Monnaie unique : nous sommes prévenus !

Lu ce matin pour vous dans Synthèse Nationale :

Sortir de l’euro ?

(…) La monnaie unique, l’austérité et une économie ultralibérale sont les fondements de la politique de l’Union Européenne actuelle. Pourtant les derniers évènements remettent de plus en plus en cause ces principes et les économistes sont de plus en plus partagés sur l’efficacité de ces dogmes. (…)

En effet, l’union monétaire européenne imaginée et réalisée en dépit du bon sens est une des raisons de la situation terrible où se trouvent les pays qui la composent. Comment interpréter autrement le mariage de la carpe et du lapin qui unit des pays que rien ne rapproche, il n’y a aucun lien entre les économies de la Grèce et de l’Allemagne. En affirmant cela, il est clair que nous enfonçons des portes ouvertes, parce qu’en fait, pour donner une chance à une monnaie commune, il eut fallu assembler dans une même zone économique des pays ayant une économie, des acquis sociaux, des salaires et une fiscalité équivalente, ce qui est loin d’être le cas. (…)

436856863_2754e988ec_mDe plus, l’Europe politique actuelle, sclérosée dans ses principes libéraux, ne répond à la crise que par l’austérité. Malheureusement cette stratégie de conquête économique qu’est le libéralisme ne s’applique pas en temps de crise. En effet l’Europe est à tous niveaux sur la défensive. Pire, l’austérité qui découle de la pensée libérale et qui préfère réduire les recettes de l’État pour alléger les charges patronales entraine immanquablement la fonte des recettes fiscales déjà hypothéquée par l’effondrement de l’économie et mécaniquement entraine une augmentation de la dette publique que l’on voulait résorber. (…) De surcroit, le libéralisme qui laisse le marché privé (…) faire ce qu’il veut dans son intérêt propre, ne permet pas une gestion globale du problème. La somme des intérêts privés ne font pas l’intérêt général. (…)

Ces raisonnements de bon sens qui prescrivent en ces temps de troubles des règles à suivre, une refondation de l’Europe et une austérité prescrite homéopathiquement, sont ils véritablement pertinents ? L’ultralibéralisme doit il perdurer comme colonne vertébrale de notre société ?

(…) Mais surtout dans une Europe plongée dans une crise équivalente à celle de 1929, il est judicieux de se rappeler que les pays qui se sont le mieux sortis de cette catastrophe furent ceux qui abandonnèrent les premiers un autre carcan, celui de l’étalon-or.

En vérité, la véritable crise ou est plongée notre continent est idéologique, elle est due à la sclérose de nos dirigeants qui ne peuvent réfléchir que dans le schéma préétabli qui fut le leur et qui les vit sortir de leurs chères grandes écoles. C’est l’application d’une logique jusqu’à son terme, le libéralisme, en oubliant que toute logique poussée à l’extrême devient folie.

Serge Ayoub.

Synthèse Nationale, n°42, printemps 2016, p. 46.

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