Monnaie : en parcourant les journaux ce matin, voilà ce sur quoi nous « tombons ». La surprise n’est totale que pour qui se fait principe de ne jamais se méfier. Dors petit troupeau, maman Marianne veille sur toi de son grand sourire carnassier à peine voilé (euh…caché… « padamalgame » : 500mgr/jour). En ce qui concerne la minorité pensante, c’est-à-dire celle dont les petites diodes témoins d’activité cérébrale sont allumées, le recoupement d’infos s’impose régulièrement. Réfléchissons simplement sur deux exemples :
1 – Attentats (surprise et fulgurant ?) = état d’urgence = fiches S et autres facilités de flicage pénal qui apparaissent, dans un contexte de surveillance générale déjà accru (caméras, contraventions par des forces de l’ordre soumise à la pression de la rentabilité, permis dur à obtenir, flicage de la pensée, censure des sujets de réflexion historique…etc.)
2 – Fraude (concerne une minorité) = prévision de la disparition du liquide (concerne la majorité « honnête ») = billet de 500 euros dégagé par la BCE qui parle d’une action ponctuelle (qui ne se rattache donc pas un plan). Un banquier qui ne planifie pas ??? Ouh là là… Contradictoire. Mais, si on ne pourra plus mettre de sous dans nos bas, coffres-forts personnels etc. : qu’ y mettrons-nous ?
Lu pour vous ce matin dans Présent :
Après l’annonce par la Banque centrale européenne (BCE) de la suppression du billet de 500 euros qui ne sera plus imprimé dès 2018, nombreux sont les observateurs à s’interroger sur l’éventuelle émergence à venir d’un monde sans argent liquide. Bien entendu, la BCE jure, la main sur le cœur, juste au-dessus du portefeuille, qu’il n’en est aucunement question et que la mesure ne représente qu’une contribution à la lutte contre la grande délinquance, les trafics en tous genres et, plus généralement, les activités illicites.
Pourtant, difficile de ne pas recouper cette décision de suppression de la coupure de 500 euros d’orientations et de prises de position convergentes au-delà de nos frontières. Dès 2013, par exemple, le gouvernement de Tel-Aviv mettait en place un comité chargé d’étudier la faisabilité d’une disparition programmée de l’argent liquide. Le gouvernement australien a annoncé, tout à fait officiellement son intention de supprimer les espèces pour 2022 tandis que la Norvège l’envisage pour 2020, en écho à une proposition de deux cents de leurs établissements financiers. Les exemples abondent de cette volonté affichée d’en finir avec les espèces sonnantes et trébuchantes et même l’une des plus importantes banques d’affaires au monde, la JP Morgan Chase refuse aujourd’hui les dépôts d’argent dans ses coffres. Une banque et pas des moindres refusant l’argent de ses clients dans ses propres coffres, voici qui en dit long et devrait nous interpeller.
Traçabilité totale
D’ailleurs, différentes mesures limitent déjà, progressivement, les possibilités d’utilisation des espèces monétaires. Ainsi le plafond fixé à 1 000 euros en France pour les paiements en argent liquide et l’impossibilité de retirer plus de 300 euros dans les distributeurs de billets sont autant d’indices d’une volonté du système bancaire de limiter leurs clients dans l’utilisation de leur propre argent. Cette mort annoncée du billet de 500 euros n’est vraisemblablement que la première étape d’une disparition de l’argent liquide avant l’imposition généralisée des moyens de paiement numérique, fut-ce pour un euro, et notamment du porte-monnaie électronique. C’est la garantie pour les gouvernements d’un flicage absolu, intégral, d’une traçabilité aussi sure que le numérique.
La lutte contre les fraudes et délits divers a certes bon dos et offre un alibi convenable mais comment ne pas pressentir que la suppression de l’argent liquide constitue une atteinte intolérable aux libertés individuelles et met le citoyen à la merci totale des gouvernements et des banques. Celui-ci ne disposera plus concrètement, techniquement, de son argent et se verra contraint de transférer l’ensemble de ses actifs au système bancaire. Il n’est pas anodin que rebondisse ce projet de numérisation complète de l’argent peu après l’émergence dans le débat public d’une anomalie, d’une monstruosité même, celle des taux d’intérêt négatifs. Le bas de laine de nos aïeux, la latte amovible du plancher ou le dessous du matelas risqueraient de redevenir, sinon un placement rentable, tout au moins la garantie de préserver ses économies.
Par ailleurs, le tout-numérique remettra les pleins pouvoirs aux mains des banquiers disposant du curseur de la consommation et leur permettant, au gré des conjonctures, de faciliter ou d’entraver la consommation. Une taxation accrue des avoirs permet de favoriser la consommation et vice-versa, comme a pu l’expérimenter le système bancaire chypriote encouragé par l’apathie des citoyens. La leçon semble avoir été comprise par la finance internationale. Cette dictature des banques a, maintes fois, été dénoncée et expliquée par Pierre Jovanovic et quelques autres mais il serait grand temps, urgent même, que les plus courageux des prétendants à la carrière politique s’intéressent de plus près à la question.
Arnaud Raffard de Brienne
Présent, mercredi 11 mai 2016, n°8605, p. 1.