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GIGN, BRI, RAID. Coopération forcée…

ByLectures Francaises

Mai 16, 2016

GIGN, BRI, RAID… Cet article va vous raconter l’histoire des troupes d’élite françaises, dont les compétences sont bridées par des technocrates qui n’ont jamais senti leurs tempes battre, leur cœur cogner jusqu’aux oreilles, leur crâne se « serrer » avant un assaut dans lequel on doit tuer pour faire vivre.  Ou mourir pour les autres. Il y a toujours eu des rivalités entre les différentes armes, c’est Tradition et cela peut produire une saine émulation : quand les cadres mettent des limites, tout de même… C’est donc l’histoire d’un rassembleur qui veut entasser des compétences et des spécialités bien définies pour rassurer la populace par le nombre (ridicule en plus), au lieu de proposer de faire passer en priorité les sous, les moyens, et l’assouplissement des conditions légales d’ouverture du feu. On n’est pas sortis les amis !

Lu pour vous ce matin dans Minute :

La guerre des polices, c’est fini ! C’est ce qu’a annonce le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, en présentant son nouveau « schéma national d’intervention ». Un schéma annoncé dès le mois de janvier dernier mais qui a été accouché dans la douleur, tant les susceptibilités des uns et des autres sont exacerbées. Non, ce n’est pas fini.

Un discours du ministre devant des troupes au garde-à-vous et un exer­cice inédit de ces mêmes troupes, gare Montpar­nasse à Paris, pour illustrer le discours : la réforme des unités d’intervention de la police et de la gendarmerie s’est accompagnée d’une belle opération de communication. En ces temps troublés, il faut bien rassurer les Français et leur montrer que ceux qui sont chargés de les protéger sont efficaces et unis.

Flics et pandores unis, c’est bien là l’objectif du ministre de l’Intérieur. Dé­sormais, les gendarmes du GIGN, les policiers du Raid et ceux de la BRI, la Brigade de recherche et d’intervention, sous les ordres du préfet de police de Paris, sont priés de travailler main dans la main. Une évidence pour les pékins que nous sommes, beaucoup moins pour ces unités d’élite entre lesquelles les rivalités sont féroces.

Et Cazeneuve apporta… le gâteau !

Cliquez ci-dessus…

736855374_1_7Il faut dire que, depuis les attentats de janvier et de novembre 2015, la guer­re des polices a repris avec férocité (Cf. « Minute » des 20 et 27 janvier dernier). Principal mécontent, le GIGN. L’unité d’élite avait en effet assisté, l’arme au pied et la rage au ventre, aux assauts du Bataclan et de Saint-Denis, en novem­bre dernier. À l’époque, pas un gendar­me n’avait été appelé, « zone police » oblige. Forcément, au GIGN, la pilule avait été un peu dure à avaler et on n’avait pas manqué de le faire savoir (tandis qu’un militaire de l’opération Sentinelle en patrouille près du Bataclan avait refusé de prêter son FAMAS à un policier de la BAC qui voulait interve­nir, au motif qu’il n’avait pas d’ordres).

Cliquez : quand on a lu ce livre, il ne reste plus qu’à agir, défendez-vous !

909_001À Satory, la base du groupe d’inter­vention, on avait également largement ironisé sur les incohérences de l’assaut de l’appartement où étaient retranchés, à Saint-Denis, des terroristes dont Abdelhamid Abaaoud, et notamment sur les 5 000 cartouches tirées à cette occa­sion alors que l’armement des assaillis ne le justifiait pas. En coulisse, certains dénonçaient l’incompétence des uni­tés de la police et la proximité de Ber­nard Cazeneuve et de Jean-Marc Fal­con, le grand patron des flics. Toujours selon les mêmes, leurs épouses seraient même très proches. Quand les femmes s’en mêlent…

587130314_131325Aussi, depuis quelques mois, chacun avançait ses pions. Chaque unité ne manquait pas une occasion de met­tre en avant ses résultats. Une vraie campagne électorale, avec ses coups tordus et ses déclarations dans la presse…

Eh oui. Quand ils nous verbalisent, certains ne le font pas de gaieté de coeur…

gir-basse-normandieSur le fond, le général Denis Favier, le patron de la gendarmerie, voulait faire sauter la compétence territoriale, qui ne laisse à ses hommes que les interventions à la campagne. Jean-Marc Falcon cher­chait, au contraire, à maintenir les pré­rogatives de ses troupes. Quant à la BRI, elle cherchait surtout à sauver sa tête et à empêcher le Raid, mieux coté et plus connu, de mettre un pied dans Paris…

Dans la mêlée, Bernard Cazeneuve cherchait, quant à lui, à calmer les poli­ciers et à rassurer les gendarmes. Pour preuve de sa bonne volonté, au prin­temps dernier, rendant visite au GIGN, il avait apporté un gâteau ! Véridique ! Les gendarmes présents n’en sont tou­jours pas revenus.

« C’est à qui aura la plus grosse ! »

On y parle d »ESPRIT » de défense, de vertus naturelles, d’honneur… On y redéfinit les choses au sens premier. Passionnant.

Au final, chacun a obtenu partiel­lement gain de cause. Les effectifs de la B.R.I, du Raid et du GIGN ont été ren­forcés et la compétence territoriale a été supprimée pour « l’intervention spécia­lisée ». Une défaite pour la police ? On peut le voir comme cela et certains ne s’en privent pas, insistant même sur la présence inédite du GIGN dans la capi­tale lors de l’exercice du 20 avril dernier. La zone de chasse gardée de la BRI n’est plus inviolable ! Résultat, c’est maintenant la police qui râle. Comme le résume un policier au journal «Mé­tro », entre les unités, « c’est à qui aura la plus grosse» ! Les luttes d’influence sont loin d’être terminées.

Quoi qu’il en soit, entre les « bleus » et les « blancs », c’est le premier arrivé, ou du moins le premier disponible, qui interviendra. Qu’importe le lieu de la prise d’otage ou de l’attentat. L’objectif affiché du ministre est simple : pas un point du territoire national ne doit être situé à moins de 20 minutes d’un grou­pe d’intervention, ce qui reste à démon­trer quand on regarde la carte : il ne vaudrait mieux pas qu’une attaque ter­roriste intervienne dans le Massif cen­tral ou dans le Limousin…

Quand on parle de groupe d’inter­vention, il ne s’agit évidemment pas que du GIGN, du RAID et de la BRI. Dans le schéma, les unités d’ « inter­vention intermédiaire », BAC (Brigade anti-criminalité) et PSIG (Peloton de surveillance et d’intervention de la gen­darmerie) se sont vus dotés de moyens supplémentaires et notamment de fusils HK G36. Pas un luxe, quand on connait la clochardisation de la gen­darmerie !

Quand on sent que ça va mal, il faut se soigner. Cliquez.

D’ailleurs, en Aquitaine, à l’occa­sion de la présentation à la presse du nouvel armement, les gendarmes du PSIG ont été contraints d’aller emprun­ter les fusils de leurs collègues du PSPG, un peloton de gendarmerie spé­cialisé dans la surveillance des centrales nucléaires ! Autrement dit, on désha­bille Pierre pour habiller Paul ! Histoire de faire sérieux devant les caméras…

Est-ce que ce nouveau schéma va fonctionner ? Rien n’est moins sûr. Il faudra du temps avant qu’un policier appelle en urgence une unité de gen­darmerie. Et inversement. Comme nous l’ont confié certains : «On verra la prochaine fois. » Parce que là, policiers et gendarmes sont tous d’accord : il y aura des prochaines fois.

Jean Masson

Minute , mercredi 11 mai 2016, n°2770, p. 3.

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