Lu pour vous ce matin dans FAITS & DOCUMENTS
Donald Trump devant l’AIPAC
Moment crucial pour les candidats à la présidentielle américaine, la conférence politique annuelle de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), l’omnipotent lobby pro-israélien aux États-Unis, aura été l’occasion d’une véritable communion entre Donald Trump et les 18000 personnes amassées au Verizon Center de Washington, le 21 mars dernier.
Malgré les appels au boycott, seuls quelque 300 participants ont quitté la salle où le favori à la primaire républicaine, qui refusait catégoriquement jusque-là de prendre position sur la question palestinienne, a dit tout ce qu’il fallait dire pour séduire son auditoire.
Après s’être présenté comme un « soutien de longue date et ami réel Israël », il a rappelé avoir été « grand maréchal » à la parade de la journée d’Israël à New York en 2004. « Les Palestiniens doivent venir à la table de négociation en sachant que le lien unissant les États-Unis et Israël est absolument incassable… Ils doivent venir en étant prêts à accepter qu‘Israël est un État juif et qu’il demeurera un État juif pour toujours ». Surtout, Donald Trump a promis qu’une fois élu, l’ambassade des États-Unis en Israël serait transférée de Tel Aviv à Jérusalem, « capitale éternelle du peuple juif ».
À la manière de Benjamin Netanyahou, Donald Trump a mis en accusation Barack Obama pour l’accord signé en juillet dernier avec l’Iran, « le plus grand sponsor du terrorisme mondial […] en Syrie pour établir un nouveau front dans le Golan contre Israël, [qui fournit] des armes sophistiquées au Hezbollah libanais et [soutient] le Hamas et le Djihad islamique en leur donnant 7000 dollars pour chaque attaque terroriste et 30000 dollars aux propriétaires des maisons détruites par les Israéliens. »
Le discours s’est achevé par une standing ovation quand le milliardaire a évoqué sa fille lvanka, « sur le point d’avoir un magnifique bébé juif ».
Le lendemain, la présidente de l’AlPAC Lillian Pinkus a toutefois pris ses distances avec le candidat républicain dans un communiqué lu devant les délégués. Condamnant le discours de Donald Trump et ses attaques contre Barack Obama, cette dernière a averti sur un ton grave: « hier soir, quelque chose qui a le potentiel de nous diviser est arrivé ».
Notons par ailleurs que le faiseur de roi républicain Sheldon Adelson (cf. F&D 392), avec qui Donald Trump s’était brièvement entretenu à la mi-décembre en marge du dernier débat républicain organisé à l’Hôtel Venetian de Las Vegas (propriété de Sheldon Adelson), avait fait savoir, quelques jours avant la conférence politique annuelle de I’AIPAC, qu’il n’excluait pas d’apporter son soutien à Donald Trurnp si ce dernier emportait l’investiture républicaine.
FAITS & DOCUMENTS, n°413, 1er au 15 avril 2016, p.8.