Candidature en pointillés du « capitaine de pédalo »

François Hollande. Le président a osé se présenter comme un rassembleur mais un rassembleur républicain, ce qui est un bel oxymore et ne mange pas de pain.

Candidature en pointillés du « capitaine de pédalo »

On connaît le principe énoncé par Basile dans Le Barbier de Séville : pour préparer les esprits à une nouvelle ou diffuser une rumeur, il est bon de commencer par murmurer sotto voce un air qui va ensuite monter crescendo. Le président de la République que le monde ne nous envie pas, avait laissé dire par des allusions qu’il était au gouvernail. Il a curieusement attendu d’être à l’étranger pour donner des petits signaux.

Le 6 septembre, en visite au Vietnam communiste, il s’est adressé à la communauté française d’Ho-Chi-Minh-Ville [notre ex-Saïgon]. D’emblée, il a pris le ton et les thèmes du candidat des gauches réunies de 2012 : « La France, c’est une idée bien plus qu’une identité ». Il répétait visiblement son texte pour son discours parisien deux jours plus tard. Il n’empoignait pas encore ses adversaires car il n’ignorait pas la modestie des sondages qui les concernent : TNS Sofres-One Point du Figaro paru le 7 septembre, lui donnait 11 % derrière Emmanuel Macron (15 %) dans le cas où les deux seraient en lice au premier tour de la présidentielle de 2017.

Il a poursuivi sur les points qu’il allait développer à Paris : « Rien ne serait pire pour la France que de se refermer sur elle-même, rien ne serait pire pour la France que de renoncer à ce qu’elle est, rien ne serait pire pour la France que de penser que la liberté est finalement un empêchement ou un risque » (il nous refait le coup des anaphores et ne sait plus s’arrêter ; à l’évidence il critiquait Sarkozy).

Il a aussi osé dire : « La France mérite d’être aimée et elle est aimée ». Etait-il utile d’aller à plus de 10 000 kilomètres de l’Elysée pour copier maladroitement De Gaulle et dire des platitudes. Puis il a abordé le « vivre ensemble, » la République, la démocratie, thèmes qu’il a repris deux jours plus tard pour signifier – sans le dire clairement – à ses adversaires potentiels qu’il s’appuyait sur toutes les gauches.

A Paris, il est monté d’un cran en se posant en défenseur de l’État de droit face à ceux (cf. Sarko, sur lequel, il mise comme adversaire) qui dénoncent les arguties juridiques et appellent à modifier la Constitution. L’ennui c’est qu’il semble avoir oublié que lui aussi a souhaité, il y a quelques mois, modifier la Constitution pour introduire l’état d’urgence et la déchéance de nationalité pour les Français condamnés pour terrorisme. Attendons-nous à entendre pendant les mois à venir ces genres de contradictions et de mensonges.

Aux dires de tous les observateurs avisés du personnage, François Hollande a bien prononcé salle Wagram, le 8 septembre, un « discours de combat » qui confirmait, toujours tacitement, sa candidature. Tout avait été organisé par la Fondation Jean Jaurès et par le « laboratoire d’idées » (de gauche faut-il le préciser), Terra Nova, sur le thème « La démocratie et le terrorisme ».

Hollande a clairement désigné les deux affrontements qui l’attendent : l’affrontement sécuritaire contre le terrorisme, l’affrontement contre la droite et l’ « extrême droite ». Présentés ainsi, comme une mise en parallèle, il jette un opprobre violent sur ceux qu’il désigne comme ses ennemis, comme une déclaration de guerre. Et ensuite, il a osé se présenter comme un rassembleur mais un rassembleur républicain, ce qui est un bel oxymore et ne mange pas de pain. Qui peut encore lui faire confiance à part ses affidés au pouvoir ?

Il n’a pas su s’arrêter là. C’était bien l’annonce des axes directeurs de sa campagne à venir. Le ton y était : « Je ne laisserai pas l’image de la France, le rayonnement de la France, l’influence de la France s’altérer lors des prochains mois ou des prochaines années ». Il s’y voit donc. Il s’est désigné comme chef de guerre qui aurait « conduit plus de quatre ans de combats de la République contre un fanatisme meurtrier ». Il a tenu à complaire aux musulmans qui sont considérés, par la gauche, comme un prolétariat électoral de substitution : « La question se pose aussi à la République, a dit François Hollande : est-elle réellement prête à accueillir en son sein une religion qu’elle n’avait pas prévue avec cette ampleur il y a plus d’un siècle ? Là aussi, je réponds oui, clairement oui. Rien dans la laïcité ne s’oppose à la pratique de l’islam en France, pourvu – et ça, c’est le point essentiel – qu’il se conforme à la loi ». Mais il nous a appris que, dans certains cas, la République peut fermer les yeux.

PS. Le 20 septembre, François Hollande a reçu des mains d’Henry Kissinger, (figure influente au sein de l’élite américaine), et du rabbin Arthur Schneier, (président de la fondation new-yorkaise The Appeal of Conscience) la distinction d’« homme d’État de l’année » pour « son leadership (influence) dans la sauvegarde de la démocratie et de la liberté » après les attentats de 2015 et pour saluer « sa contribution à la stabilité et à la sécurité du monde » (sic).

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