Préambule d’un plus long article sur La Cité catholique.
Lu pour vous dans le Sel de la Terre.
Aujourd’hui plus que jamais, qu’on le comprenne bien, la société a besoin de doctrines fortes et conséquentes avec elles-mêmes. Au milieu de la dissolution générale des idées, l’assertion seule, une assertion ferme, nourrie, sans alliage, pourra se faire accepter. Les transactions deviennent de plus en plus stériles et chacune emporte un lambeau de la Vérité. Comme aux premiers jours du Christianisme, il est nécessaire que les chrétiens frappent tous les regards par l’unité de leurs principes et de leurs jugements.
Ils n’ont rien à emprunter à ce chaos de négations et d’essais de tout genre qui attestent si haut l’impuissance de la société présente. Elle ne vit plus, cette société, que des rares débris de l’ancienne civilisation chrétienne, que les révolutions n’ont pas encore emportés, et que la miséricorde de Dieu a préservé jusqu’ici du naufrage… Il y a une grâce attachée à la confession pleine et entière de la Vérité. Cette confession, nous dit l’Apôtre, est le salut de ceux qui la font, et l’expérience démontre qu’elle est aussi le salut de ceux qui l’entendent.
Le premier numéro de la revue Verbe proposait cette citation de Dom Guéranger comme la charte de l’œuvre d’exception qui allait prendre le nom de « Cité catholique ». L’étude qui suit, si brève soit-elle, se présente comme un travail objectif d’histoire qui se veut ni polémique, ni agressif. Il s’agit d’un constat de l’excellence de l’œuvre, de ses succès, de son ascension, de ses hésitations et de sa décadence. Il est élaboré à partir des archives et des conférences de Maurice Muel, qui fut l’un des premiers collaborateurs de Jean Ousset, fondateur de la Cité catholique. La description chronologique du développement de la Cité catholique est, quant à elle, inspirée du livre de Raphaëlle de Neuville, Jean Ousset et la Cité catholique, véritable travail d’historien.
Notre propos est de rappeler ce qu’a été la Cité catholique dans sa période glorieuse, celle des quinze années au cours desquelles elle a combattu le bon combat pour la Royauté Sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ. « Glorieuse », non pas par l’importance qu’elle a prise, mais par l’excellence de son combat, la droiture de sa pensée, l’efficacité de ses méthodes. Nous ne détaillerons pas son évolution après 1963, mais cependant nous essaierons de comprendre comment et pourquoi les dirigeants de la Cité catholique ont progressivement abandonné le combat de départ pour adopter une ligne d’action qui n’avait plus grand-chose en commun avec celle d’origine.
Il est intéressant de rappeler que, parmi les résistants de la première heure aux côtés de Mgr Lefebvre, pour échapper à la vague conciliaire qui submergeait la société civile et commençait à détruire l’Église, se trouvaient des hommes et des femmes issus des rangs de la Cité catholique. Combien de familles qui fréquentent assidûment les foyers de la Tradition ont des ancêtres qui ont été des adeptes ou sympathisants de la Cité catholique !
Qui d’autre que la Cité catholique a fait ce travail de patiente, lente et profonde formation en tous domaines de la vie sociale ? Aucune organisation, aucun mouvement. Il y a bien eu des réalisations ponctuelles, partielles, mais rien de général et de systématique n’a été entrepris comme l’a fait la Cité catholique. Dans cette deuxième moitié du 20e siècle, on parlait peu des encycliques de Pie IX, Léon XIII, Pie X, Pie XI et Pie XII. La Cité catholique était pratiquement la seule à les faire connaître.
Louis-Marie Muel
Sel de la Terre n°101. Été 2017.
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