« Des dizaines de milliards annuels de fraude fiscale et sociale ». Tel est le sous-titre du deuxième volet d’un ahurissant constat précédemment révélé dans un premier volume, paru l’année dernière, qui faisait état d’un préjudice annuel de la fraude d’un montant de 50 milliards. Cette année, le « catalogue est apocalyptique », puisqu’il est multiplié par deux ! L’auteur connaît parfaitement le sujet qu’il aborde, puisque, en tant que magistrat, il a participé à la création de la « Délégation nationale à la lutte contre les fraudes ». Aujourd’hui, il est délégué de l’Association professionnelle des magistrats et vice-président du Tribunal de Paris. Entre 2008 et 2012, il fut chargé de la lutte contre les fraudes fiscales au ministère des Finances.
Les dérives apparaissent comme inimaginables, tant elles sont vertigineuses, tandis qu’elles sont bien réelles et exactes. Nous en donnons un rapide résumé. 21,1 millions de Sécurité Sociale sont attribués à des ressortissants nés à l’étranger, dont 12,4 millions bénéficient chaque mois de prestations sociales de toutes natures (alors que selon les chiffres de l’Insee ces résidents français nés à l’étranger ne sont que 8,2 millions !). Un tiers de ces personnes seraient inscrites grâce à de faux documents, en utilisant de fausses cartes d’identité de pays de l’Union européenne. Il en est de même pour les pensions de retraite, dont une bonne proportion est versée à d’anciens résidents français repartis dans leurs pays d’origine. Et parmi eux, il en est un très grand nombre qui sont répertoriés comme âgés de cent ans et plus !
À ces exemples, il faut ajouter les fraudes sur les évasions fiscales, les fraudes à la TVA (25 milliards), les fraudes, conséquences des indemnisations liées au Covid (23 000 probables et 300 000 potentiellement frauduleuses), les fraudes du fait des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), dont certains n’ont payé presque aucun impôt pendant plus de vingt ans. Cette accumulation d’ « irrégularités » a permis à Charles Prats d’en évaluer l’ensemble à 100 milliards (annuels, il faut bien le préciser) qui ruinent aujourd’hui la France. Et ceci, bien entendu, dans notre « beau » pays de « Liberté, égalité, fraternité », au détriment des millions de bons et honnêtes contribuables dont plusieurs sont poursuivis et sanctionnés sans pitié, pour une petite erreur dans la rédaction d’une déclaration de revenus ou qui règlent avec le moindre retard les impôts, les conduisant à des situations financières des plus précaires.
À quoi bon demander ce que pensent les candidats à la prochaine élection de ce qu’il faut bien appeler un scandale d’État. Ils savent tous que cela existe, puisqu’il y a des années que cela dure et aucun d’entre les « heureux » élus n’a pris la moindre mesure pour qu’il cesse ! Il y en a même qui ont été d’une intransigeance sans pitié pour écraser les appels au secours lancés par des délaissés, des démunis, des abandonnés qui ont mille peines à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires et à ceux de leurs familles… C’était, il y a trois ans, il nous semble…
Éd. Ring, 2021, 432 pages, 24 €
Jérôme SEGUIN