Combien de fois, chers lecteurs, avez-vous pu entendre comme un verdict inique cette phrase assassine ? « Tu vois tout en noir… » sous-entendu, évidemment, « il y a longtemps qu’on ne t’écoute plus, toi et tes vieilles rengaines ». Le moindre éclair de lucidité, une analyse perspicace des événements, un simple constat clairvoyant, certifient les signes du plus flagrant des symptômes du pessimisme pathologique. Et pourtant… Sans occulter, ni minimiser, les heureuses initiatives que nous voyons fleurir partout et que Lectures Françaises se plaît à relayer, force est de constater tout de même, et l’actualité toujours le confirme, que dans l’ensemble, comme dans le détail, la société n’est pas au mieux de sa forme.
Olivier Destouches, que nous remercions d’avoir très rapidement répondu à notre appel, vous en donne une nouvelle preuve avec la crise des agriculteurs – malheureusement trop vite étouffée, alors que le spectacle des paysans unis dans une même colère était consolant, parce que la France d’en-bas n’est pas morte, elle a pris corps dans ces tableaux inoubliables de lisier répandu, de tracteurs en furie et d’embouteillages apocalyptiques… Mais voilà, les syndicats ont parlé, tout le monde rentre chez mémé. Quelle tristesse de voir ce peuple au bon sens multiséculaire faire le jeu des trafiquants de la misère paysanne, si bien qualifiés par notre fondateur Henry Coston.
Vincent Chabrol en rajoute une couche avec son étude sur le remaniement ministériel Attal, plus adroit qu’à droite, dans laquelle il retrace le parcours de notre tout jeune Premier ministre. Des esprits taquins nous diraient que là, enfin, on peut tout voir en rose… Que nous le voulions ou non, le présent est sombre. Le « Tu vois tout en noir… » doit se traduire spontanément par « tu vois tout… ». Et considérons bien que ce n’est pas grave, encore moins mortel ! Ce bilan qui s’impose ne doit pas nous attaquer le moral et au contraire même, à un diagnostic précis, une thérapie efficace. Nous prescrivons donc : confiance en la Providence, à satiété, et humour (teinté d’autodérision de préférence), matin, midi et soir.
Nous bouclions tout juste ce numéro quand il nous a été donné un signe : Dieu, mêlant l’humour à sa Providence, s’improvise réalisateur pour nous offrir une petite saynète et soutenir notre espérance. Notre confrère, Rivarol, qui subit trop souvent les foudres de la bien-pensance, a bénéficié d’une énorme publicité pour le moins inattendue ! Tout se passe dans une émission de télévision à forte audience : Star Academy. Un des participants pousse la chansonnette accompagné de Patrick Fiori et de deux danseuses dont l’une, au charme qui semble venir tout droit d’Israël, tient en main pour les besoins de la chorégraphie un exemplaire de… Rivarol [1] ! Un intrigant des réseaux sociaux a cru bon relever l’incident et mis le feu aux poudres. De commentaires en algarades, l’affaire a bouleversé internet et fait connaître de la façon la plus incongrue qu’il soit cet excellent journal, à qui, pour l’occasion, nous renouvelons tous nos compliments.
Deo gratias.
Mickaël SAVIGNY
[1] – 19 avenue d’Italie, 75013 Paris. Tél. : 06 40 87 72 79, courriel : contact@rivarol.com.
La lecture de cet éditorial extrait du numéro 800 (décembre 2023) de Lectures Françaises vous est offerte en intégralité. Pour découvrir le sommaire du numéro et le commander, c’est ICI !