Ces personnalités qui ne voteront pas pour Macron

Le Front républicain se meurt. Dans l’esprit des électeurs, cela fait longtemps qu’il est mort, mais, chez les cadres de la droite dite « de gouvernement », c’est assez inédit. Ils sont pourtant un certain nombre à avoir directement appelé à voter Marine Le Pen pour les uns ou à refuser de voter Macron pour les autres. Tour d’horizon.

Lu pour vous dans Minute

Candidate à l’élection présidentielle de 2002, Christine Boutin est la première à avoir clairement affirmé son refus de voter pour Emmanuel Macron. Dès le lendemain du premier tour, elle se refuse à voter pour Emmanuel Macron, « l’incarnation de tout ce que je n’aime pas. C’est à l’opposé de mes valeurs qui ont rythmé ma vie politique. C’est le libéralisme libertaire, c’est la mondialisation, c’est l’argent, c’est la banque ». Il y a vingt ans, elle appelait à la dissolution du Front national ! Mais, comme l’a résumé Nicolas Dupont-Aignan lors du meeting de Villepinte, lundi dernier, « entre la finance et la France, il faut choisir ». Et Christine Boutin a fait son choix. Elle en a d’ailleurs été publiquement remerciée par Marine Le Pen à Villepinte.

Autre nom cité par Marine Le Pen, celui de Françoise Hostalier, éphémère secrétaire d’Etat d’Alain Juppé en 1995 — une des « jupettes » —, ancien député du Nord et responsable du comité de soutien à François Fillon pour ce même département lors de la campagne pré-sidentielle. Françoise Hostalier a également été membre du conseil d’administration de la Fondation Abbé Pierre pendant une dizaine d’années. Bref, plus du genre catholique social du Nord que militante d’extrême droite…

Pourtant, dès le 24 avril, elle appelle à voter Marine Le Pen. « Je veux faire battre Macron, explique-t-elle à «La Voix du Nord». De mon point de vue, il n’est pas digne de pouvoir exercer la fonction suprême. Il a déshonoré la République tout au long de la campagne avec ses propos sur la Guyane […] ou sur la colonisation qu’il a qualifiée de crime contre l’humanité. Le but, c’est de gagner pour avoir un premier ministre LR. Une cohabitation Le Pen avec Baroin, ça va le faire. » On n’est pas forcément — même pas du tout — d’accord avec la dernière affirmation, mais force est de constater le courage de l’ex-ministre.
Lui aussi ancien député du Nord, Christian Vanneste a choisi de voter Marine Le Pen. Et pas pour une cohabitation avec Baroin… « Dupont Aignan a raison ! Il faut voter Marine Le Pen » écrit le président de La Droite libre sur son site internet, dénonçant l’« imposture » du gaullisme de François Fillon. « La trahison est un mot qui résume l’histoire du mouvement fondé par Jacques Chirac en 1976 et qui a renoncé à toutes ses valeurs pour devenir une officine de placement électoral qu’on appelle Les Républicains ».
Enfin, avec Marie-France Garaud, candidate à la présidentielle de 1981 (1,33 %), Marine Le Pen reçoit le soutien des gaullistes historiques. «Aujourd’hui, elle [Marine Le Pen] est la seule candidate qui n’est pas pieds et poings liés devant les Allemands. Manifestement, elle est la seule à avoir le tempérament pour rétablir la souveraineté de la France. Elle a, je crois, le sens de l’État au point de préserver notre nation.» Un soutien de poids, certes plus symbolique que rentable d’un point de vue électoral.
Côté LR, l’heure est à la division. Comme l’a dit Thierry Solère à nos confrères du « JDD », «le parti est en train d’exploser parce qu’en réalité nos électeurs sont devenus irréconciliables. Il y en a qui vont voter Le Pen et d’autres qui vont voter Macron, et les deux camps sont hystériques devant la position du parti».
Au sein même des Républicains, la grande majorité des figures du parti va voter Macron ; d’autres, derrière Laurent Wauquiez ou Eric Ciotti, refusent de donner des consignes de vote, souvent sous le prétexte que l’époque n’est plus à la consigne. Solution facile, qui évite de prendre position. C’est le cas de Sens commun, par exemple, qui renvoie dos à dos « le chaos de Marine Le Pen » et « la déconstruction d’Emmanuel Macron ». Ponce Pilate n’aurait pas dit mieux !
Et puis, parmi les élus, il y a ceux qui appellent à voter blanc et qui, détail important, s’engagent contre Emmanuel Macron. Citons, par exemple, Lionnel Luca : « Pour quelques dirigeants LR, il faut voter Emmanuel Macron pour mieux le combattre aux législatives ! En votant blanc, c’est plus cohérent ! A moins d’être au gouvernement. » Les oreilles de Christian Estrosi ont dû siffler…

Même position pour le député du Rhône Georges Fenech, qui, après avoir cherché à «débrancher» Fillon pendant toute la campagne, déclare clairement : «Je ne peux pas appeler à voter Macron, parce que je suis dans l’opposition à Emmanuel Macron
De son côté, le courageux Jean-Paul Garaud, candidat aux législatives à Libourne, en plein fief juppéiste, affirme qu’Emmanuel Macron «fera même pire » que François Hollande. Et d’en rajouter une couche : « Vous avez aimé Hollande ? Vous allez adorer Macron. Moi, je continue de résister. Je ne voterai pas Macron-Bayrou » Une position qui lui vaut les foudres du candidat UDI de la circonscription, Charles Pouvreau, qui en appelle à Alain Juppé afin de lui retirer l’investiture. Où quand l’antilepénisme rencontre l’opportunisme…
Parmi ceux qui refusent de se prononcer, on peut également citer Nadine Morano, qui court les plateaux de télévision pour dire tout le mal qu’elle pense du choix de François Fillon d’appeler à voter « Emmanuel Hollande » sans pour autant appeler à voter Marine Le Pen.
Il faudrait également citer Nicolas Dhuicq, député de l’Aube, qui, opposé « au système mondialisé et ultralibéral de Macron », votera blanc, tout comme Guillaume Larrivé, Jacques Myard, Jean-Frédéric Poisson, Yannick Moreau ou encore Henri Guaino, qui, il faut le préciser, hésite encore avec… l’abstention.
Dans une interview au « Courrier de l’Ouest », le très fillonniste Bruno Retailleau s’en prend à Marine Le Pen qui « veut la mort de la droite par digestion » ! Faux, Marine Le Pen obtiendra surtout la mort de la droite par division…

Lionel Humbert

Minute n°2820 du 3 mai 2017

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