Silence radio : un agriculteur a été abattu par un gendarme

La mort de Jérôme Laronze est emblématique de la tragédie que vit le monde agricole.

Lu pour vous dans L’Échelle des Valeurs

Le 20 mai dernier, une patrouille de deux gendarmes surprend Jérôme Laronze dans un chemin de terre de la commune de Sailly, en Saône-et-Loire. Il est recherché. À la vue des forces de l’ordre, il tente de s’échapper avec son véhicule. Il fonce alors sur le seul itinéraire libre : l’espace vide entre le fourgon des gendarmes et le bas-côté du chemin. Se disant menacé, l’un des deux représentants de l’ordre tire au jugé, puis s’abrite dans les buissons pour échapper à la voiture de Laronze. Ce dernier meurt sur le coup touché par trois balles. En toute honnêteté, le gendarme peut difficilement invoquer la légitime défense. En effet, ayant tiré ou non, comme il l’a fait, il pouvait se replier à l’abri de son véhicule, laissant Laronze filer. Voyons maintenant le «délit» reproché. Éleveur de bovin âgé de 37 ans, l’homme était en difficulté avec les services d’inspection sanitaire. Le 11 mai, à l’occasion d’un contrôle des inspecteurs de cette administration escortés de gendarmes, il s’était rebellé et avait pris la fuite. Selon les « pandores », il aurait foncé sur eux avec son tracteur. Personne n’avait cependant été blessé. Mais qu’en est-il dans le fond ? Les fonctionnaires de l’État, ou les représentants de structures privées qu’ils accréditent pour multiplier les contrôles, se comportent souvent avec arrogance. Les agriculteurs, dont beaucoup dégagent bien en dessous d’un SMIG pour vivre tout en travaillant plus de 60 heures par semaine, ressentent de l’injustice quand des inspecteurs de l’État, confortablement payés, s’acharnent contre eux. Autrefois, les gendarmes vivaient au contact de la population et pouvaient désamorcer bien des drames humains. Mais aujourd’hui, ils ont pour ordre d’éviter les contacts privés. En outre, les brigades sont regroupées et de plus en plus de gendarmeries restent vides aux heures ouvrables. Résultat, nos gendarmes perdent le contact avec les habitants du terroir. Au demeurant, nous remarquons que la mort d’un agriculteur, tué par les forces de l’ordre, ne fait pas beaucoup de vagues dans la presse. Quand l’affaire d’Aulnay-sous-Bois, en février le soi-disant viol de Théo par des policiers, avait suscité un émoi journalistique à la hauteur d’un événement national. Mais Laronze n’est qu’un agriculteur, une espèce en voie de disparition, Théo, lui, un gentil représentant des banlieues turbulentes, de plus un peu voyou et escroc sur les bords. Théo, c’est l’avenir du pays.

L’Échelle des Valeurs n°176 de juillet 2017

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