Après l’hommage en peu de mots mais si bien exprimés d’André Figueras à Henry Coston, peut-on à notre tour dire ce que nous lui devons ?
D’abord il a été d’une honnêteté rare dans les milieux nationaux à l’égard des faits et des hommes, quelles que fussent leurs convictions. Ce qui gênait ceux qui le haïssaient. Souvent diffamé, il a été de plus un des chercheurs les plus pillés par « la Profession » où l’on feignait de ne pas le connaître, y compris ces vingt dernières années, par des auteurs d’ouvrages sur les coulisses contemporaines, dont on ne saurait énumérer l’absence de références, alors que des précisions et des passages entiers sont manifestement venue de La fortune anonyme et vagabonde, des 200 familles au pouvoir et autres de ses dizaines d’ouvrages.
Ensuite Coston était d’une loyauté plus rare encore, s’agissant de ses rapports avec nous, venus de la (c’est notre cas) ou des générations d’après lui. Il avait le souci de citer l’un ou l’autre d’entre nous chaque fois que l’occasion s’y prêtait alors que la profession est, hélas, devenue au fil des deux dernières décennies, une sorte de champ de bataille où l’on commence par tirer sur les siens, avant de tirer sur l’ennemi. Ou de feindre de ne pas voir les siens.
Combien sommes-nous qui entre les années 1950 et 1970, alors que nous gravissions les sentiers de la carrière, doivent à Coston d’avoir reçu des lettres ou des demandes d’ouvrages, qui précisaient : « Grâce à la lecture de Coston »… ou « en lisant Coston dans… », etc « j’ai appris vos travaux… ou ceci… ou cela ».
Cherchez bien maintenant qui parle de qui, dans nos milieux, sans s’occuper de savoir si l’on partage ou non chaque ouvrage ou article de tel ou tel, mais parce qu’il y avait là de quoi réfléchir, apprendre ou discuter, et parce qu’après tout nous sommes de la même famille ? Coston découvrait parmi nous les hommes et les femmes de talent , les homme libres !
Nous étions devenus intimes à la veille (et durant) les fameux « complots du 13 mai ». Il venait à des réunions « conspiratives »(comme diraient les soviétiques) dès 1954. Jamais la police n’a tiré de lui une phrase, un mot, un nom. Jamais non plus il ne s’est pavané en jouant aux donneurs de leçon de patriotisme. Or il était Français dans l’âme, en dépit de ce qu’on dit ou écrit les professionnels de la haine et de la destruction du pays.
Sa disparition est une grande perte. Jusqu’à son dernier souffle, il est resté étonnamment lucide. Une sorte de dictionnaire ambulant dont on ne pouvait se passer. L’image de la gentillesse et de la bienveillance, sur un fond de culture politique, historique et générale, qui faisaient oublier qu’un jour il pourrait bien nous quitter.
Danièle et Pierre de Villemarest
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