Casseurs et faiblesse de l’Etat

Lu dans Les 4 Vérités Hebdo du 11 mai 2018 : Le syndrome Malek Oussekine a encore frappé, plus virulent que jamais, car il a conduit les pouvoirs publics à laisser le champ libre à 1200 à 1500 « Black Block » et autres anarchistes ayant prévu de mettre à sac un quartier de Paris.

Ce n’était pas faute d’être prévenus : les « Black Blocks » et autres émeutiers professionnels de toute l’Europe, s’étaient donné rendez-vous pour tout casser dans ce quartier et les messages qu’ils avaient échangés n’avaient pas échappé à une police qui avait, semble-t-il, bien fait son travail – quoique certains observateurs pensent que le nombre des déprédateurs avait été sous-estimé.

Comme tous les émeutiers portaient des cagoules dissimulant leur visage, il n’était pourtant pas très difficile de les distinguer des participants au défilé syndical du 1er mai comme des habitants.

D’ailleurs, le port d’un masque dissimulant le visage étant interdit par la loi (à plus forte raison lors d’une manifestation), ils auraient pu, dès qu’ils se sont réunis, être interpellés sur le seul fondement de cette infraction, sans qu’ils aient eu le temps de commencer leurs déprédations.

Pourtant des effectifs de forces de l’ordre, en nombre important mais peut-être insuffisant, avaient été convoqués et attendaient les ordres.

Ils les ont attendus longtemps. Tétanisées par la peur de l’incident grave, arc-boutées sur leur politique du « zéro blessé », les autorités compétentes se taisaient.

Le président de la République, qui se trouvait en Australie, s’est contenté de faire savoir qu’il se tenait au courant de la situation. Ce n’est que lorsque l’on a pu penser qu’il n’y avait plus dans le quartier que les émeutiers eux-mêmes (la population et les manifestants pacifiques du 1er mai s’étant terrés ou ayant fui), que l’ordre de s’attaquer aux destructeurs a été donné, avec un succès mitigé d’ailleurs puisque sur 1200 casseurs environ, les forces de l’ordre n’ont réussi à en interpeller que 287 dont seulement 109 ont été maintenus en garde à vue pour une courte période et seulement six ont été présentés à un juge d’instruction en vue d’une mise en examen.

Nous avons constaté le 1er mai une situation inouïe: les pouvoirs publics, dans leur crainte qu’une intervention policière entraîne des dommages corporels pour la police ou les casseurs, ont décidé de ne pas défendre la population du quartier de la gare d’Austerlitz à Paris contre les émeutiers.

Comme il est en pratique interdit de défendre par la force ses biens, et même des personnes, le quartier était livré sans opposition aux casseurs.

Les habitants de Notre-Dame-des-Landes, ceux des villes de Rennes et de Nantes, ont depuis longtemps constaté que c’était le plus souvent leur sort quand les « Black Blocks » étaient de sortie dans leur voisinage. Mais les médias nationaux n’en parlaient pas. Il a fallu qu’ils agissent en plein Paris pour qu’il soit impossible de dissimuler et leurs méfaits, et leur impunité.

Le Premier ministre et le préfet de police, eux, sont satisfaits : il n’y a effectivement eu ni mort, ni blessé gravement atteint parmi les manifestants. Mais les policiers, eux, ont subi des attaques au cocktail Molotov. Six d’entre eux ont été blessés, dont deux très grièvement.

Si l’État, responsable des dégâts provoqués par une manifestation que les forces de l’ordre n’ont pas pu ou voulu maîtriser, ne paie pas les dégâts, ce sont les victimes qui devront subir les conséquences financières de cette liberté de casser. Les médias évoquaient benoîtement des « centaines de milliers d’euros », mais c’est plus probablement par millions qu’il faut chiffrer l’addition.

Mais le plus grave n’est pas là. Les promesses du ministre de l’Intérieur : « Tout sera mis en œuvre pour retrouver ces criminels, les traduire en justice et les faire condamner à des peines exemplaires» seront-elles suivies par la justice ? Celle-ci sait faire montre d’une extrême sévérité pour les participants à la « Manif pour tous », comme pour les automobilistes dépassant légèrement la limite légale de vitesse. Mais jusqu’ici, elle a été d’une grande indulgence envers les « Antifas »,

Cette impunité pourrait alors inciter les « Black Blocks » et assimilés à récidiver en plus grand nombre et pour faire pire. La faiblesse de l’État pourrait alors nous mener fort loin.

N’oublions pas que c’est la faiblesse de Charles Ier d’Angleterre, de Louis XVI ou de Nicolas II devant des émeutiers assassins qui a causé les révolutions où ils perdirent la vie.

Anne Merlin-Chazelas

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