L’empire romain est tombé, qui peut durer ?

Une excellente réflexion, une sagesse (humaine) sur la nature changeante des évènements. Rien n’est éternel, tout passe, tout change, seul Dieu reste. On peut peut-être regretter que l’accent ne soit pas mis sur l’exceptionnelle longévité du régime historique naturel à la France, gage de fiabilité par expérience, ainsi que sur ses relèvements toujours hors-normes. En revanche, l’accent mis sur l’inexistence historique du « Moyen-Âge » est plus que bienvenu. Aujourd’hui, devant les sommets atteints en matière d’idéologies fausses et de perversion morale, il est difficile d’envisager un redressement de notre beau pays par des voies temporelles.

Lu pour vous dans le Courrier Français :

La chute de l’Empire romain.

Le poète Paul Valéry a dit à peu près un jour, à propos de la chute de l’Empire romain:

Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. Cette parole mérite d’être méditée: est-elle pertinente?

L’empire romain nous apparaît comme un paradis perdu qui représentait un sommet et que les barbares ont fait s’écrouler. À tout point de vue, les sauvages ont gagné: écroulement du droit et de la démocratie, fin de la culture, triomphe des années de plomb. Surtout si on oppose ces siècles bénis, effacés d’un coup avec la déposition du dernier empereur en 476, au terrible «moyen âge» qui a suivi. Que n’a-t-on écrit sur cette période, reconstruite dans nos mémoires comme une époque indifférenciée…

Certes, les riches romains du cinquième siècle bâtissaient des immeubles en pierres, faisaient leurs courses dans des grands magasins et votaient des lois qui, miracle, étaient appliquées! Quant à Charlemagne, trois siècles plus tard, il ne savait pas lire et construisait en terre. Ce n’est pas faux sans doute, mais cette vision est plutôt simpliste. Pour plusieurs raisons dont l’une, et non des moindres, c’est que les Romains ont remplacé les Grecs, qui avaient effacé les Égyptiens, etc. Et que le «moyen âge» n’existe pas.

Tout est beaucoup plus compliqué. D’abord, l’empire romain n’est ni né ni mort en un jour. Et les barbares qui l’ont «tué» sont plutôt des migrants qui, non sans violences évidemment, l’ont transformé de l’intérieur. On glosera longtemps pour savoir si ces arriérés (?) ont détruit la civilisation (?). La vérité, c’est que ni la planète ni les peuples ne sont immobiles. Et que les repères qui construisent la civilisation à laquelle fait référence l’analyste sont transitoires. Cela ne veut pas dire que tout est relatif et qu’il est vain de combattre pour les valeurs qui nous animent. Mais sans doute faut-il le faire en ayant bien à l’esprit que si elles sont les meilleures pour nous, rien ne garantit qu’elles le seront toujours, partout et pour tout le monde. L’Empire romain a chuté, en effet, et le moyen âge (?) l’a remplacé.

Mais le mouvement ne s’arrête pas, il est dérangeant… et irréversible.

Bernard VIALETES

Courrier Français, n°3743, 10 juin 2016, p.4.

 

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