Introduction d’une étude historique sur la contrerévolution en Algérie.
Lu pour vous dans le Sel de la Terre.
En 1954, l’Algérie est française. Elle se compose de quatre ensembles : les trois grandes régions de la côte — Alger, Oran et Constantine —, et l’intérieur, le Sahara, appelé aussi Territoires du Sud. D’importants gisements de pétrole et de gaz viennent d’y être découverts. La population de cette Algérie française est constituée d’environ huit millions d’autochtones, Arabes et Kabyles, musulmans, et d’environ un million d’Européens, chrétiens ou juifs, appelés Pieds-Noirs, d’origine française, mais aussi espagnole, italienne et, grecque notamment, dont la plupart sont artisans, commerçants, petits fonctionnaires, ingénieurs. Les colons sont, parmi eux, relativement peu nombreux : 21 000, dont 120 seulement ont 200 ha ou plus.
D’après les lois de 1865, les musulmans peuvent, à condition de renoncer au statut coranique, bénéficier de la citoyenneté française et accéder à certaines fonctions civiles et militaires. Depuis 1947 un nouveau statut leur permet d’accéder à toutes les fonctions dans l’administration, les services publics, l’armée et la magistrature. La France métropolitaine a investi des sommes considérables pour construire un important réseau routier et ferroviaire, des aérodromes, des ports modernes, des lignes téléphoniques, des écoles, des lycées, une université, des hôpitaux.
En dépit de ces éléments favorables d’ordre civil et économique, l’Algérie des années 1954-1962 est marquée par une association de facteurs conduisant à une très grande instabilité politique, à savoir : une communauté musulmane travaillée par les oulémas et la propagande anticolonialiste d’origine soviétique, américaine et nationale-socialiste allemande, un pouvoir politique ne gouvernant pas en vue du vrai bien commun, une population d’origine européenne désemparée, des personnes de bonne volonté tentant de réagir et enfin des agents de la subversion qui s’efforcent de canaliser la révolte populaire légitime pour l’annihiler.
Le 1er novembre 1954, une série d’attentats du F.L.N. marque le début de la guerre d’Algérie, qui se termine par l’indépendance de cette terre française d’Afrique du Nord le 2 juillet 1962.
On désigne ici sous le terme de « Contrerévolution », l’ensemble des personnes ou des organisations qui se veulent catholiques, qui sont conscientes du combat des deux étendards et qui ont la volonté d’établir un État catholique.
La question à laquelle nous allons nous efforcer de répondre ici est la suivante : comment les contrerévolutionnaires ont-ils fait face, à la différence des autres partisans de l’Algérie française, à la subversion extérieure du F.L.N. et du pouvoir gaulliste et à la subversion intérieure des agents de la Révolution infiltrés parmi eux ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous décrirons dans un premier temps ce que fut la tendance contrerévolutionnaire au sein de la mouvance Algérie française, et nous étudierons dans un second temps son action lors du coup de force du 13 mai 1958 et des tentatives ultérieures de prise du pouvoir, de 1960 à 1962.
Martial François.
Sel de la Terre n°101. Été 2017.