Le Révérend Père Denis Fahey fut au début du vingtième siècle l’auteur d’une dénonciation de la subversion sous pratiquement toutes ses formes (spirituelles, politiques, sociales, et en particulier économiques). Ce religieux irlandais avait effectivement, tout comme par exemple l’abbé Julio Meinvielle, de très bonnes et très saines notions en ce domaine. Aussi se livrait-il souvent au cours de ses remarquables exposés à des analyses du système financier capitaliste et/ou socialiste que l’on peut considérer comme des modèles du genre. Les graves erreurs philosophiques telles que le panthéisme, le naturalisme, le libéralisme, le protestantisme et surtout le rationalisme (absolu ou modéré) sont ici réfutées habilement. Les démonstrations proposées révèlent une intelligence rigoureuse rendant la lecture aussi stimulante qu’agréable. De très importants extraits d’encycliques sont abondamment cités, nous rappelant les enseignements fondamentaux des papes Léon XIII, Pie IX, saint Pie X et Pie XI. Car après tout à quoi bon se livrer à une critique du système bancaire international, du socialisme destructeur ou encore de la franc-maçonnerie si ce n’est pas pour mieux mettre en avant la perfection de la doctrine sociale de l’Église, ainsi que l’inégalable pureté de la morale chrétienne ?
Nous serions cependant tenté de lui reprocher une certaine erreur d’appréciation au sujet de la question juive qui nécessite selon nous quelques remarques. Rappelons qu’à l’époque où fut rédigé ce travail, la montée du sionisme, la menace judéo-bolchévique, ainsi que les campagnes antisémites agitées par certains régimes nationalistes et fascistes aux doctrines souvent fort discutables ne pouvaient empêcher les observateurs même les plus alertes et les plus sérieux de tomber dans ce piège dialectique qui consiste à se focaliser sur le rôle des juifs au sein de la subversion mondiale en imaginant que c’était une assemblée de rabbins qui dirigeait le monde. Nous signalerons tout simplement qu’un grand nombre de groupes financiers occultes, de puissantes sociétés secrètes ésotériques et autres groupements d’initiés influents sont constitués de juifs… et de non-juifs. Certains en étaient même parvenus à la conclusion que les Rockefeller, les Carnegie, les Astor ou des hommes comme Cecil Rhodes et Henry Ford, sous prétexte qu’ils n’étaient pas juifs (Ford, auteur d’un ouvrage très stéréotypé intitulé Le Juif International est resté d’ailleurs célèbre pour son antisémitisme), n’étaient pas aussi néfastes que les Rothschild ou les Warburg… Ce qui n’a aucun sens. Cette faute intellectuelle est évidemment voulue, voire encouragée par l’adversaire. Même si le Père Fahey n’est pas tombé dans un tel écueil, nous nous sommes toutefois permis d’insister quelque peu sur cette nuance qui semble mal comprise par beaucoup de chercheurs s’étant penchés sur la question.
Éditions Saint Rémi, 2023, 454 p., 29 €
I. C.
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