Attal : plus adroit qu’à droite

Attal : plus adroit qu’à droite
« La jeunesse, plus on la gaspille, plus vite elle s’use. »
(Falstaff, in William Shakespeare, Henry IV, Acte II, scène 4)

Le vote de la loi immigration, le 19 décembre 2023, semblait avoir marqué un tournant dans le second quinquennat macronien.

Depuis plusieurs mois, un projet de loi sur l’immigration, promis par Gérald Darmanin et mitonné par la macronie, était dans les tuyaux. L’attentat d’Arras, perpétré le 13 octobre dernier par un jeune immigré islamiste originaire d’Ingouchie, débouté en 2014, lui et sa famille, du droit d’asile, et toujours pas expulsés depuis lors, précipita le mouvement.

Lors de son examen en novembre par le Sénat, où la droite est majoritaire, le projet de loi fut notablement durci, au grand dam des députés macroniens, qui s’employèrent ensuite, en commission des lois à l’Assemblée, à détricoter le travail des sénateurs. Détricotage qui finit de persuader les députés des Républicains de voter de conserve avec l’ex-NUPES, opposée à toute mesure en la matière, et le RN, par 270 voix contre 265, la motion de rejet préalable, lorsque le projet de loi dut être examiné en séance au palais Bourbon, le 11 décembre. Pour la première fois depuis le début du second quinquennat Macron et de la présente législature, les trois oppositions étaient parvenues à combiner leurs forces contradictoires. L’alerte était chaude pour la macronie.

Une commission mixte paritaire (émanant de l’Assemblée et du Sénat) fut constituée en quatrième vitesse et remit en selle l’essentiel des amendements votés par la droite sénatoriale : limitation de l’aide personnalisée au logement pour les étrangers, durcissement des conditions de regroupement familial, rétablissement du délit de séjour irrégulier, instauration d’une caution pour les étudiants étrangers, déchéance de nationalité pour les binationaux convaincus d’homicide contre les personnes détentrices de l’autorité publique, etc. Fort du ralliement du RN, renforçant sa stature potentielle de « parti de gouvernement », et malgré la défausse de l’aile gauche du groupe macronien, le projet de loi était finalement adopté par l’Assemblée, et peu avant par le Sénat, dans la soirée du 19 décembre.

Les ténors de la gauche et les maîtres-penseurs de la presse subventionnée et de l’audiovisuel public, toutes griffes dehors, se déchaînèrent contre cette « infamie » : des mesures dites de préférence nationale trouvaient désormais force de loi. Marine Le Pen, bien que mesurant les limites trop évidentes de cette avancée, parlait de « victoire idéologique ». Et la macronie, qui avait voté avec les Républicains et le RN, se trouvait dangereusement compromise aux yeux de sa propre aile gauche. À tel point que cinq ministres, emmenés par les très farcesques Clément Beaune et Rima Abdul Malak menacèrent un temps de démissionner – ce dont le chef de l’État devait se souvenir en les expulsant de l’arène du pouvoir. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

Vincent CHABROL

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