La première préoccupation d’un président élu, on le sait, c’est d’être réélu et de raser gratis… demain. C’est une constante, quel que soit son bord politique, il n’y a pas d’exception.
Lu pour vous dans Le Bulletin d’André Noël
Ceux qui y renoncent le font pour des raisons médicales extérieures à la politique, comme Mitterrand qui a du renoncer à solliciter un troisième mandat, ce qui eut été possible à l’époque. Quant à Hollande, il aurait bien voulu un second mandat mais il a pris conscience que c’était hors de sa portée ; il a préféré éviter l’humiliation de la défaite car il ne serait probablement arrivé qu’en quatrième position au premier tour. Alain Juppé avait annoncé qu’eu égard à son âge, il ne ferait pas de second mandat si les Français le portaient à l’Elysée; il en avait d’ailleurs fait un argument de campagne en sa faveur, mais rien ne dit qu’il aurait honoré cette promesse, en prétextant peut-être, le moment venu, qu’il se sentait en pleine forme et que sa tâche n’était pas achevée. Il est difficile de quitter le pouvoir quand on y a pris goût.
On ne s’étonnera donc pas que, lors du séminaire de rentrée de La République en marche (LREM) à l’Assemblée nationale le week-end dernier, Richard Ferrand, son bras droit en délicatesse avec la justice, voulait déjà penser à la « réélection d’Emmanuel Macron » car, a-t-il ajouté, «Il a besoin de dix ans pour reformer le pays. »
Si l’on peut, certes, le féliciter de cette franchise, ne convient-il pas, surtout, de s’inquiéter de ce que deux mois après son élection, alors qu’il n’a posé encore aucun acte significatif, à 40 ans, il songe à sa réélection, à sa carrière.
Cela signifie que tout ce qu’il fera ou ne fera pas doit désormais être analysé dans cette optique.
Après Emmanuel Macron à Versailles, Edouard Philippe, le Premier ministre, lors de son discours de politique générale au Palais Bourbon a commencé à préparer les esprits au fait que ce qui a été promis au cours de la campagne pour être réalisé dès 2018, voire plus tôt, est remis à plus tard. L’exonération de la taxe d’habitation pour 80% des foyers sera appliquée… avant la fin du quinquennat, donc 2022, et non plus de 2018 à 2020, comme cela figure dans ses engagements de campagne.
Même report pour la « réforme » de l’ISF qui devrait maintenant simplement changer de nom (IFI) puisque cantonné au seul immobilier et la transformation du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en baisse définitive des charges sociales.
Le Bulletin d’André Noël n°2525 du 10 au 16 juillet 2017