Lecture et Tradition : Nous vous remercions, Cristina Siccardi, d’avoir accepté cet entretien. Nombre de nos abonnés vous connaissent déjà grâce à votre collaboration avec Le Courrier de Rome, mais aussi pour la parution en langue française de Fatima et la Passion de l’Église en 2017. Fin 2022, c’est au tour de votre essai L’Hiver de l’Église après le concile Vatican II de sortir des presses en France. Peut-on voir une continuité entre ces deux ouvrages, notamment en ce que la période inaugurée par le concile Vatican II semble concrétiser des annonces faites par Notre-Dame à Fatima et lors d’apparitions antérieures ?
Cristina Siccardi : C’est une question cruciale, car la crise de l’Église ne s’inscrit pas dans un contexte seulement humain, mais aussi transcendant. Nous sommes en présence d’une lutte entre Vérité et erreurs, ce qui implique un plan céleste. Paul VI lui-même, qui clôtura un concile Vatican II plein d’objectifs illusoires pour le bien de l’Église et du monde, déclarait en 1972, sept années après la dispersion de l’Assemblée : il semble « que par quelque fissure la fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu »… C’était le jeudi 29 juin, en la solennité des saints Pierre et Paul ; devant une multitude de fidèles du monde entier, le souverain pontife célébrait déjà la messe selon le Novus Ordo, en vigueur depuis trois ans.
Les fruits du Concile étaient déjà décevants, et l’« hiver » commençait à ensevelir le Saint-Siège sous un manteau de froidure et d’erreur, à cause d’une lecture révolutionnaire et déformée des rapports entre le monde et l’Église : celle-ci renonçait à sa mission de conversion à la Vérité du Christ, pour « se convertir » aux idées libérales et séculières en vue d’instaurer un « dialogue » (mot programme de l’Église moderne) égalitaire entre des sujets aux opinions et aux religions différentes…
Voilà pourquoi les deux livres Fatima et la Passion de l’Église et L’Hiver de l’Église après le concile Vatican II sont inextricablement liés, en ce que Notre-Dame révéla aux pastoureaux de Fatima, dans les trois secrets, non seulement les problèmes du monde (risques de châtiments si l’humanité s’oppose à Dieu), mais aussi de l’Église, puisque la Sainte Vierge a explicitement demandé de prier et de faire des sacrifices pour le pape, sans en nommer un en particulier : il s’agit de la figure institutionnelle du souverain pontife en tant que tel. Sainte Jacinthe et saint François, ainsi que sœur Lucie, prirent à la lettre ces instances. Les apparitions de 1917 à Fatima sont uniques dans l’histoire de l’Église, car elles font pleinement partie de l’histoire du salut. La sœur Lucie dos Santos, grâce aux révélations célestes qui émaillèrent toute sa vie, déclarerait que la « famille » serait l’enjeu de la confrontation finale… Il y a eu des prophéties claires de la part de la Vierge Marie au sujet de la désintégration tragique de la société familiale. Nous pensons par exemple aux apparitions de Notre-Dame du Bon Succès en Équateur, où Notre-Dame parlait de notre époque. Il y eut sept apparitions entre 1588 et 1634. La Vierge décrivait il y a quatre siècles la situation présente du monde et de l’Église, lançant des avertissements et suscitant des espérances qui éclairent le temps de crise aiguë que nous traversons. Notre-Dame du Bon Succès prophétisa à la jeune supérieure du couvent de l’Immaculée-Conception de la ville de Quito, la mère Mariana de Jesús Torres Berriochoa (1563-1635), l’œuvre de la franc-maçonnerie plus d’un siècle avant sa création officielle (24 juin 1717).
Le 21 juin 1610, Notre-Dame prédit que la corruption morale se répandrait, parce que
« Satan régnera presque entièrement par le moyen de la secte maçonnique. Ils se concentreront principalement sur les enfants afin de soutenir cette corruption générale. Malheur aux enfants de ces moments ! […] Quant au sacrement du mariage, qui symbolise l’union du Christ avec son Église, il sera attaqué et profondément profané. La franc-maçonnerie, alors au pouvoir, promulguera des lois iniques dans le but d’éliminer ce sacrement […]. L’esprit catholique va rapidement être contaminé : la précieuse lumière de la Foi sera progressivement éteinte, jusqu’à la corruption presque totale des mœurs ».
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Propos recueillis par Philippe de LACVIVIER
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