Harkis :  » reconnus  » silencieusement, opportunément

Pour n’importe quel homme politique, aborder publiquement et à grand renfort de média le sujet de l’Algérie ou des harkis, signifie jouer avec un feu auquel les grandes écoles de manipulation de l’opinion ne préparent pas. Pour certains d’entre eux, c’est aussi, certainement, laisser la possibilité à un béotien simple lecteur, de remonter ce courant révolutionnaire contagieux  jusqu’à sa source : 1789. Voire même jusqu’aux colporteurs de division qui sillonnaient la France depuis plus de trente ans, harcelant une population dont la première nature est, justement, le manque d’intégrité.

Lu dans Reconquête :

MASSACRES DES HARKIS

DE MÊME QUE SARKOZY en 2012, mais au nom de la République, François Hollande a tenu à reconnaître la responsabilité des gouvernements français « dans l’abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie… ». Certes, mieux vaut tard que jamais. Mais quelle tristesse de devoir d’abord constater que ces rappels coïncident hélas avec d’évidentes intentions de récupération électorale sans vergogne. Et aussi, quelle prude discrétion, glo­balement, par le monde politico-médiatique, dans l’évocation de la réalité des faits et de la vérité.

Car la réalité des faits, ce fut en 1962 le véritable  » populicide  » des harkis. Ces derniers constituaient en effet l’auto-défense de toutes les couches des populations kabyles et arabes qui avaient choisi d’inscrire leur vie et l’avenir de leurs enfants dans la com­munauté française de destin : dès 1954, le FLN avait perpétré massivement parmi elles ses attentats terroristes, tor­tures et massacres avec des dizaines de milliers de victimes.

harkissacrifiesD’abord, le chiffre invoqué aujourd’hui de 75.000 victimes est très certainement bien inférieur à la vérité, si l’on considère que les atrocités ne se limitèrent pas à l’été de 1962 mais continuèrent pendant de longs mois encore dans les aimées 1963-1964. La réalité, ce fut celle des actes de cruauté, de sadisme, de barbarie : des milliers de malheureux furent selon les cas, tenaillés, ébouillantés, énucléés, émasculés, brûlés vifs ou enterrés vivants. La réalité, ce fut aussi l’am­plification des assassinats et atrocités encore dans la population pied-noir, et aussi dans la population juive. Et ce fut l’horreur, en juillet 1962, de l’en­lèvement, principalement à Oran et dans l’ Oranais , de plusieurs centaines de femmes européennes, plus de deux mille certainement, englouties dans l’enfer de la soldatesque fellagha.

Et la vérité, c’est qu’aux nouvelles de toutes ces abominations, l’ordre avait été donné à notre armée, par le Général De Gaulle, de ne pas intervenir. Notre armée était alors victorieuse, toute-puissante, elle pouvait sauver des dizaines de milliers de vie, empêcher les horreurs ici rappelées : on violait, on massacrait, on torturait aux abords des casernes et des camps où nos troupes étaient consignées. Et s’il y eut des officiers de l’honneur français pour ne pas accepter cela, il n’y eut pas de ministre pour se dresser contre cette honte, ni un Michel Debré ni un Edmond Michelet

Pour des jeunes gens comme moi ­j’étais alors lycéen à Tarbes — ce fut le cauchemar de notre jeunesse et la plus grande tragédie de notre vie d’enga­gement politique. Mais parce que nous rappelions sans cesse combien il y aurait eu d’autres voies pour l’avenir de l’Algérie et de la France que cet abandon dans l’horreur de crimes contre l’humanité, parfaitement évita­bles, nous fûmes injuriés, persécutés, traités d’extrémistes, de nostalgiques, de fascistes… calomniés par la gauche, méprisés par la droite des bien-pen­sants.

Sans orgueil je crois que ce fut notre honneur.

Ayant toujours distingué les musul­mans, considérés dans leurs personnes, de l’islam dans son principe totalitaire, ma pensée va souvent et plus particu­lièrement aujourd’hui à mes amis har­kis, et notamment à Zorah Krouk qui fut ma courageuse suppléante dans une élection législative dans mon départe­ment du Tarn. Elle va à ces femmes pieds-noirs enlevées, englouties, et pour lesquelles dans les années 1980-­90 nous organisâmes tant de manifes­tations d’exigence de la vérité, dans la triste indifférence hélas de beaucoup de Français. Pourtant, comme le savent nos com­patriotes d’origine arménienne, juive, cambodgienne — et aussi vendéenne — on ne construit pas d’avenir dans l’en­fouissement de la mémoire. C’est aussi cela, le juste combat pour la défense de l’identité française et chrétienne.

BERNARD ANTONY

Reconquête, n°331, octobre 2016

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