à un prodigieux, à un incroyable rassemblement de documentation sur la vie politique française. Bornons-nous, en saluant la mémoire de cet immense travailleur, à dire que personne ne peut se passer — et ne se passe — de son oeuvre. Avec cette nuance que les amis, et, d’une façon plus générale, les gens honnêtes citent leur source, tandis que d’autres, inélégamment, s’en dispensent. Ce que cet homme, essentiellement bon confrère, sans jalousie, et toujours prêt à aider les autres, prenait avec quelque philosophie, dans laquelle discerner une imperceptible trace d’amertume, au surplus presque enjouée, exigeait de bonnes oreilles.
D’un mot, pour le moment, rappelons les trois aspects de ce qu’il accomplit :
- d’une part de gros livres, dont le plus célèbre est sans doute Les financiers qui mènent le monde, où Coston révélait les « mains cachées » qui tirent les ficelles des marionnettes visibles ;
- puis le Dictionnaire de la politique française, quatre volumes remis à jour, véritable réservoir d’informations sur les contemporains on avait d’ailleurs pris dès longtemps l’habitude de dire « le Coston », comme on dit « le Larousse » ;
- enfin, la revue Lectures françaises, mensuel de petit format, suivant au plus près l’actualité politique, toujours avec une volonté de démystification et de révélations. Lorsque l’âge et la maladie obligèrent Coston à réduire ses activités — mais non à les cesser, il ne les a cessées que vendredi dernier — il passa la main, pour diriger et éditer Lectures françaises à Jean Auguy, qui en assure la pérennité, cette revue venant d’atteindre sa 44e année, ce qui est un résultat extraordinaire vu la conjoncture. Sa collection est, elle aussi, une grande ressource pour les chercheurs.
Tout cela, donc, demeurera, et continuera d’être cité ou pillé.
A la veuve de Henry Coston, à sa fille, nous présentons nos condoléances bien attristées.
André FIGUERAS
NDLR — Cet article est paru dans le n° 4876 (31 juillet 2001) de Présent . Il est reproduit dans le n°533 de Lectures Françaises avec le consentement de son auteur et l’aimable autorisation de notre confrère.