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La confrontation Révolution Contrerévolution

La confrontation Révolution Contrerévolution

« Interrogé en 1976 sur le cheminement qui l’avait conduit au combat contrerévolutionnaire,  le colonel Chateau-Jobert répondait : Le point de départ de ce cheminement est pour moi très net. C’est en tournant autour de cette question de « la fin qui justifierait les moyens » que j’ai pris conscience de deux idéologies qui s’opposent l’une à l’autre et dont la ligne de séparation est la reconnaissance ou, au contraire, le refus de reconnaître un certain ordre dont les lois physiques, morales, sociales me paraissaient « naturelles ». De là à passer à l’ordre naturel, puis à l’ordre naturel et chrétien, il y avait plus d’un pas ! Par le fait des circonstances de ma vie militaire, il se trouve qu’il m’y a fallu des années. »

Et il précisait :

Je suis parti d’une préoccupation initiale en tant que militaire, mais, plus je creusais mon sujet, plus je me rendais compte que le problème de l’action se pose à tout individu, et les réponses à ce problème débordent le cadre dans lequel chacun exerce une action. Mon sujet ne pouvait être traité de façon suffisamment complète qu’en dépassant les premières réponses trouvées, pour les raccorder à une doctrine ; et il est évident que si cette doctrine est cohérente, les principes et caractéristiques de l’action qu’elle préconise sont les mêmes, que l’on ait à les appliquer en tant que savetier, que président de la République ou que militaire. »

Il concluait ainsi sa réponse :

J’ai donc voulu écrire les livres que j’aurais désiré trouver tout faits et qui m’auraient amené – mais graduellement – à accepter aussi les bases spirituelles indispensables. Car, en effet, on ne fait rien de solide sans remonter à Dieu. Mais cela, pour une quantité d’hommes, on n’arrive à le comprendre que petit à petit. » […]

« Nous refusons le joug de la Révolution ; mais la Confrontation Révolution-Contrerévolution dépasse de beaucoup le simple aspect d’un affrontement par la force. L’adversaire est à l’intérieur même du pays comme il est à l’extérieur; la guerre qu’il nous fait est « révolutionnaire » parce qu’elle est illimitée dans le domaine psychologique et moral ; illimitée au point que cet adversaire se donne le droit d’user de tous les moyens, aussi illicites, inhumains, immoraux qu’ils soient. » […]

« Ici apparaît donc la confrontation aiguë entre deux idéologies fondamentalement opposées car, de notre côté, nous n’avons pas le droit d’user de ces moyens qui soulèvent l’indignation quand ils sont employés par les révolutionnaires. S’il semblait à quelques-uns que, par ce fait même, nous fussions vaincus d’avance, ce livre prouvera le contraire. Dans cette confrontation, en effet, nous avons la puissance du plus faible ; mais c’est celle qui finit par triompher de forces matérielles écrasantes, parce qu’elle est fondée sur une supériorité psychologique, morale qui a ses racines dans les idéaux humains et spirituels les plus forts : des idéaux qui dépassent l’homme dans une recherche qui parfois l’amène du côté de Dieu. Et, par surcroît, nous possédons une doctrine d’action bien plus solide que celle de l’adversaire. » […]

« N’importe quel gouvernement national se réjouirait d’un livre exaltant l’esprit de défense ; mais un gouvernement révolutionnaire l’interdira. » […]

« En se plaçant toujours dans l’hypothèse où les conditions de légitimité d’une action de force sont réunies, l’action contrerévolutionnaire peut prétendre à s’opposer à un pouvoir politique – qu’il soit établi ou qu’il tende à s’imposer par la violence – qui exercerait des mesures de coercition, de répression physique, pour aboutir à la terreur. Par le fait que la Révolution se dévoilera clairement dans l’exercice de la violence, on peut penser qu’elle ne tarderait pas à être vomie par la majorité du peuple. Mais ce serait se faire illusion sur la force de rejet qu’aurait ce peuple après avoir été abruti pendant des années par une propagande antinationale et antimorale qu’il a bien acceptée sans réagir suffisamment.

L’ « ordre » révolutionnaire écraserait facilement les sursauts trop tardifs d’une réaction populaire improvisée. Des troubles graves, une menace directe peuvent faire réfléchir beaucoup de gens qui, après des années où ils n’auront pas voulu fixer leur attention sur le sens des événements, découvriront avec stupeur que l’on est arrivé à cette phase qu’ils se refusaient à envisager : une résistance armée devenue nécessaire pour échapper à l’oppression et aux sévices révolutionnaires.

Des hommes se trouveront subitement en face des faits, et en face de leurs responsabilités. L’inquiétude, le désordre, le danger en rapprocheront beaucoup de la Contrerévolution ; mais c’est aussi le moment où, inversement, les arguments les plus trompeurs tenteront de maintenir le pays en état d’apathie pour l’amener, après un premier renoncement, à accepter tous les autres, aussi subtilement proposés.

Dans une ambiance de grande confusion peut-être, l’action contrerévolutionnaire pourra connaître des possibilités extraordinaires :

En certains lieux il incombera à des personnalités ou à des chefs contrerévolutionnaires de se substituer aux autorités défaillantes, de prendre en mains les divers moyens concourant au maintien de l’ordre, de dicter les mesures assurant la sécurité des personnes et des biens, garantissant la justice et la charité, protégeant l’activité économique indispensable. Tout ceci est le travail le plus concret, le plus positif dans le sens contrerévolutionnaire. Il contribue directement à l’établissement de l’ordre social qui est l’une des fins naturelles de la Contrerévolution.

En d’autres lieux, si un pouvoir révolutionnaire se manifeste brutalement au sein même des institutions et des « forces de l’ordre » – administration, magistrature, police, éléments militaires – ou s’il laisse le champ libre aux factions subversives, certains Contrerévolutionnaires se trouveront obligés de résister à la force par la force. Il leur faudra combattre, les armes à la main, pour leur légitime défense, pour la protection d’autrui, pour la destruction de l’ennemi. »

By François-Xavier d'Hautefeuille

François-Xavier d'Hautefeuille est le directeur de publication de Lectures Françaises depuis 2010, il a pris la succession de Jean Auguy et de Henry Coston. Il publie une rubrique mensuelle qui s'intitule "Il y a 50 ans" et qui est une rétrospective des numéros de la revue parus.

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