En 1962, De Gaulle enterrait l’Algérie française ; huit ans après, la France enterrait De Gaulle. Et naissait alors le gaullisme. 45 ans après, le gaullisme n’a toujours pas disparu. Tous les hommes politiques de droite se disent gaullistes ? Pourquoi se réfèrent-t-ils tous à cet homme ? Est-il donc le seul personnage de la Ve République ? Ne savent-t-ils donc pas incarner leur propre personne ?
Pourtant De Gaulle, malgré ses défauts, représentait une France qui pesait dans le jeu de la politique internationale ; qu’en est-il des politiques actuelles à la veille de la signature du traité de libre-échange transatlantique ? Concrètement, de quoi s’agit-t-il ? Il s’agit de mettre en place une zone de libre-échange correspondant à un marché de plus de 800 millions de consommateurs. Ceci en imposant de nouvelles règles permettant d’exporter, importer et investir outre-Atlantique et inversement avec très peu d’obstacles : la mise à mort des économies locales afin de favoriser les multinationales.
Alors que les moutons de Bruxelles sont en train de manger dans les râteliers des multinationales, et ainsi de détruire encore plus le peu qui reste d’économie européenne, en se tournant vers l’Amérique. De Gaulle lui, il y a 50 ans, avait lâché le marché Atlantique, et donnait sa main aux communistes de l’URSS. Georges Virebeau nous explique dans ce numéro la trahison de De Gaulle à l’égard de ses électeurs de droite, en menant une politique de communiste. Quand nos politiques comprendront-ils que ce qui leur est demandé est de travailler pour le bien commun de la cité, le bien commun de la France. Quand défendront-ils les intérêts de notre pays ?
François-Xavier d’Hautefeuille
Le gaullisme est-il le fourrier du communisme ?
Lorsque nous écrivions, dans notre numéro de juillet-août 1957, sous le titre : « Retour du général De Gaulle au pouvoir ? », que le premier soin de « l’homme du 18 juin », s’il revenait au gouvernement, serait de brader l’Afrique française et de se rapprocher de l’Est, on ne nous a pas cru.
Même en septembre 1958, 90 % de nos amis ont apporté leurs suffrages au général De Gaulle, y compris certains de ceux que les nationaux considèrent comme leurs chefs.
Quelques années plus tard, l’Afrique, Algérie comprise, était larguée et le chef de la Russie soviétique était reçu en grande pompe à Paris.
Aujourd’hui, le tournant de la politique française est plus net encore. On n’en est plus aux paroles : on passe aux actes.
Le pacte atlantique est officiellement répudié. Seize mois après la signature par M. Giscard d’Estaing, au nom de la France, d’un traité commercial et financier accordant des crédits à très long terme à l’U.R.S.S., le président de la République française s’apprête à aller signer à Moscou un pacte avec les Soviets. Après avoir reconnu la Chine communiste, on tente de l’imposer à l’O.N.U. à la place de la Chine nationaliste. On interdit l’entrée en France du journal chinois anticommuniste publié par le gouvernement Tchang Kaï-chek pour laisser le champ libre aux seules publications de Mao Tsé-Toung qui ont pignon sur rue à Paris. On autorise les trusts français à équiper la Chine communiste et à renforcer le potentiel industriel et militaire de la Russie soviétique.
La France gaullienne agit exactement comme si elle était le fourrier du communisme. Seuls les aveugles volontaires, ceux qui ont intérêt à ne point voir, peuvent nier le péril que la politique de l’Elysée fait courir à notre pays, à l’Europe, au monde libre…
Et maintenant ? Que nous réserve De Gaulle ?
Deux mois plus tard, manifestant sa reconnaissance à ceux qui l’avaient si bien servi et poursuivant sa politique pro-communiste, le général De Gaulle :
– annonçait publiquement la rupture de la France avec le commandement de l’O.T.A.N. ;
– faisait expulser de ses locaux parisiens les représentants diplomatiques du gouvernement chinois nationaliste auprès de l’U.N.E.S.C.O. ;
– interdisait, par un décret de son ministre de l’Intérieur, l’entrée en France du journal chinois anticommuniste ;
– autorisait, par un décret du ministre de l’Intérieur, la diffusion en France du quotidien communiste italien L’Unita, qui avait été prohibé sous la IVe République.
La satisfaction affichée par les communistes prochinois est publique. Dans leur hebdomadaire de Bruxelles, La Voix du Peuple (n° 11, 18-3-1966), sous un titre s’étalant sur quatre colonnes ils ne cachent plus leur joie :
« Il est certain que le nouveau coup porté par De Gaulle aux impérialistes américains et le déploiement impétueux de la lutte pour l’indépendance nationale que ce choc va déterminer parmi les peuples des différents pays atlantiques, constituent des facteurs très positifs de la lutte contre l’ennemi numéro 1 des peuples sur le théâtre d’opérations européen. »
Comprenez-vous pourquoi, nous qui n’avons jamais caché notre opposition aux empiètements de Wall Street sur notre territoire, nous redoutons aujourd’hui les conséquences du voyage que le général De Gaulle s’apprête à faire à Moscou ?
Naissance du mythe gaulliste