Aux États-Unis, les démocrates ne voient pas d’inconvénients, à utiliser deux fois le vote pour un même pantin. C’est ainsi que Trump coupe-court à toute tentative de remise en question de la légalité de son accession au bureau ovale.
Lu dans Présent :
Trump « Les fraudes m’ont privé du vote populaire »
De notre correspondant permanent aux États-Unis.
Donald Trump est le cinquième président dans l’histoire des Etats-Unis à entrer à la Maison Blanche en ayant moins de voix que la partie adverse. La candidate Hillary Clinton a en effet dépassé — selon les décomptes officiels — de deux millions et demi de suffrages exprimés les résultats obtenus par le candidat républicain.
Celui-ci, malgré sa très nette victoire (304 grands électeurs contre 227) se voit, depuis un mois qu’il est en fonction, contesté dans ses attributions précisément en raison de ces deux millions et demi de voix — reflet du suffrage universel direct — qu’il n’a pas eues.
Par des manifestations, des diatribes, des éditoriaux, on tente de délégitimer Trump sous le fallacieux prétexte que le système des grands électeurs attribués à chaque État a démontré son « injustice » et son caractère obsolète. Or, Trump a contre-attaqué en affirmant que les bulletins supplémentaires dont se félicite Hillary Clinton sont dus, en réalité, à des manœuvres frauduleuses.
Depuis un mois, Trump clame à chaque occasion qu’on l’a privé du vote populaire, le 8 novembre, et que des citoyens américains et des illégaux instrumentalisés constituent la seule explication possible au lot de consolation obtenu par l’ex-Fire Lady.
Devant des sénateurs, l’autre semaine, le président s’est lancé dans un rapide calcul :
« les manipulateurs démocrates ont fait voter dans l’ensemble du pays plus d’un million d’illégaux contre moi et, contre moi encore, plusieurs centaines de milliers d’inscrits ont voté deux fois, dans leur État puis dans l’Etat voisin. »
Vieilles ruses : faux papiers et double suffrage. On comprend les faux papiers ; le double suffrage, beaucoup moins. Tout part de l’État du New Hampshire, sur la côte est. Ce morceau de la Nouvelle-Angleterre est d’un effarant laxisme. Il permet à tout détenteur d’une carte d’identité avec photo (permis de conduire, ancien combattant ou volontaire fédéral) de s’inscrire le jour même de la consultation sur les listes électorales de n’importe lequel des bureaux de vote locaux.
On exige de ce citoyen en plein exercice de son droit démocratique une seule chose : une vague signature sous la vague promesse de devenir dans un proche avenir résident du New Hampshire. En haut lieu, on invite les autorités locales, qui veillent au bon fonctionnement d’un choix crucial pour le pays, à se contenter d’une procédure digne d’une république bananière.
C’est ainsi que le 8 novembre dernier, selon les accusations de Trump, des centaines de milliers de citoyens résidant officiellement dans le Massachusetts ont d’abord voté chez eux avant de prendre le volant (ou un car ou un train) pour arriver deux heures plus tard dans le New Hampshire où ils ont une deuxième fois donné leur voix à Hillary Clinton.
Au cours d’une émission de la chaîne ABC, Stephen Miller, un des conseillers de la Maison Blanche, a qualifié de « très sérieux » ce problème de fraudes : « C’est une gangrène dans ce pays », a-t-il précisé. « 14 % de non-citoyens sont enregistrés comme électeurs, et les règlements adoptés par le New Hampshire permettent tous les abus. »
Les témoignages abondent sur ces fraudes : des photos montrant des parkings entiers du New Hampshire occupés le 8 novembre par des voitures immatriculées dans le Massachusetts. Sans compter les cars et les trains ayant assuré le transfert momentané de toute une population démocrate. Chargé de diriger une commission d’enquête, c’est le vice-président Mike Pence qui s’occupe désormais de ce scandale.
CHRISTIAN DAISUG
Présent, n°8805, 22 février 2017