Des sous-marins cosaques au large de l’Occident ? Bon. Voilà qui a de quoi rendre nos « étoilés » nerveux… À en croire Wikipédia (sous réserve bien sûr), la France dispose actuellement de 10 sous-marins lanceurs d’engins. Comparez avec ce que vous lirez plus bas… Quand on sait les coupes budgétaires faites à la Défense, on a du mal à croire ce nombre suffisant , sans compter le coût de la maintenance sur un conflit prolongé… Pauvre France… Mais bon, certains naïfs verront dans les États-Unis le grand-frère modèle et protecteur, souriant à grand renfort de dollars « gratuits ». De son côté, le cosaque a passé depuis longtemps le stade « peau d’ours et matriochka » (il en garde quand même copie pour les idéalistes adeptes de la grande Russie, et quasi-catholique, s’il vous plaît). L’ours du Caucase a troqué sa fourrure « rouge-sibérien » (une innovation à l’époque !) contre un redoutable manteau de conservatisme et de respectabilité apparents, masquant ainsi les profils véritables de ses chefs politiques et religieux, « anciens » agents du F.S.B dont on ne ressort que mort… ou actif.
Lu pour vous ce matin dans « Présent » :
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Après vingt-cinq ans d’un sommeil relatif, dû sans doute à un brutal changement de régime et à quelques problèmes financiers, les forces armées russes, sous la férule de Vladimir Poutine, donnent l’impression de vouloir relever la tête et réoccuper une place de choix au sein de la fédération. On a pu le constater en Ukraine, où elles défendirent avec pugnacité la sphère d’influence moscovite. On l’a vu en Syrie, où elles fournirent en quelques semaines le second souffle dont le régime d’Assad avait le plus cruel besoin. Matériel ultra-moderne, personnel parfaitement entraîné, stratégie et tactique revisitées : Poutine cherche à faire de son outil militaire la pièce maîtresse d’une nouvelle ambition planétaire. Il l’a dit et répété à maintes reprises : le monde est désormais multipolaire. Et Moscou a le droit d’en occuper l’un des pôles. Quitte à replonger dans une atmosphère de guerre froide. Quitte à éveiller la méfiance des Américains. Et même l’inquiétude. C’est l’amiral Mark Ferguson, patron de l’U.S Navy en Europe, qui le premier sonna l’alarme en agitant un chiffre assez spectaculaire. « Le nombre de patrouilles de sous-marins russes le long des côtes occidentales, a-t-il martelé, a augmenté de 50 % entre mars 2015 et mars 2016 ».
Deux flottes se font face
Ainsi, la menace russe a désormais le profil, la longueur, la puissance et le mystère d’un engin qui fonctionne au diesel ou au nucléaire, qui se faufile dans toutes les mers du globe, qui peut disparaître dans des profondeurs abyssales avant de remonter à la surface pour déclencher l’apocalypse. Aux yeux du haut-commandement militaire russe, les sous-marins ont toujours été considérés comme les joyaux de la couronne défensive et offensive. La preuve par les ombres sinistres qui se déplacent lentement dans les eaux territoriales de la Scandinavie, de l’Écosse, de certains pays de la Méditerranée orientale et de l’Atlantique Nord : les sous-marins de Poutine commencent à pulluler à l’intérieur d’un périmètre qui était jusqu’ici chasse gardée de l’OTAN. Du coup, le Pentagone revoit ses programmes à la hausse, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Norvège ont émis l’intention de s’équiper de nouveaux sous-marins et sept pays alliés, dont la France, ont décidé de doubler cette année le nombre d’exercices navals dans les mers froides en insistant particulièrement sur les évolutions de submersibles. Autre signe : la base aéronavale américaine de Keflavik, en Islande, fermée en 2006 pour des raisons budgétaires, va être réactivée. C’est de là que partiront les patrouilles des P-8A Poséidon qui sont, à ce jour, les meilleurs avions « renifleurs » de sous-marins.
Comme au temps de la guerre froide, deux flottes se font face.
Aussitôt, les experts s’efforcent d’en dénombrer les bâtiments et d’en définir les atouts. Poutine alignerait 45 sous-marins d’attaque — la moitié environ fonctionnerait à l’énergie nucléaire — désignés pour couler tous les types de navires ennemis, recueillir des informations sur les objectifs à atteindre ou participer à des patrouilles le long des grands axes de navigation. De leur côté, les États-Unis entretiennent 57 sous-marins d’attaque, tous munis de moteur à énergie nucléaire, dont quatre sont spécialement conçus pour lancer des missiles de croisière ou pour débarquer, près d’une côte, des commandos de forces spéciales. Petit détail qui réduit, dans chaque camp, l’ampleur de cet outil plein de promesses : seulement la moitié des sous-marins russes et le tiers des sous-marins américains sont en mer, tant ces bijoux ultra-sophistiqués ont besoin d’entretien, de réparations et de perfectionnement.
Justement, le perfectionnement devient dans cette course de vitesse l’obsession des ingénieurs des deux pays. Les Russes travaillent sur un drone qui marauderait dans les profondeurs océaniques avec dans ses flancs une bombe nucléaire tactique capable de pulvériser des villes entières ou des installations portuaires. Les Américains ripostent en projetant un drone non armé de 40 mètres de long qui, avec une autonomie de trois mois et des antennes ultra-sensibles, serait chargé de débusquer les sous-marins « classiques ». Qu’on l’admette ou non, on retrouve bien là l’esprit de la guerre froide : un bras de fer sans limites dans la recherche de la terreur.
CHRISTIAN DAISUG