Parmi les promesses du candidat Macron, il y avait celle-ci : « Nous améliorerons le pouvoir d’achat de tous les travailleurs. » Le principal instrument de cette amélioration étant une hausse de la CSG de 1,7 % compensée par la diminution des cotisations sociales des salariés. Les retraités « aisés » — à partir de 1 200 euros par mois ! — n’ayant aucune compensation de ce prélèvement. Ce dispositif n’est que partiellement en vigueur depuis le 1er janvier dernier.
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En effet, si l’augmentation de la CSG est totale, la baisse des cotisations sociales est partielle, contrairement à ce qui avait été annoncé. Le « solde » de la baisse interviendra en octobre, le gain en janvier est dérisoire : 11,06 euros pour un salaire médian de 2 200 euros. Si bien qu’on n’entend plus nos ministres exhorter les salariés à consulter leur fiche de paie pour être convaincus que Macron est le président du pouvoir d’achat. Rappelons qu’il ne se confond pas avec la dernière ligne du bulletin de paie. Le salaire peut donc augmenter et le pouvoir d’achat diminuer ou stagner. Nous y sommes !
Car, « en même temps », il y a eu une rafale de hausses. L’alourdissement de la fiscalité écologique, via l’augmentation des prix à la pompe, la réforme du commerce alimentaire, le gouvernement reconnaît qu’elle coûtera 5 milliards à l’ensemble des consommateurs, soit 177 euros par ménage selon Que choisir. L’augmentation du prix de paquet de cigarettes pèsera aussi sur le porte-monnaie. On nous dira que l’on n’est pas obligé de fumer, certes, mais on n’est pas non plus obligé d’avoir une résidence secondaire dont les propriétaires sont actuellement matraqués par les communes. La taxe et la surtaxe d’habitation sur les résidences secondaires ne sont pas concernées par la réforme sur cette taxe qui doit disparaître, c’est pourquoi Paris et récemment Nice ont porté la surtaxe à 60 %. Bordeaux devrait suivre.
Il y a d’autres effets pervers de la politique gouvernementale sur le pouvoir d’achat. Pour pallier les effets des coupes claires dans les subventions de l’Etat, les villes augmentent les tarifs des cantines, des centres de loisirs, des piscines, des cours du conservatoire, etc. Evidemment, on nous dira aussi que l’on n’est pas obligé non plus d’aller à la piscine ou que l’on peut apporter son casse-croûte au lieu de déjeuner à la cantine… Selon l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) l’empilement de ces mesures se traduira par un net recul du revenu disponible brut au premier trimestre 2018, avec un impact négatif sur le pouvoir d’achat.
Sur l’ensemble de l’année 2018, les décisions prises par Emmanuel Macron auront, au mieux, un impact quasi nul sur le pouvoir d’achat s’il honore sa promesse de supprimer la cotisation chômage en octobre, or il y a renoncé en janvier pour réduire le déficit budgétaire, une «excuse» aisément renouvelable en octobre. S’il ne le fait pas, le pouvoir d’achat se dégradera mais, même s’il stagne, le compte n’y sera pas, la promesse du candidat ne sera pas honorée par le président. Il inscrira ainsi ses pas dans ceux de ses prédécesseurs.
Guy ROUVRAIS
Présent n°9063 du 3 mars 2018